On a essayé la montre Herbelin Cap Camarat Square Automatic

Mon premier a rendu riche pas mal de Néerlandais. Mon second est cultivé pour fabriquer des vêtements d’été. Mon tout est un horloger basé dans le Doubs, l’une des rares maisons de luxe à fabriquer ses tocantes en France, qui fête ses 76 ans cette année et qui est resté une entreprise familiale indépendante. Vous l’avez ? Herbelin bien entendu ! Anciennement Michel Herbelin, la marque a raccourci son nom un peu avant d’inaugurer sa première boutique parisienne au 58 Rue Bonaparte (Paris 6), à l’automne 2022. Et c’est d’ailleurs lors de ma visite de cet élégant flagship que j’ai flashé sur, une fois n’est pas coutume, une montre carrée : la “Cap Camarat Square Automatic”. C’est elle qui fait aujourd’hui l’objet de ce test sous le soleil de Paris.

Montre Herbelin

L’esthétique de la montre 

C’est le premier argument de cette Herbelin “Cap Camarat Square Automatic”, son look. Il est relativement compliqué de trouver une belle montre carrée qui ne fasse ni mastoc ni riquiqui. En effet, il s’agit d’une forme régulièrement associée, à tort, aux montres dites féminines. Alors, soit on a des petits diamètres avec une boîte fine, soit on se retrouve, comme pour compenser, avec des gros boîtiers bardés de détails et de reliefs. Ici, ce n’est pas le cas, bien au contraire. Le boîtier est très fin pour une montre automatique, 7,80 mm. Une impression de finesse renforcée par le fait que le verre saphir n’est pas bombé et épouse la boite. Une boîte simple et efficace, qui n’est pas pour autant dénuée de style. D’abord, elle alterne finition brossée sur la lunette, les cornes et les tranches, et finition polie sur l’entrecorne et le contour extérieur de la lunette. Ensuite, on compte 6 rivets discrets à 1, 3, 5, 7, 9 et 11 heures qui apportent juste ce qu’il faut de cachet à l’ensemble. Enfin, et ça ne gâche rien, la “Cap Camarat Square Automatic” propose un fond transparent qui permet de se rincer l’œil en matant son mouvement suisse personnalisé, dont on parlera un peu plus bas.

Et le cadran alors ? Déjà, il est noir, on ne peut plus passe-partout et, surtout, il évite l’écueil de la “montre d’été”. Le noir est profond, mais on lui trouve quelques reflets anthracites à la lumière du jour et ça, c’est toujours très appréciable. Des jeux de lumière que l’on doit aux striures du cadran. En effet, c’est l’une des marques de fabrique de Herbelin et sur un cadran noir et carré, ça se marie particulièrement bien. Le design des aiguilles bâton et des index se répondent, avec une finition polie qui ajoute encore de quoi s’amuser avec la lumière… ou sans, car ils sont bien évidemment luminescents. On trouve également un guichet date à 6 heures, fenêtre blanche et typo noire, que l’on aurait aimé encore plus s’il avait été entouré d’une fine baguette en acier. Enfin, un détail qui n’en est pas un, le chemin de fer des secondes qui serpente le long de la tranche intérieure de la boîte avec la mention “Made in France” entre 5 et 7 heures. C’est élégant et ça ne vient pas charger inutilement le cadran. Bon point.

Le cap Camarat, c’est un morceau de granit qui plonge dans la mer à Ramatuelle. C’est aussi le nom d’un modèle de bateau du chantier Jeanneau. Et donc de notre “Cap Camarat Square Automatic”, qui est intégrée à la collection du même nom. Une ligne qui a vu le jour en 2018, imaginée à partir d’une montre de la marque dans les années70, et puise donc son inspiration dans la mer, proposant des montres qui balancent entre sport-chic, nautisme et plongée. Autant d’arguments qui plaident en faveur d’un bracelet en caoutchouc. Et ça tombe bien, puisque le modèle que l’on a sélectionné est équipé d’un bracelet en caoutchouc ! Du FKM plus précisémment, “fluoré”, travaillé pour être de haute qualité et très résistant. Le monde est bien fait quand même. Noir, comme le cadran, il est reliéfé avec un “ruban” posé sur un léger motif (très discret) style “grosses mailles”. Côté poignet, il est strié, comme le cadran. C’est joli, certes, mais ça permet surtout à la peau de respirer et de ne pas se retrouver avec des boutons ou un bracelet trempé. Seul bémol : impossible de plier entièrement le bracelet ou de le mettre complètement à plat. Pour ranger la montre dans une marmotte, ça s’annonce compliqué.

Le cœur de la Herbelin Cap Camarat Square Automatic

Si notre montre du jour est made in France, le mouvement qui l’anime est lui fabriqué en Suisse. Et il s’agit d’une maison que l’on connaît bien ici, qui fournit de nombreuses marques indépendantes : Sellita. Plus précisément le SW200-1 (28 800 A/h et 26 rubis), qui propose 38 heures de réserve de marche. Une bête fiable, fine et précise qui semble faite spécialement pour notre “Cap Camarat Square Automatic”. On n’est pas très loin de la vérité, puisqu’avant de se loger dans la montre, il a été personnalisé. Ainsi, la masse oscillante arbore une gravure “Herbelin” et une finition brossée.

Au poignet

D’une montre proposée à 899€, j’attends plusieurs choses : un toucher irréprochable, de la matière, un bracelet de qualité, un mouvement précis et bien intégré et de belles finitions. Oui, c’est beaucoup, mais c’est aussi le prix de 110 grecs-frites (oui, l’inflation touche également nos artisans kébabiers), donc j’en veux pour mon argent. Et, au toucher, on apprécie tout de suite la qualité de l’acier. Il y a du poids, c’est bon signe aussi, ça fleure bon la robustesse. Une fois sur le poignet, on s’amuse des reflets offerts par le mix brossé/poli, le cadran strié et les index en acier biseautés. Et, comme prévu, avec un diamètre (oui, elle est carrée, mais vous avez saisi) contenu de 39 mm, l’ensemble est bien proportionné et ne vient pas nous étouffer le poignet que j’ai pourtant, comme Joe d’ailleurs, relativement fin. Le poids constaté avant de l’enfiler n’est pas dérangeant, surtout avec un bracelet en caoutchouc. Ce dernier est d’ailleurs très doux et, malgré les températures estivales de ces derniers jours, pas de sueur ni d’odeur de vieux canapé après une journée de porté.

Le mouvement, lui, ne fait pas le bruit désagréable de certaines pièces mal adaptées. Le premier constat visuel se confirme au poignet : ce Sellita trouve parfaitement sa place dans notre Herbelin “Cap Camarat Square Automatic”, et le rotor fait son boulot en toute discrétion, s’effaçant au profit du balancier qui, lui, est autorisé à nous offrir son tic-tac. Concernant la précision, nous n’avons pas les machines adéquates au Camion alors on a fait ça au doigt mouillé. Sellita annonce une précision “standard” de +12/-12s et une précision “premium” de +4/-4s. Après une semaine au poignet, on se rapproche plus de la deuxième catégorie. Dans tous les cas, on parle tout de même d’un bon mouvement que l’on retrouve régulièrement sur ce segment de prix qui semble, en outre, avoir été retravaillé avec soin. Mais on a quand même demandé à la marque qui nous a confirmé régler le mouvement “pour respecter les normes premium -4/+4 secondes par jour“.

Blazer Percival | T-shirt Dockers | Jean Gant | | Chaussures Bexley | Montre Herbelin

Photos : Emeline Hamon