Les réparations possibles sur des chaussures
Lorsque nous parlons de chaussures, nous soulignons très souvent l’intérêt d’y consacrer un budget relativement important car une bonne paire de chaussures peut se conserver plusieurs années et au final s’avérer plus économique que plusieurs paires de chaussures à bas coût. Dans ce sujet, nous vous proposons de passer en revue les réparations possibles afin de donner une seconde jeunesse à ses chaussures préférées. De l’intervention la plus légère (la pose d’un patin) à la plus lourde mais en même temps la plus noble (le ressemelage complet). Tout ceci sous le contrôle avisé des médecins pour ne pas dire urgentistes de nos chaussures au regard de l’état de certaines d’entre elles, nos amis les cordonniers.
1. Le changement du talon
Le talon se compose en réalité de deux parties : le bonbout, mot savant qui désigne la traditionnelle talonnette noire en caoutchouc biseautée que l’on retrouve au talon. Puis le sous-bout qui constitue le cœur même du talon à travers ses différents morceaux de cuirs superposés les uns sur les autres. Si l’usure ne concerne que le bonbout, il sera simplement remplacé par un autre tout neuf.
En revanche, s’il s’agit cette fois du sous-bout qui est endommagé, le cordonnier devra ôter toutes les parties de cuir usées. Autrement dit, le talon dans sa totalité pour un poser un neuf. Le cordonnier gratte la surface de chaque morceau qui compose le sous-bout, l’enduit de colle et le pose sur le morceau précédent. Ultime étape, la pose des clous sur le dernier morceau, appelé couche-point, afin de fixer le nouveau talon fraichement posé.
Budget à prévoir : de 18 à 26€ suivant l’artisan
Avis d’expert : c’est une réparation classique que nous faisons habituellement dans nos ateliers et qui ne présente aucune difficulté en soi. J’ajouterai qu’il ne faut pas tarder à envisager de faire changer les talons de ses chaussures. En ce sens, le bonbout sert quelque part de panneau d’avertissement pour dire qu’il est encore temps de changer le talon avant que le sous-bout soit touché et que ce soit par conséquent le talon dans sa totalité qui doit être changé. Jean-Pierre Cattelan, Cordonnerie Cattelan (128 rue de Grenelle, 75007 Paris et 2 rue Melingue, 75019 Paris).
2. Le remplacement des glissoirs
Si l’extérieur de nos chaussures, à l’image de la semelle, est très souvent mis à rude épreuve en se frottant tantôt au bitume des trottoirs, tantôt aux mauvaises conditions climatique comme la pluie, on oublie inconsciemment que l’intérieur souffre également mais pour d’autres raisons dont le principal fautif demeure nous. Plus précisément notre transpiration qui, avec le frottement de la chaussette, use ce que l’on nomme les glissoirs.
Découpe de doublure côté fleur à ne pas confondre avec les contreforts, pièce qui n’est jamais en contact direct avec la chaussette à l’inverse des glissoirs. In fine, l’usure des glissoirs se traduit par deux situations. D’une part, le craquèlement du cuir tout simplement. D’autre part, des trous qui apparaissent. Avec dans les deux cas une gêne évidente pour marcher. Face à ce constat, une décision s’impose : les glissoirs sont à changer rapidement car, en plus de la sensation de ne plus se sentir à l’aise dans ses chaussures, cette dégradation des glissoires peut clairement faire mal au talon. Le cordonnier retire alors le glissoire à l’aide d’un tranchet. Il recouvre ensuite cette partie avec une peau très souple que l’on colle. A cette opération, s’ajoute la phase du plaquage de cette nouvelle peau. L’artisan la moule au contrefort grâce à une forme ou à un embauchoir. Dernière étape, le glissoire est cousu à la chaussure.
Budget : de 20 à 50€ (pour des bottes) suivant l’artisan et la surface à changer
Avis d’expert : Il s’agit là encore d’une opération simple et courante que nous réalisons dans nos ateliers. Cependant, elle reste importante pour le confort du pied dans la chaussure. Jean-Pierre Cattelan, Cordonnerie Cattelan (128 rue de Grenelle, 75007 Paris et 2 rue Melingue, 75019 Paris).
3. Le ressemelage complet
Disons le d’emblée, le ressemelage complet sur une semelle cousue « goodyear » est l’ultime réparation lorsqu’on parle de cordonnerie. Ultime dans le sens qu’elle demeure la réparation la plus complexe à réaliser mais également la plus noble de toutes les interventions possibles sur une chaussure. En effet, elle nécessite tout un savoir-faire avec minutie et précision. Un travail d’orfèvre tel un horloger en train de remonter une montre après l’avoir révisé. Voici les grandes étapes de ce savoir-faire dans les règles de l’art : on arrache d’abord à l’aide d’une tenaille le bonbout avant d’extraire ensuite le reste du talon appelé le sous-bout grâce à un tournevis. Troisième étape, la coupe du fil de la couture petit point (couture qui assemble la semelle à la trépointe) afin de pouvoir dégager la semelle. Puis à l’aide d’un poinçon, on soulève et arrache le fil de la couture petit point. On vérifie la solidité de la couture qui relie la trépointe à la tige. Puis vient le temps de la sélection d’un croupon de cuir qui fera office de nouvelle semelle. Afin de faciliter son façonnage, ce morceau de cuir sera trempé dans l’eau une nuit entière. Au besoin, on cylindrera ce croupon pour le raffermir.
Nouvelle étape : l’encollage dès que la semelle est prête. Puis à l’aide d’un machinoir, on plaque la trépointe contre la semelle qui est posée sur un pied de fer (l’étau du cordonnier). L’excédent de cuir qui dépasse du débordant délimité par la trépointe est purement et simplement retiré avec un tranchet, outil qui permet de faire une entaille sur le bord de la semelle en vue d’y encastrer la couture petit point. Cette opération se nomme dans le jargon des cordonniers la « gravurage ». On coud ensuite la semelle à la trépointe grâce à une machine à coudre « petit point » réglée afin que l’aiguille retombe avec exactitude dans les trous d’origine de la trépointe. On emboite alors le sous-bout tout comme on colle le bonbout. Les coutures usées de la tige sont pour leur part refaites. C’est à ce stade que la forme de la chaussure est introduite. On martèle le bout ainsi que les contreforts pour effacer toutes déformations possibles. La lisse est dégrossie puis aplanie à l’aide d’une râpe et d’un papier de verre. Cette initiative faite, la lisse est teintée puis cirée. La tige est à son tour cirée puis lustrée. Il ne reste qu’à changer les lacets pour en mettre des neufs avant de faire une dernière vérification de l’ensemble des réparations réalisées. Soit au total, plus d’une dizaine d’étapes d’opérations différentes. Ce qui représente en termes d’heures travaillées entre trois et quatre heures suivant l’expérience et la dextérité du cordonnier pour redonner une nouvelle jeunesse, une seconde vie à sa paire de chaussures préférées.
Budget : aux alentours de 150€ suivant l’artisan
Avis d’expert : un véritable cordonnier doit savoir démonter puis remonter une chaussure correctement. C’est le cœur même de son métier. C’est la que le savoir-faire du cordonnier excelle car le ressemelage complet sur une semelle cousue « goodyear » reste la réparation la plus noble dans ce métier. Alain Madec, ancien cordonnier aujourd’hui formateur dans la vente de chaussures.
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