Est-ce qu’on valide les bottines MBF 203 de Manufacture Bontemps ?

De temps en temps, il y a des projets dans l’industrie du menswear que l’on prend plaisir à retrouver. Manufacture Bontemps est l’un d’entre eux. Un projet de passionnés, personnellement découvert l’année dernière lors d’une campagne de lancement en crowdfunding. Avec son troisième modèle, la jeune marque nantaise perpétue son ambition en proposant une paire de boots au style intemporel, mais dont certains détails sont assez forts pour se démarquer.

Marque

Manufacture Bontemps est une jeune marque implantée à Nantes, à proximité du bassin historique de la chaussure française : Cholet. Un choix qui a du sens lorsque l’on découvre les ambitions de la marque : proposer des chaussures durables de qualité, en recentrant son projet autour de l’artisanat et la fabrication française. Elle s’entoure donc principalement de partenaires implantés localement et sur le reste de la France pour les autres. C’est une marque de passionnés, où l’on sent qu’il y a, derrière ce projet, une expertise technique, mais aussi une ambition forte dans celle de perpétuer le savoir faire bottier. Elle propose notamment un modèle de production alliant la qualité du travail artisanal à l’industrialisation de la fabrication. L’artisan dispose d’aide mécanique et surtout, d’un savoir-faire historique en réutilisant des machines dédiées à la chaussure datant des années 50 à 70. La production est donc réalisée artisanalement, mais en série, via un processus de précommande. Un juste équilibre pour proposer une qualité durable et à prix abordable. Après avoir lancé sa collection via une paire de derby à bout droit, puis déclinée en empeigne unie, la Manufacture Bontemps nous propose son troisième modèle : MBF 203 – la bottine imparable.

Manufacture Bontemps, la chaussure artisanale et made in France au sommet

Fiche technique

Design

La MBF203 est une bottine à bout droit perforé. S’il y a une inspiration ranger boots dans le style (avec sa tirette au talon et la semelle commando) la ligne est plutôt épurée et offre un mix intéressant entre élégance et solidité. Avec ses 4 paires d’oeillets et 3 paires de crochets, la hauteur de la tige de 15 cm est bien proportionnée. Il y a un travail intéressant entre le contrefort rigide qui apporte du maintien au niveau du talon et les quartiers qui sont non doublés et assez souples. Entre les garants, on retrouve un soufflet, un empiècement signature de la marque, à la place de la traditionnelle languette. C’est un détail que l’on retrouve dans les chaussures de montagne et qui assure que l’eau ne pénètre pas au niveau du laçage.

La semelle commando couplée aux doubles coutures apparentes sur le pourtour vient donner un aspect plus robuste à ces bottines. Une paire qui se prête bien au côté baroudeur urbain et qui sera facile à associer dans vos tenues au quotidien. Le cuir gras apporte un brillant naturel. Il ne nécessite pas d’entretien au cirage aussi régulier que pour des chaussures de ville et les aspérités qu’il pourra développer contribueront à sa patine sans toutefois paraître négligé.

Conception

Les chaussures de la Manufacture Bontemps sont des modèles entièrement français. Le cuir provenant d’une tannerie alsacienne est un cuir de veau pleine fleur et huilé. Il est facile d’entretien, robuste et réputé pour bien résister dans le temps et face aux intempéries. Décliné ici dans un coloris marron, il est également disponible en noir (en précommande sur le site de la marque). Si les coutures de la semelle peuvent rappeler le cousu norvégien, il s’agit en fait d’un procédé moins répandu : le double cousu sandalette, plus souple et plus léger, il est tout aussi réparable puisque c’est un montage qui permet le ressemelage.

Les lacets en coton bio, sont tissés à quelques kilomètres de l’atelier nantais. Et pour compléter ces bottines, la manufacture a fait le choix de semelles Alpex 2000, produites dans l’Allier. Il s’agit de semelles crantées, moulées dans un caoutchouc naturel. Elles sont robustes, tout en restant souples et ce dès le premier essayage. Côté durabilité, elles ont fait leur preuve auprès de l’armée française et on les retrouve régulièrement sur les chaussures de randonnée.

Essayage

Le premier essayage est assez surprenant pour une paire de boots. De manière générale, lorsque l’on enfile des bottines neuves, on peut parfois avoir l’impression que le cuir doit se faire un peu à son pied avant de devenir confortable. Ce qui est surprenant ici, c’est le niveau de confort que l’on ressent dès le premier port. Les quartiers non doublés, contribuent à donner cette souplesse en haut de la cheville. Le soufflet entre les garants peut sembler généreux de prime abord, mais lorsque vous le placez idéalement sur votre coup de pied (il faut prendre le coup de main pour plier le cuir de part et d’autre) et que vous lacez jusqu’en haut, on se sent bien maintenu et on remarque que cet empiècement est un cuir assez fin et souple.

En parlant de souplesse, la construction en cousu sandalette apporte sa contribution au confort également. Puisqu’il n’y a pas le garnissage d’un montage Goodyear auquel on peut être plus régulièrement habitué, on ressent beaucoup plus le confort de la semelle intérieure cuir ainsi que le rendu plus souple de l’extérieur en caoutchouc. Elle demeure néanmoins assez épaisse et l’impression générale, entre robustesse et souplesse est un pari réussi pour cette paire de bottines.

L’avis de notre styliste

Une paire de boots robustes mais élégantes au cousu relativement rare. Les proportions sont top et sa dégaine permet de l’associer avec un maximum de tenues, des plus formelles aux plus décontractées, même si personnellement je préfère les voir mariées à un bon denim épais.

Ce qui contribue aussi à ce confort du chaussant, c’est un aspect plus subjectif qui est la forme de la chaussure. Je ne parle pas uniquement de la forme visuelle de la chaussure mais bel et bien de la forme au niveau technique de la chaussure. S’il est à priori plus indulgent de faire une bottine confortable grâce à un bout rond, il est plus compliqué de lui donner un aspect plus élancé, sans toucher au confort. À l’essayage, on ressent que la cambrure a été travaillée pour affiner le milieu de la chaussure et maintenir la voute plantaire. C’est plus serré, mais la chaussure devient plus agréable car elle épouse mieux le pied. Les contreforts à l’arrière sont bien proportionnés et apportent du maintien sans trop remonter sur la cheville. Il y a sans doute un ensemble de petits détails tels que ceux-ci qui proviennent de l’expertise apportée par un bottier sur mesure dans la création du parc de formes des modèles de la Manufacture Bontemps.

Boots Manufacture Bontemps | Manteau Le Glazik | Chemise Billy Belt | Jeans Levi’s | Banane Kulte

Photos : Emeline Hamon