Que vaut la montre LIP BIG TV squelette en titane ? Notre avis

Connaissez-vous Roger Tallon ? Oui ? Heureusement. C’est ni plus ni moins que le pionnier de l’enseignement universitaire du design et l’homme derrière le crayon au moment de la conception des TGV, Minitel, bidons Elf, chariots Fenwick et réfrigérateurs Frigidaire. C’est ce que l’on appelle, dans le milieu du design industriel, une légende. En plus, il en avait dans le ventre ! En 1973, les ouvriers LIP se lancent dans une grève et une occupation d’usine sans précédent dans le monde ouvrier (la fameuse “Affaire LIP“). L’année suivante, une fois la tension redescendue, l’heure est à la relance et l’entreprise bisontine fait appel à des designers de renom pour dessiner de nouveaux modèles détonnants. Ils sont 7 à répondre à l’appel, dont Roger Tallon donc, qui va imaginer la mythique “Mach 2000”, mais aussi les “TV” et “BIG TV” en s’inspirant de l’emblématique téléviseur Portavia 111 qu’il avait lui-même dessiné. Près de 50 ans plus tard, la “BIG TV” fait peau neuve et s’intègre désormais dans un boîtier en titane, monté sur un bracelet du même métal haut de gamme, dont nous avons pu tester la version squelette.

Montre LIP

On passe la montre LIP Himalaya Bi-compax sur le grill

L’esthétique de la montre

On commence par le boîtier. Il est relativement simple, un carré classique de 35 x 35 mm qui paraît un peu plus gros grâce à sa corne (qui ressemble en réalité à un premier maillon de son bracelet) et son épaisseur de 12 mm tout de même. Les proportions sont harmonieuses – on parle quand même d’un grade-temps inspiré d’une réalisation d’un immense designer industriel – et j’aime beaucoup la couronne crantée, là encore relativement simple mais qui colle parfaitement à l’esprit indus’ de la montre. Le verre saphir quasi affleurant est, là encore, une bonne idée. Un bombé aurait complètement dénaturé l’esprit de cette “BIG TV” .

Le cadran est le gros argument en faveur de la montre. La version classique est déjà très jolie, mais notre déclinaison “squelette” possède un supplément d’âme qui la rend encore plus désirable. Pourtant, les squelettes, ce n’est pas mon truc. Sauf qu’ici, l’ouverture ne couvre pas l’intégralité du cadran, mais seulement un rond dans le carré qui apporte du relief à l’ensemble. On y voit le mouvement (dont on parlera un peu plus tard), dont les pièces métalliques sont brossées, comme un rappel au titane de la boîte et du bracelet. Le reste du cadran est noir, les index ronds non chiffrés (des lignes à 3, 6, 9 et 12 heures) sont blancs, comme les aiguilles arrondies, comme sur le modèle d’origine. C’est, une fois de plus, l’harmonie de tous ces éléments, l’équilibre dans la complexité, qui séduit.

On entre dans le dur, au sens propre. La conception du bracelet, avec un premier maillon qui débute directement sur cadran et des mailles très serrés, le rend très rigide. On verra, au moment de l’essayage, si cette impression se confirme. Côté design, par contre, rien à redire : c’est beau, d’une part, et d’autre part, on le croirait tout droit sorti des années 70, période du lancement de la première LIP “BIG TV”. C’est d’ailleurs le seul vrai détail néo-rétro sur la montre, preuve que LIP a réussi à doser le vintage pour éviter de tomber dans la nostalgie gratuite et facile. La boucle déployante papillon est bien fichue, les ouvertures et fermetures sont fluides.

Le cœur de la LIP BIG TV squelette en titane

La version 2023 de la BIG TV est animée par un mouvement automatique Time Module NH72 (une filiale du groupe Seiko) qui propose 41 heures de réserve de marche. On peut l’admirer de face, via le cadran squelette, mais aussi depuis le fond transparent, notamment pour profiter de sa masse oscillante travaillée façon côtes de Genève. Si ce n’est pas le plus complexe des mouvements, il a le mérite de porter sur lui la fiabilité du groupe Seiko, tout en étant retravaillé par LIP pour s’adapter à cette boîte si particulière, comme l’indique la mention “LIP, Besançon, France” sur la masse. À noter qu’il ne fait pas le bruit désagréable des mouvements à la taille inadaptée.

Au poignet

Avec son allure rétro-futuriste, on aurait tendance à cataloguer la LIP BIG TV squelette en titane parmi les montres “ponctuelles”. Vous savez, cette tocante que vous avez acheté sur un coup de tête parce qu’elle était vraiment stylée mais que vous ne mettez que deux fois par an avec une tenue bien particulière (pour ma part, une Tissot “Seastar” de 1973 qui ne sort presque jamais de la marmotte). Eh bien, ce n’est pas du tout le cas ici ! La preuve avec Mattéo et sa veste en peau, son pantalon style workwear aux rayures façon hickory et sa paire de mocassins, plutôt décontracté mais pas “sport” non plus. Pour ma part, elle a passé quelque temps à mon poignet, m’accompagnant en polo-short-baskets aussi bien qu’en costume pour un baptême. Cette montre au design pourtant très affirmé est en réalité beaucoup plus polyvalente qu’elle n’y paraît.

Côté sensations, pas de surprise : le titane, c’est froid et léger (la bête dépasse à peine les 100 grammes). On aime ou on n’aime pas. Personnellement, j’ai un peu de mal parce que j’aime trop “sentir” ma montre, qu’elle pèse à mon poignet. C’est aussi pour ça que j’ai peu de bracelets en cuir ou nato dans ma “collection”. Mais il faut admettre que sur cette “BIG TV”, le titane brossé fait un effet bœuf. Parce que, même si on a tendance à l’oublier, le visuel est l’un des avantages du titane. Il a un côté futuriste et mécanique qui lui donne un cachet fou et on a vraiment l’impression de porter un bijou. Par contre, comme pressenti lors de la découverte de la montre, le bracelet, avec ses mailles serrées, est plutôt rigide. Là encore, on aime ou on n’aime pas. Ça a le mérite d’offrir une certaine tenue à la montre et de la mettre encore plus en valeur au poignet et je dois dire qu’on s’habitue assez vite.

Veste Bexley | Pantalon Les Deux | Mocassins Hardrige | Montre LIP

Photos : Emeline Hamon