Notre compte rendu de la soirée “LIP C’est Possible !”

18 juin 1973 : les salariés LIP, menés par le syndicaliste Charles Piaget (lui-même employé de la maison horlogère bisontine) et le secrétaire du CE Raymond Burgy, décident d’occuper leur usine alors que l’entreprise vient de déposer le bilan et qu’elle est menacée de fermeture. Piaget déclare alors “C’est possible ! on fabrique, on vend, on se paie” : les ouvriers fabriquent des montres et utilisent les stocks afin d’organiser des ventes “sous le manteau”, démontrant qu’il est possible pour eux de s’autogérer. L’affaire LIP aboutit à une victoire des salariés après une grève inédite et d’une ampleur internationale. Si la suite n’était pas des plus glorieuses, notamment à cause de plusieurs rachats successifs et une baisse de qualité phénoménale qui a failli causer la mort de LIP, la marque est finalement sauvée par la SMB, une entreprise familiale et bisontine, à la moitié des années 2010. Afin de fêter comme il se doit le 50e anniversaire de l’affaire LIP, le fabricant actuel, qui a ramené la marque dans son fief du Doubs il y a 10 ans et s’appelle désormais SMB-LIP, a décidé de sortir une montre hommage et d’organiser une soirée à laquelle une partie de l’équipe du Camion a eu la chance d’être invitée.

La soirée

Rendez-vous au Studio 28, 10 rue Tholozé, dans le 18e arrondissement de Paris. Dans ce cinéma rétro, on découvre un documentaire consacré à l’affaire LIP, où l’on retrouve Pierre-Alain Berard, l’actuel DG de LIP et les fameux Charles Piaget et Raymond Burgy s’entretenir autour d’une table. Une interview de près d’une heure entrecoupée d’images d’archives qui fleurent bon les bleus de travail (et les années 70 si l’on en croit les coupes de cheveux). L’occasion de (re)découvrir, avec un peu d’émotion lorsqu’on est amoureux de l’univers ouvrier et de l’horlogerie comme moi, une histoire qui a changé pour toujours les relations entre les syndicats et les dirigeants, bien au-delà de la simple fabrication de montres. Mais aussi de comprendre à quel point LIP fait partie intégrante du patrimoine industriel français (même si on le savait déjà). Pour le moment, il n’y a pas de distributeur pour le film, mais il devrait être accessible au public dans quelque temps…

Après la projection, tout ce petit monde (journalistes, revendeurs LIP) a eu le droit de jeter un œil aux nouveautés de la marque que vous avez pu apercevoir si vous suivez le patron sur Instagram, notamment les nouvelles “Nautic” qui devraient plaire aux amateurs de plongeuses néo-rétro. Mais aussi du rétro tout court, avec la collection personnelle du patron du LIP Club, Yves Veret, une mine d’or pour les passionnés d’horlo. De la “Minilip” éducative à la “R27 Cosmic” électronique en passant par la dernière “T18” fabriquée à Valence lors de la délocalisation de l’usine en zone libre pendant la Seconde Guerre mondiale, on en a pris plein les yeux !

La montre LIP “C’est Possible !”

Mais cette soirée, c’était aussi une bonne opportunité pour découvrir la fameuse montre anniversaire baptisée LIP “C’est Possible !”. Une ronde dotée d’un boîtier en acier de 38 mm, animée par un mouvement quartz, montée sur un bracelet en cuir marron. Son cadran argenté propose un guichet date et reprend le nom de la marque, mais stylisé façon esquisse où le “L” reprend la forme caractéristique d’une usine. En rouge – la couleur de la lutte ! – on retrouve la phrase de Charles Piaget, “C’est possible ! on fabrique, on vend, on se paie”.  Une belle face protégée par un verre saphir, pas si courant sous la barre des 200€ (199€ si l’on veut être très précis). Une montre en édition limitée à 1973 exemplaires qui s’annonce donc increvable… comme son fabricant finalement ! Prochaine étape de la renaissance de LIP ? Il se murmure qu’on pourrait assister au retour de la fabrication du calibre T18 à Besançon. On a hâte de voir comment la maison bisontine va continuer à nous surprendre !

Découvrir la montre LIP C’est Possible !

Photos : Joe

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