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Comment (bien) choisir son tatouage ?

Il y a une quarantaine d’années, arborer une peau ancrée nous classait presque automatiquement dans une case : celle des biker, des voyous, des marins, des filles de joie (à vous de choisir) et j’en passe. À tort, on était alors tout de suite catalogué de personnage à la vie délurée et à l’éthique plus que bafouée. Fort heureusement, l’image du tatouage s’est profondément transformée ces dernières décennies. Aujourd’hui, il n’est plus caché mais fièrement exposé, telle une peinture de maître. Et cela se comprend : les techniques ayant grandement évolué, le travail fourni par ces artistes tatoueurs est de plus en plus magnifique. Ayant en plus pignon sur rue, il n’est désormais plus anodin de pousser la porte d’un salon, même si ce n’est que pour demander des renseignements. Malheureusement, cet engouement pour l’encre sous peau peut parfois nous pousser à choisir un dessin à la va-vite, ce qui nous fera amèrement regretter notre pulsion des années plus tard, voire après quelques mois seulement. Pour éviter de se retrouver avec un pissenlit qui se transforme en nuée d’oiseaux, on va s’intéresser à quelques points à avoir en tête avant la séance, puis ce qu’il faut faire après s’être fait piquer :

1. Avant de passer à l’acte

A. Ne pas agir sur un coup de tête !

C’est sans aucun doute le premier conseil à prendre en compte avant de sauter le pas. Votre meilleur ami vient de s’en faire un et vous voulez être aussi cool que lui ? Négatif. Vous trouvez que votre joueur de foot préf’ a les meilleures « manchettes » et vous voulez faire pareil ? Hors de question. On ne le répètera jamais assez mais un tatouage, c’est pour la vie. Si nos goûts évoluent plus ou moins tout au long de notre vie et peuvent être alors modifiés, ce n’est pas le cas d’un tattoo, mieux vaut donc y réfléchir à deux fois. Autre point, ne pas être envieux. J’ai souvent entendu certaines personnes dire, après avoir observé mes pièces, que ça leur donnait envie d’en faire un. C’est sans aucun doute la pire chose à faire !

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Le mieux est donc de faire preuve de patience. Personnellement, j’ai mon bras droit quasiment terminé, mes mollets, mes pieds, mes côtes et ma cuisse gauche piqués, ce qui représente en tout et pour tout une quinzaine de pièces sur le corps. Si c’est relativement peu comparé par exemple à un body suit complet, cela m’a tout de même pris 6 ans ! Le fait est que je voulais des pièces belles et qui perdurent dans le temps, j’ai donc réfléchi longuement pour chacune. En somme, si vous souhaitez vous tatouer mais que vous ne savez pas quoi faire, ne faites rien avant d’être fixé !

L’avis des experts

Adrien Couturier, tatoueur et boss du salon Fallin’ Swallow de Nantes, nous apporte son expertise :

« Avant toute chose, il faut se demander si on en a vraiment envie. Il ne s’agit pas de se faire tatouer un motif, quel qu’il soit, et regretter son geste une fois la pièce cicatrisée simplement parce qu’on s’est dit : « au pire je l’enlèverais au laser ! ». Le laser n’est pas forcément la solution miracle ! Ce qui fait toute la beauté du tatouage, c’est son côté permanent. Si on est sûr de soi, il faut savoir quoi et pourquoi. On peut se faire tatouer pour tout un tas de raisons différentes. Par mimétisme, l’appartenance à un groupe, par mode, puisque le tatouage est très tendance de nos jours, pour marquer un événement (naissance ou mort d’un proche, à la gloire d’une victoire sportive, rupture amoureuse, etc.) ou en hommage à un parent (Mom/Dad), à ses enfants, ou à un groupe de musique (ou même juste le titre d’une chanson), ou à l’amour de sa vie (c’est très déconseillé!). Ou tout simplement pour s’approprier une image qui nous tient à cœur ; qu’elle nous touche par son esthétisme ou le message qu’elle fait passer. Dans tous les cas, tout n’a pas besoin d’être explicite, le sens d’un tattoo est avant tout celui qu’on lui donne. Et bien souvent, la première idée est la meilleure. »

Rubie Maza, tatoueuse et gérante de la boutique Sorry Dad à Toulouse :

« En effet, il est important de bien réfléchir avant de passer à l’acte. Que ce soit le fait d’encrer sa peau pour le restant de ses jours, autant que pour le motif ou la personne par laquelle on se le fait faire. D’autant plus pour des premiers tatouages, il est nécéssaire de se poser les bonnes questions ! Autant sur le plan personnel que professionnel de chacun :) »

B. Bien différencier les styles

Comme n’importe quel autre art, le tatouage ne se limite pas à un seul et unique univers. Ainsi, il existe différents styles bien différents qui permettent de répondre à l’envie de chacun. Loin de nous de faire un article barbant et aussi long qu’un repas de famille le jour de Noël, nous avons listé les principaux et les plus utilisés :

L’avis de Rubie Maza

« Les différents styles de tatouage peuvent être facilement distingués : par les différentes lignes, techniques d’ombrage, de remplissage, de motifs… parfois avec ou sans couleur. Ils sont aussi là pour répondre aux goûts de chacun mais ont également et surtout pour la plupart une symbolique et une histoire. Le choix du style qui vous correspond ne dépend que de vos goûts, il n’y a rien de catégorique dans ces dires… Laissez votre instinct vous guider ! »

Irezumi ou japonais traditionnel : Si ce style bien spécifique de l’archipel nipponne est presque aussi vieux que l’art du tatouage, celui qui nous intéresse apparaît lors de l’époque Edo (1600-1868). C’est durant cette ère qu’il va se codifier en s’inspirant principalement des histoires du Kojiki. Le tatouage se scinde alors en deux : d’un côté, il y aura les irezumi réservés aux personnages importants du Japon (héros, hommes politiques, etc.) et l’encrage destiné aux bandits et criminels. Le tatouage japonais est reconnaissable par ses traits et dessins très caractéristiques (écailles de tortues, carpes koï, le chrisanthème, le cerisier, etc.) ayant tous une signification bien spécifique. Si ce style est de plus en plus commun et presque désacralisé, il possède encore un côté négatif au Japon puisque associé aux Yakuzas, la mafia locale. Pour exemple, il est interdit de se rendre dans des bains publics si on est tatoué !

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L’avis d’Adrien Couturier

« Le japonais est par définition un style venant du pays du soleil levant. Traditionnellement, les thématiques sont issues de la mythologie locale, des croyances et superstitions. Des éléments liés donc à la nature. C’est probablement le style de tatouage le plus raffiné de part sa composition, ses thèmes, la surface couverte. Bien souvent un tatouage correspond à une zone entière : bras entier, 3/4 ou 1/2 manchette, intégrant les pectoraux ou non, le dos, jusqu’à mi cuisses ou derrière les genoux ou bodysuit, etc. En règle générale, un thème, un seul, est appliqué pour un corps entier, ou bien un membre et suivra des codes relatifs au dit thème. Couleur ou noir et gris, c’est là encore une question de goût. À savoir quand même que le fond sera réalisé avec beaucoup de noir. »

À lire : Studying Horiyoshi III : A Westerner’s Journey Into the Japanese Tattoo / The Japanese Tattoo / Japanese Tattoos : Meanings, Shapes and Motifs

Réaliste : Sans doute l’un des plus répandus, le style réaliste consiste à se trimballer avec la reproduction fidèle d’absolument n’importe quoi. Le visage de notre idole sur l’avant-bras ? Pas de problème. Le visage de notre nouveau né sur l’omoplate ? Aucun soucis. Johnny, un loup et un 33 tonnes sur le pectoral ? Évidemment. Le style réaliste laisse libre court à ses envies et permet, de fait, de réaliser n’importe quoi. Qu’il soit fait en couleurs ou bien en noir et gris, seul le talent du tatoueur prévaut pour ce style.

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À lire : le Mondial du tatouage / Atlas mondial du tatouage

Traditionnel : Clairement le style que je préfère ! S’il apparaît vers le XIXᵉ siècle, il se concrétise lors de la Seconde Guerre Mondiale. Popularisé par Sailor Jerry, il peut se définir par l’utilisation de quelques couleurs, de la fat line, des dessins sans trop de détails et des thèmes bien définis : les roses, les crânes, les pin-ups, les hirondelles, les cœurs, etc. Comme pour l’irezumi, le style traditionnel est codifié et il n’était pas rare de connaître la vie d’une personne uniquement en étudiant ses pièces.

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L’avis d’Adrien Couturier

« Appelé aussi old-school, c’est dans nos contrées LE style de tatouage par excellence. Contrairement à d’autres styles, on sait dès le départ que le dessin est destiné à être tatoué. Il consiste en un dessin simple et lisible, un contraste net entre le noir et la couleur. Un motif doit être lisible à l’autre bout de la pièce. En général, la taille moyenne d’un tatouage traditionnel correspond à la paume de la main. Même si certains motifs comme les pinups et les dagues sont plus propices aux avant bras, il n’existe pas vraiment de règles en matière de composition, ni de thème. C’est plus ou moins un système de patchs qui marchent indépendamment les uns des autres mais qui, au final, font partie d’un ensemble. Il existe tout un vocabulaire prédéfini typique de ce style depuis la fin du XIXeme/ début du XXeme siècle mais qui, un peu comme une langue vivante, évolue au fil du temps. Il s’agit de faire référence au passé, pas d’y être bloqué. Tout motif est donc réalisable en old-school. Le traditionnel américain a donné au cours des dernières décennies le new-school et plus récemment le néo-traditionnel. »

À lire : Vintage Tattoo Flash / Vintage Tattoos : The Book of Old-School Skin Art / Sailor Jerry Collins : American Tattoo Master

C. Trouver un dessin qui nous correspond

En rapport avec le fait de prendre son temps, le tatouage est, à la base, un moyen d’exprimer un sentiment ou bien un attrait pour quelque-chose en particulier. Les tatouages des bagnards sont d’ailleurs sans aucun doute les meilleurs exemples de ce point : « pas de chance », « sans patrie », « mauvaise tête mais bon cœur » ou bien des dessins obscènes mais aussi la représentation de lieux chers au tatoué étaient monnaie courante à l’époque. Si aujourd’hui, le tatouage a quelque peu perdu de son côté « conte imagé », il est toujours intéressant de se faire encrer un dessin en rapport avec ce que l’on aime. Bien entendu, ce n’est absolument pas une obligation mais cela peut permettre de ne pas regretter notre tattoo.

L’avis de Rubie Maza

« Vous pourrez toujours venir demander l’avis d’un tatoueur, ce dernier pourra vous proposer plein de choses qui vous plairont… si vous souhaitez un motif qui vous parle et vous décrit, qui vous rappelle votre vécu ou ce que vous voulez retranscrire, il sera difficile de lui laisser carte blanche ! Si vous avez une idée vague, allez voir le tatoueur que vous appréciez avec des visuels d’inspirations de votre projet. Si vous n’avez vraiment aucune idée, laissez vous tenter sur une journée flash !!! »

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L’avis d’Adrien Couturier

« Il faut avoir conscience, pour en revenir au côté permanent de la chose, que, vu que le tatouage vieillira avec vous, certains styles passeront de modes. D’autres seront intemporels et auront « de la gueule » que vous ayez 20 ou 60 ans, d’autres moins. C’est un parti pris ! On a tendance à dire que la couleur est plus « rock’n’roll », le noir et gris plus classique. Dans tout les cas, le tatouage se patinera avec le temps et lui conférera un côté authentique, un peu comme s’il avait toujours fait partie de vous. Fin de la discussion. »

D. Bien choisir son tatoueur

Autre point Ô combien important, le choix du tatoueur. Si certains ne comprennent pas bien cette notion et prennent la première personne venue, mieux vaut prendre un exemple pour légitimer l’importance de cette partie. Prenons un rédacteur web, qui rédige des articles pour un blog spécialisé dans la mode masculine et dont le surnom fait référence à la couleur de sa barbe. Retirons-le de son train-train quotidien professionnel et plaçons-le à la tête de la brigade d’un restaurant étoilé réputé pour sa cuisine fine et raffinée. Bien que le bougre soit habile de ses 10 doigts (il tape au clavier sans le regarder !), le résultat de sa cuisine sera insipide et fade.

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L’avis d’Adrien Couturier

« On a aujourd’hui des salons de tatouage qui fleurissent à tous les coins de rue, même dans des petites villes. Si votre ville compte plusieurs shops, il ne faut tout d’abord pas hésiter à en faire le tour, discuter avec le / les tatoueurs et regarder les books. Des books « physiques », dont on tourne les pages ! Il ne faut pas se contenter de ce qu’on a pu voir sur Instagram par exemple (ce média est au final très mal adapté au photos de tatouages de par son format, les filtres, etc). Un tatoueur pourra avoir les meilleures photos en ligne mais les tattoos les plus pourris sur les bras de ses clients. Il faut aller en boutique pour se rendre compte de la qualité du taf ! Aussi, même si votre ville compte quelques tatoueurs, il ne faut pas hésiter parfois à faire une ou voire plusieurs heures de route ou de train pour rencontrer le gars (ou la fille !) dont le style fait vibrer votre coeur. »

Ici, c’est la même chose. À mon sens, il me paraît peu envisageable de demander à un tatoueur spécialisé dans l’irezumi de me réaliser un tatouage réaliste. Si la personne est contentieuse, elle nous dira qu’elle n’est pas la mieux placée pour le faire et nous conseillera un confrère. Mais d’autres techniques permettent de choisir facilement celui ou celle qui marquera à vie notre peau. Bien souvent, le dessin final d’un tatouage est réalisé à partir d’un modèle que l’on a modifié ou bien d’une photo. Si le tatoueur que l’on a devant soit décide de réaliser trait pour trait ce qu’on lui montre, mieux vaut tourner les talons. La disponibilité de celui-ci est aussi quelque chose à observer. Si ce dernier peut nous piquer tout de suite, il est alors légitime de se poser des questions sur sa technique. Là encore, ce n’est pas une règle immuable mais cela peut donner une idée de la réputation de l’artiste.

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L’avis de Rubie Maza

« Si il y a donc plusieurs styles de tatouages, il y a aussi de nombreux tatoueurs différents et (plus ou moins) chacun bien qualifiés dans leur spécialité. Il est vivement conseillé d’aller voir un artiste pour son travail et pour son univers, donc en ayant au préalable bien observé les dessins proposés et les tatouages déjà réalisés par ce dernier, quel que soit le style que vous recherchez ou la nature de votre projet. Car c’est dans ce sens là que votre tatouage se réalisera le mieux, autant sur l’aspect physique, psychique que créatif ! »

2. Après la séance

Le dessin est choisi et bloqué, la partie de notre corps aussi ainsi que le tatoueur et le jour J approche. Après quelques minutes ou heures à se faire encrer, notre tatouage est terminé. Il est tout joli, tout beau, mais tout fragile. Il va donc falloir en prendre soin pour ne pas le voir s’abîmer au fil des années. Et cela commence dès la sortie du salon. Pour protéger la pièce au maximum, le tatoueur fera un pansement provisoire. Le mieux que nous ayons à faire est de récupérer une crème cicatrisante et de filer chez soi ! Personnellement, pour chacun de mes tattoos, j’ai toujours fonctionné de la même manière : laisser respirer le tatouage au maximum. La première nuit, un pansement est obligatoire puisque la pièce va fortement dégorger comme un poireau.

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Par la suite, lors de notre douche par exemple, il faudra nettoyer le tatouage. De l’eau claire du savon au ph neutre et, surtout, pas de frottement à l’aide d’un gant. L’ajout d’un pansement n’est pas nécessaire mais on tâchera de porter des vêtements en coton pour ne pas l’abîmer. Pendant environ 15 jours, le tatouage devra rester parfaitement hydraté. On appliquera alors une pommade hydratante grasse et cicatrisante (en surface) et ce trois fois par jour. On évitera également le contact avec le sable, l’eau de mer et les bains de soleil. Une fois ces 15 jours passés, les croutes auront disparues mais la peau restera relativement sensible (sachez qu’un tatouage met environ un an à totalement cicatriser). Une fois les croûtes disparues, l’utilisation de crème hydratante sera un plus non négligeable pour que le tatouage garde son éclat.

L’avis d’Adrien Couturier

« Une fois le tatouage fini, votre tatoueur vous posera un pansement et vous expliquera les soins. Ils consistent plus ou moins au même protocole. Un lavage au savon au Ph neutre (un bon vieux savon de Marseille à 1€ marche à merveille) et l’application d’un corps hydratant (Exeryl, Bepanthen -attention aux allergiques à la laine- ou autres produits développés spécialement à cet effet, bien souvent à base de beurre végétal). L’essentiel est de garder votre tatouage propre et hydraté les 10-15 premiers jours, d’éviter tout type de bains prolongés et de le protéger absolument du soleil le premier mois. Après ça, un écran total sur le tattoo sera nécessaire pour toute exposition au soleil si vous voulez que votre tattoo ne passe pas en deux été. Si vous voulez que votre pièce retrouve un peu de fraicheur et d’éclat pendant les périodes hivernales ou si vous avez la peau sèche, un peu de crème hydratante suffira à le raviver. Les soins post tattoo représentent une grande partie du résultat final, c’est essentiel à une bonne cicatrisation. »

L’avis de Rubie Maza

« Après un tatouage, rien de bien compliqué vous attend ! Il vous suffit de vous munir de deux produits (souvent disponibles directement dans votre salon de tatouage) : du savon pH neutre et d’une crême spéciale tattoo qui favorisera la bonne cicatrisation de votre tatouage. Ce dernier mettra entre 3 semaines et un mois à bien prendre place selon votre type de peau. Une hygiène stricte doit être au rendez-vous pendant ce laps de temps. Il est également déconseillé de se baigner (piscine, lac, mer, océan, hamam, jacuzzi etc) et de s’exposer au soleil pendant minimum 3 semaines. Il est important de bien écouter et respecter les étapes de soins que vous donnera votre tatoueur. Si vous avez quelques doutes en sortant du rendez-vous tattoo, pas de panique ! La plupart des salons offrent une fiche récapitulative. »

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