Quelles marques pour une mode éco-responsable ?
On le sait, l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde : entre 7 000 et 10 000 litres d’eau pour produire un seul jean, plus de 2000 litres pour un t-shirt, des hectares de terre ravagés par la culture intensive du coton, etc. Difficile de nier ces faits, surtout lorsqu’on s’intéresse un tantinet au monde de l’habit. Depuis plusieurs mois maintenant, nous avons lancé une série d’articles s’intéressant à la mode et l’environnement. Loin de nous l’idée de jouer les réprobateurs, le but est de proposer différentes clés afin de consommer autrement le vêtement. Aujourd’hui, on liste les principales marques éco-responsables. Si généralement, cela fait écho pour certains d’entre nous à sarouel et senteur patchouli, ces dernières prouvent qu’il est possible d’associer mode et respect de l’environnement. Voici celles qui nous ont le plus marqué :
Pourquoi la mode est devenue une des industries les plus polluantes ?
Préambule
Il y a deux ans, Romano nous établissait une liste de marques spécialisées dans la réalisation de basiques de qualité et répartie en fonction de leur pièces de prédilection : manteau, t-shirt, chemise, etc. En plus, elles étaient classées par rapport à leur gamme de prix, ce qui facilitait grandement le choix de telle ou telle griffe. Aujourd’hui, on reprend quelque peu ce principe de classement en mettant de côté le prix afin de se concentrer sur un aspect invariable pour chacune d’entre elles : produire de façon responsable.
1. Maille
À n’en point douter, la laine fait partie des meilleurs isolants. En effet, l’expression « sortir sa petite laine » est plus que vérifiée lorsque les températures se rafraîchissent. Le problème de cette fibre naturelle, c’est, justement, sa nature même. En effet, inutile de préciser que la laine est d’origine animale, provenant la plupart du temps d’ovins. Et depuis à peu près la nuit des temps (on daterait sa première utilisation humaine à l’âge de bronze), l’Homme s’en sert pour se couvrir et se protéger du froid. Si cela n’était clairement pas un problème à l’époque, cela l’est désormais aujourd’hui.
En effet, et malgré le fait qu’elle ne représente que 1,7% des fibres utilisées dans le textile, l’élevage de moutons destinés à la récolte de la laine est une véritable hécatombe pour l’environnement et ce sur de nombreux points. Outre leur mauvais traitement dans certains pays, le nombre croissants d’ovins favorisent la dégradation des sols, la pollution de l’atmosphère et des eaux, ou encore la perte de biodiversité ainsi que, plus globalement, le réchauffement planétaire. Aussi, les animaux d’élevage représentent 20% de la biomasse animale terrestre totale et les espaces qu’ils occupent aujourd’hui étaient autrefois naturellement destinés à l’habitat de la faune sauvage. Mais pire encore, c’est l’utilisation d’insecticides, destinés à protéger les troupeaux de parasites pouvant altérer leur laine, qui peut nuire directement à l’animal mais aussi à l’environnement. Une fois récoltée, la laine subit un nouveau traitement afin de pouvoir être lavée en machine. Il en existe trois principaux : le Superwash, à base de chlore ou d’acide, le bain de polymère ainsi que le procédé de Kroy-Hercosett, qui consiste à combiner le pré-chlorage à l’application de la résine de polymère.
Malgré tout, et bien qu’il existe des substituts synthétiques, il sera toujours préférable de privilégier des fibres naturelles à celles issues de la pétrochimie. Mieux vaut alors privilégier des laines dites biologiques. Ce terme sous-entend que la production de la laine, de l’élevage des moutons à leur traitement contre les parasites, se fait sans utilisation de pesticides ni de produits chimiques. De plus en plus de marques se tournent vers ce type de fibres, c’est le cas de José mais également de Misericordia, qui travaille en plus avec des associations péruviennes afin de réaliser des pièces en alpaga. Mieux encore, Hopaal, via son « Pull du futur », propose une pièce réalisée à partir de laine recyclée (38%) mais également de polyamide recyclé (28%), de coton recyclé (22%), d’acrylique recyclée (7%) et d’autres fibres recyclées (5%).
Les marques à connaître :
Bask in the sun | Champ de manoeuvres | Everlane | Hopaal | José | Misericordia | Patagonia
2. T-shirt
C’est sans aucun doute la pièce qui pose le plus de problèmes environnementaux. Véritable emblème du vestiaire masculin, il est presque impensable de réfléchir à un dressing digne de ce nom sans y intégrer au moins un modèle. Le problème, c’est la matière utilisée à la production d’un tee (et je ne parle pas de l’accessoire de golf). En effet, et tout le monde le sait, un t-shirt est généralement réalisé à partir de coton, une fibre naturelle donc. Pour produire un kilo de coton, il faut consommer 5400 litres d’eau. À elle seule, la culture du coton représente un quart de la consommation de pesticides mondiales et 10% des engrais.
Pour limiter cette surconsommation, certaines marques ont fait le choix de réaliser des t-shirts à partir de coton biologique. Mais, concrètement, quelles sont les différences avec la fibre traditionnellement utilisée ? Premièrement, ce coton bio est, par nature, sans OGM. Aussi, il est cultivé à l’aide de compost naturel, ce qui permet de remplacer les engrais et les divers pesticides chimiques. Cette méthode de culture permet également de réduire considérablement le besoin en eau de la plante. En France, GoudronBlanc est l’une de ces marques à être passées à ce type de tissu. Coton certifié GOTS, respect des travailleurs, la griffe met un point d’honneur à produire de façon responsable. Autre alternative, le Tencel, utilisé notamment par Seagale. Très souple et plus respirant que le coton, il est obtenu à partir de pulpe de bois et consomme nettement moins d’eau.
Les marques à connaître :
BDRD | Castart | GoudronBlanc | Monsieur Poulet | Seagale
3. Chemise
Comme pour le t-shirt, la chemise est principalement conçue à partir de coton. De fait, on tombe sur les mêmes problématiques environnementales : consommation d’eau, pesticides pour traiter les champs de coton, etc. Si la plupart des modèles du vestiaire masculin voient leur tissage réalisé à partir de cette fibre duveteuse, il existe pourtant des alternatives tout aussi efficaces et plus respectueuses pour l’environnement.
Et la première est bien entendu le lin. Quatre fois moins gourmande en eau que le coton, cette fibre naturelle est davantage légère et robuste. Si les modèles en 100% lin existent, il n’est cependant pas rare de voir cette matière couplée à du coton bio, ce qui donne un tissu doux, souple et aéré. On retrouve d’ailleurs ce mélange dans plusieurs modèles de chez KnowledgeCotton Apparel, qui utilise du coton biologique depuis sa création. Autre fibre de substitution, que l’on a déjà cité juste avant, le Tencel, lui aussi mélangé avec le coton. Mais ce n’est pas tout ! On en avait parlé au travers d’une news, Le Chemiseur propose désormais dans son catalogue de tissu une création de Verne et Clet, le NEWLIFE, qui comporte 30% de coton recyclé, 30% de fibres synthétiques recyclées et 40% de fibres synthétiques issues de bouteilles recyclées.
Les marques à connaître :
Histon Project | KnowledgeCotton Apparel | Le Chemiseur | Maison Standards
4. Jeans
Autre pièce nécessitant la culture de coton, le jean. Si sa production consomme encore plus d’eau que celle du t-shirt (en moyenne 10 000 litres), il faut malheureusement ajouter à cela le passage quasi obligatoire du denim dans des cuves de teinture. Une fois cette opération faite, les eaux usées, chargées entre autre de métaux lourds, se retrouvent directement dans la nature. Le meilleur exemple reste celui de la ville de Xitang, en Chine, surnommée la « capitale du jean ». Dans les rues, l’eau est d’un bleu qui n’a rien de naturel !
Malheureusement, la production d’un jean ne s’arrête pas là. Bien souvent, des opérations de sablage mais également de blanchiment au chlore sont réalisées afin, par exemple, de trouer la toile ou bien de lui donner un côté bleached (qui aurait très bien pu être réalisé naturellement !). S’ajoute à cela des milliers de kilomètres de transport entre l’usine et les différents points de vente et vous obtenez la pièce la plus polluante de notre dressing. Mais fort heureusement, des solutions sont possibles afin de minimiser l’impact de cette production. Là encore, certaines marques privilégient l’utilisation de coton biologique. C’est le cas de Nudie Jeans, mais également de 1083, une griffe française implantée dans la Drôme. De la conception au délavage, l’intégralité du processus de production est made in France. Qui plus est, elle réalise un délavage laser ne nécessitant pas de sablage !
Les marques à connaître :
1083 | Atelier Tuffery | Gustin | Mud Jeans | Nudie Jeans
5. Baskets et chaussures formelles
C’est sans doute l’un des plus mauvais élèves de notre dressing en matière d’éco-responsabilité. Bien souvent réalisées à partir de matériaux faisant partie des plus agressifs envers l’environnement (coton, cuir, caoutchouc, plastiques et synthétiques), elles sont également montées avec des composant chimiques, comme de la colle à base de solvants par exemple. Pire encore, les modèles de couleurs, dont les teintures utilisées sont aussi nocives que celles utilisées pour la fabrication des jeans. Si cela est surtout vrai pour nos baskets, la production de chaussures en cuir pose également problème : tannage des peaux au chrome, élevage intensif de bovins à fort risque de déforestation, etc. Pour exemple, au Brésil, ce type d’élevage est responsable d’environ 80% de la déforestation de l’Amazonie.
Certaines marques ont donc pris les choses en mains et oeuvrent pour limiter cet impact. Chose étonnante, la première à avoir mis en place un système de récupération des chaussures usées et de réutilisation des différents matériaux n’est autre que Nike, avec son programme « reuse a shoe » lancé dans les années 90. On notera également les modèles en plastique recyclé proposés par Adidas suite à son partenariat avec l’organisme Parley. Le géant allemand prévoit d’ailleurs de n’utiliser que du plastique recyclé à partir de 2024. Côté français, on peut noter l’action que mène Panafrica depuis son lancement.
En plus d’utiliser du tissu wax burkinabé (ce qui favorise l’économie locale), la marque fait fabriquer ses modèles au Maroc, en mettant un point d’honneur au respect des ouvriers. Autre chausseur à produire de façon responsable, Jules & Jenn. La marque se base sur un système de « slow fashion », qui consiste à proposer des modèles de style intemporel et des produits durables par leur qualité. Utilisant du cuir tanné de façon végétale mais également du cuir de poisson.
Les marques à connaître :
Jules & Jenn | Panafrica | Subtle shoes | VEJA | Zespà
6. Sous-vêtements
Une paire de chaussures en cuir végétal ? Check. Un t-shirt en coton bio ? C’est bon. Un jean en fibres recyclés ? Yep. On peut le dire, notre tenue fait du bien à la planète. Enfin presque ! En effet, nos sous-vêtements sont encore trop souvent réalisés soit en matières synthétiques, soit en coton, et parfois même les deux. Fort heureusement, des marques se sont penchées sur la question. On pourrait de nouveau citer KnowledgeCotton Apparel ou bien Nudie Jeans, mais d’autres se sont spécialisées dans la production de boxers et chaussettes eco friendly. La plus connue est sans aucun doute Organic Basics, qui a fait du Tencel sa matière première pour la plupart de ses pièces. Pétrone, fraîchement arrivée sur le marché, privilégie de son côté des matières de qualité afin que la durée de vie de ses sous-vêtements soit la plus longue possible, ne nous obligeant pas ainsi à en changer tous les deux mois.
Les marques à connaître :
Le Slip français | Organic Basics | People tree | Pétrone | Thinking MU
Le mot de la fin
Vous l’aurez compris, de plus en plus d’acteurs du marché de l’habillement souhaitent changer les choses en proposant des produits à la fois mode et éco-responsables. Bien entendu, cet article ne recense pas l’intégralité de ces dernières ! De plus en plus, on voit fleurir sur la toile des boutiques en ligne spécialisées dans leur distribution. On ne serait donc que trop vous recommander des e-shops tels que Klow, Wedressfair ou la Fine Fleur. Par leur démarche, ces derniers nous prouvent qu’il est possible de consommer autrement le vêtement.
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