Semelle cuir vs semelle gomme
Il nous arrive régulièrement de tester des souliers en cuir sur ce blog. Pour évaluer leur qualité, plusieurs critères entrent généralement en compte comme la nature et la qualité du cuir, le montage, la doublure ou la semelle. Ce dernier aspect doit faire l’objet d’une attention particulière, étant donné qu’il a une influence importante sur le style de la paire, mais également sur l’utilisation qu’on peut en faire. Alors, mieux vaut-il choisir une semelle en gomme ou une semelle en cuir ? Vous vous en doutez, la réponse n’est pas si tranchée, mais on souhaite vous donner dans cet article quelques clefs pour sélectionner le matériau adapté !
Sommaire
1. La semelle gomme
2. La semelle en cuir
3. Notre bilan
1. La semelle gomme
A. Un peu d’histoire
On estime l’arrivée des semelles en caoutchouc à la toute fin du XIXème siècle. La firme anglaise Dainite aurait ainsi fait partie des toutes premières à en réaliser, à partir de 1894. L’entreprise, qui existe encore, devient rapidement la référence dans le domaine, et équipe alors certaines des plus grandes marques de souliers comme Barker, Cheaney, Church’s ou Crockett & Jones. Les semelles réalisées par la marque sont notamment reconnues pour leur rigidité. Une autre entreprise, dans un registre différent, à avoir apporté sa pierre à l’édifice est le fabricant italien Vibram. La firme au célèbre logo jaune fabriquait à l’origine des joints et des tubes destinés à l’irrigation. Mais rapidement, elle se spécialise dans les semelles dans les années 30, et équipe alors des chaussures de randonnée et d’escalade. Ce type de semelles reste très courant dans le secteur du outdoor, révolutionnant par exemple le monde de l’alpinisme, mais également de plus en plus dans un usage quotidien sur des chaussures de ville.
B. Les différentes variétés de gomme
Quand on parle d’une semelle en gomme, il s’agit généralement d’une semelle en caoutchouc, que celui-ci soit naturel ou synthétique. Il en existe plusieurs sortes. Parmi les plus connues, on retrouve la semelle en crêpe, qui équipe notamment les désert boots. D’autres matériaux comme le micro-cellulaire (qui habille les Derby Buck typiques du style Ivy League), le polyuréthane (qui adopte une plus grande souplesse et que l’on retrouve sur beaucoup de sneakers), l’éthylène-acétate de vinyle (souple également mais aussi légère, et qui habille un grand nombre de chaussures à usage sportif) ou le PVC (reconnu pour sa résistance).
C. Les avantages d’une semelle gomme
La semelle en gomme a pour premier avantage la robustesse. En effet, une bonne semelle en caoutchouc est presque increvable et certains modèles dureront toute une vie. Selon les modèles, on peut également apprécier une plus grande souplesse que pour les semelles en cuir, mais également davantage de légèreté (c’est la raison pour laquelle les semelles en gomme habillent les sneakers, sont le confort est primordial). Autre caractéristique des semelles en gomme : elles sont parfaitement adaptées pour résister au froid et à la pluie, et empêcheront ainsi les chaussures de prendre l’eau. Dernier intérêt, et pas des moindres, les semelles en gomme sont souvent équipées de mini crampons, ou de relief, ce qui leur confère une bien meilleure adhérence. Selon Fabrice Rungi, de chez Crockett & Jones, les semelles en gomme sont une option intéressante à bien des égards :
« L’aspect tout-terrain, la plus grande polyvalence d’usage, l’adaptation à la plupart des contraintes climatiques, plus solide et se resemelle tout aussi bien s’il s’agit de cousu Goodyear. »
2. La semelle en cuir
A. Un peu d’histoire
Traditionnellement, les semelles des souliers sont réalisées en cuir. Ici, impossible de définir précisément son origine, tant celle-ci est ancienne. En effet, la plus vieille chaussure jamais découverte (datant d’il y a 5500 ans) était d’ores et déjà réalisée en cuir, et les premières semelles à avoir vu le jour étaient également fabriquées dans ce matériau. Aujourd’hui, ce sont généralement des peaux de bovins qui sont utilisées (cuir de veau ou de vachette), car assez robustes pour pouvoir supporter l’usure à laquelle une semelle est confrontée. La semelle d’usure (semelle extérieure), ainsi que le bonbout (pièce située au niveau du talon de la chaussure), sont découpés dans le croupon, qui représente le dos de l’animal, et donc la partie la plus rigide. La qualité de ce cuir dépend de son origine mais aussi de son tannage. Les meilleurs cuirs bénéficient d’un tannage végétal à base d’écorces de chêne ou encore d’extraits de châtaignier et d’un tannage lent sur plusieurs mois.
B. Les avantages d’une semelle en cuir
La semelle en cuir, si elle n’est pas la plus confortable lors des premiers ports, a tout de même l’avantage de prendre la forme du pied au fil du temps, ce qui facilitera le confort à long terme. Cette dextérité de la matière favorise également une marche plus naturelle. Par ailleurs, on reconnaît à la semelle en cuir une capacité à mieux évacuer l’humidité, notamment la transpiration. Un avantage non négligeable pour des chaussures que l’on porte fréquemment. Par ailleurs, dans un contexte formel, la semelle en cuir est souvent primordiale, étant donné qu’elle apporte à la chaussure une élégance que ne peut lui conférer la semelle en gomme, comme l’explique Fabrice Rungi :
« Le charme de la semelle cuir reste incomparable au niveau esthétique comme au niveau des sensations puisqu’on est en contact direct avec le sol. La semelle cuir est ce qui nous rapproche le plus de la marche pieds nus »
3. Notre bilan
Chaque type de semelles a ses avantages, que ce soit en terme d’esthétisme, de confort, de protection contre l’eau ou le froid. D’un point vue visuel, la semelle en cuir restera la plus élégante. Elle favorisera une meilleure évacuation de la transpiration et une marche plus naturelle. Elle permet également de revenir à une esthétique plus intemporelle, comme le précise Alexis Lafond, de chez Caulaincourt :
« La semelle cuir conservera indéfiniment l’avantage d’être belle, et d’être un marqueur du temps qui passe. Elle confère au soulier sa noblesse indéfectible malgré les assauts du temps et des éléments »
Une semelle en gomme apportera un confort immédiat et une meilleure protection contre les éléments extérieurs. Par ailleurs, il est tout à fait possible de sélectionner un soulier à semelle gomme pour des raisons esthétiques. En effet, la semelle en caoutchouc peut apporter à la paire une touche « commando », pour un look un peu plus baroudeur. De même, la semelle en crêpe fait partie intégrante du design unique des desert boots. En somme, il n’y a pas de bon ou de mauvais choix mais plusieurs types de chaussures à posséder selon les occasions. Comme le dit si bien Alexis Lafond :
« L’aspect technique doit être pensé en termes d’usage final du soulier, et pas en terme de “religion”. »
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