Une belle aventure

« Un film, c’est comme une bataille : amour, haine, action, violence, mort. En un mot : émotion. » (Pierrot le fou, 1965) Et pour le faire voir, il faut le décrire en une image. Raconter cette histoire en un seul dessin, une seule photo et l’afficher dans tout Paris, dans toute la France. Celles qui y parviennent le mieux restent des semaines sur les colonnes Morris. Immobiles, elles cherchent à attirer le regard des passants, leur dire « regarde comme je suis belle, regarde comme je suis intrigante, secrète. » Lorsque leur travail est terminé, les plus folles finissent aux enchères, remportées par des collectionneurs privés. Souvent, elles trouvent refuge dans le 7ème arrondissement, chez Ciné-Images. Dans cette petite boutique au charme désuet de la rue de Babylone, des milliers d’affiches originales s’entassent. Le propriétaire, que rien ne semble perturber, pourrait se retrouver enseveli d’un moment à l’autre par ces amas de papier. Aujourd’hui c’est un terrain de jeu pour nous.

Mon tropisme pour l’Amérique ne vous aura pas échapper au cours de ces années passée à écrire sur le blog. De l’Ivy, de l’Americana et beaucoup de silhouettes inspirées du cinéma et de la télévision américaine forment ma garde-robe. Pour ce look j’en appelle à l’esprit universitaire des “states”. Voyez-le comme une affiche, un extrait de ce à quoi pourrait ressembler la dégaine estudiantine que l’on voit dans les films des années 1980 avec des pièces d’aujourd’hui.

On commence avec ce qui me paraît être la pièce maitresse de ce look : la varsity jacket. Symbole d’appartenance, elle était offerte aux étudiants les mieux notés pour montrer leur qualification dans le domaine scolaire. C’est après qu’elle devient un symbole du sportswear car elle permet de se revendiquer d’une université lors des rencontres sportives. Celle-ci vient de chez Daytona 73. Elle est un peu plus luxueuse que celles que l’on retrouvait sur les campus américains, en témoigne le velours utilisé sur le buste et dans le dos. Le cuir est de très bonne facture, et les patchs donnent l’impression que j’ai déjà roulé ma bosse dans de nombreuses compétitions.

On peut également remarqué le col rond, classique du teddy, bien qu’il en existe avec col chemise, mais bien plus rares. Les manches sont contrastantes en couleur et en matière. Un cuir blanc qui rappelle celui des chaussures. Mais ça, je vous en parle plus loin !

Pour le buste, nous avons opté pour un ensemble chemise et pull sans manches. La première vient de chez Faguo, elle est en coton bio avec un col « button down » pour rappeler le style Ivy des universités américaines. Le pull fait également un clin d’œil à ce style que j’ai détaillé précédemment dans un article. Les bords-côtes font écho aux pulls varsity, qui étaient les premiers éléments siglés par les universités. Celui-ci nous vient de chez Gant, une marque toujours très inspirée par le preppy, cousin du Ivy.

J’avais le choix entre un jean et un chino pour compléter cette tenue. Je me suis porté sur le premier pour moderniser ce look. Aujourd’hui, la plupart des hommes ont fait du jean leur pantalon fétiche et il est désormais plus associé au « casual » qu’au « workwear ». Mais pas question de choisir une toile de mauvaise qualité pour autant. Nous nous sommes dirigés vers Iron & Resin pour ce look. La firme sent bon l’Amérique, les motos, les grands espaces. Et pour le coup, eux, ils sont à fond dans le workwear, mais ça n’empêche pas ce denim de 12oz fabriqué aux Etats-Unis d’intégrer mon look de garçon populaire dans sa fac d’état.

Les chaussures, on y vient ! Dans une autre vie, elles auraient sans aucun doute été ornées d’un swoosh volumineux et clinquant tout le long de la tige. L’époque que nous vivons nous offre plus que ça. Une multitude de marques proposent désormais de belles sneakers confortables à porter tous les jours. C’est le cas de Clae, une marque née en 2001 à Los Angeles qui a à cœur de développer des modèles avec le plus de matériaux recyclés possible. Ici je porte la “Malone”, le cuir vient d’Italie et la fabrication est vietnamienne.

Pour les accessoires, nous avons choisi une casquette Le Chapoté. Une marque française spécialisée dans… la chapotterie. Enfin les couvre-chefs, vous avez compris. Le velours côtelé lui donne un petit côté rétro tout en gardant ma tête au chaud pour ces dernières semaines d’hiver. On termine le look avec un petit clin d’œil aux années 1980 en arborant une montre Casio digitale. J’en ai toujours une dans ma garde-robe. Parce que ce n’est pas cher, c’est robuste, et c’est une icône !

C’est avec un petit pincement au cœur que j’écris ces dernières lignes. Après presque trois saisons passées à bord du camion, celui-ci va faire un stop pour me déposer. D’autres chemins m’attendent et j’espère que vous recroiserez ma plume ici ou là pour discuter encore et toujours des plus beaux chiffons de l’hexagone et d’ailleurs. Si mon passage au camion était une affiche de cinéma, je sais que la presse aurait inscrit juste en dessous du titre « une belle aventure ».

Varsity Jacket Daytona 73
Chemise Faguo
Pull Gant
Jeans Iron & Resin
Sneakers CLAE
Casquette Le Chapoté
Montre Casio

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