Jean selvedge : définition, histoire et caractéristiques
Le mot “selvedge” est certainement un terme qui ne vous est pas inconnu ! Et c’est davantage le cas si vous vous intéressez à la mode masculine depuis quelques années et plus précisément à l’univers du denim ! Pour les plus novices d’entre nous, il est parfois difficile de comprendre quelle est la différence entre un denim classique et un denim selvedge. On vous rassure, même si les puristes ne jurent que par les toiles selvedge japonaises, il existe également de très bons jeans réalisés à partir de toiles italiennes. Pour ceux qui se posent encore des questions quant à la teinte, le poids ou encore la coupe à privilégier pour un bon jean, on vous invite à consulter notre guide du denim (vous y trouverez probablement toutes les réponses à vos interrogations). Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur les jeans selvedge, c’est par ici que ça se passe ! De son histoire aux filatures en passant par ses caractéristiques, plein phare sur le jean selvedge !
Sommaire :
1. Qu’est-ce qu’un jean selvedge ?
2. L’histoire de la toile selvedge
3. Quelles sont les caractéristiques d’un jean selvedge ?
4. Les fabricants de toiles selvedge à connaître
1. Qu’est-ce qu’un jean selvedge ?
Commençons par le commencement, la définition ! Selvedge est la contraction de l’anglais « Self Edge », raccourci pour “Self-finished edge”, signifiant en français “bord fini”. Pour faire simple, il s’agit d’une finition uniforme du tissu à son extrémité visant à éviter qu’il s’effiloche. Elle est donc renforcée et forme souvent un liseré de couleur. Plus techniquement, si on va conserver la même armure qu’un denim non selvedge, on va ici utiliser un seul et même fil de trame. L’avantage de cette technique est que l’on obtient un denim beaucoup plus résistant. Cependant, le procédé de fabrication, le temps de production et la quantité de mètres de tissus demandent des coûts de production beaucoup plus élevés.
Quelle est la différence entre un denim selvedge et un denim brut ?
Il est important de faire une distinction : le denim brut (raw denim) est différent du denim selvedge. Si la différence entre ces deux toiles est majeure, la confustion est courante. Le denim brut, réfère à sa couleur, son aspect : une matière qui est dans son état naturel, un tissu sergé imbibé d’indigo dont la couleur n’a pas été traitée par la suite afin qu’elle soit fixée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les jeans bruts perdent leur couleur et se délavent donc plus facilement qu’un autre. Le Selvedge réfère seulement au tissu : un sergé dont la finition est renforcée pour lui donner des attributs de solidité supérieure. Ainsi, un jean peut être fabriqué à partir de toile selvedge non brut, et vice versa !
Voici la différence en images :
2. L’histoire de la toile selvedge
Avant de s’embarquer dans des explications techniques plus poussées autour du denim selvedge, la logique veut que l’on aborde premièrement l’aspect historique. On plante le décor : nous sommes à la fin des années 1800, et les métiers à tisser sont capables de produire des tissus sergés dont le tissage est extrêmement serré, donnant des lais longs et fins (75 cm de large). Ces machines provenant de chez Sulzer Ruti en Suisse, Picanol en Belgique, Dornier en Allemagne ou Vamatex en Italie permettent de renforcer l’extrémité latérale du tissu afin qu’il soit plus solide. Pour distinguer leur tissu de celui des autres usines, certains fabricants américains appliquent à leur tissu un liseré de couleur. Ainsi, historiquement, Levi’s a commencé à utiliser du rouge, Lee du jaune et Wrangler du vert. D’ailleurs, le fait que l’on retrouve aujourd’hui majoritairement des liserés rouges sur les denims selvedge s’explique pour la raison suivante : les premiers japonais ont importé des jeans Levi’s pour les copier avant de devenir les premiers producteurs de denim selvedge.
Les grandes usines de fabrication de tissu denim, face à l’expansion industrielle et sociale d’après-guerre (les Trente Glorieuses) et surtout face à la demande croissante de vêtements en denim, durent abandonner petit à petit leurs machines. Elles ont alors eu recours à de nouvelles machines produisant du tissu de moindre qualité, mais en quantité deux fois supérieure (notamment en largeur). Exit le selvedge, finie la teinture indigo naturelle, et bienvenue à la production de grande échelle, au tissu moins solide, à la coloration synthétique, au sablage, au délavage et à la pierre ponce !
Le denim selvedge, un tissu déjà plus long à produire, qui nécessitait plus de mètres de tissus, fut alors abandonné. Il réapparut dans les années 80, alors que les premiers japonais avaient déjà commencé à importer des anciens métiers à tisser et à produire leur propre tissu dès l’après-guerre. Alors qu’aujourd’hui, le denim selvedge regagne en popularité, sa présence n’est pas forcément toujours signe de haute qualité et ne justifie pas forcément un prix plus élevé. D’autres caractéristiques entrent cependant en compte : quelle est l’origine de la toile ? D’où provient-elle ? Où a été fabriqué le denim ? Quel est le poids de la toile ? Est-il sanforisé (procédé visant à limiter le rétrécissement du tissu) ? Etc.
3. Quelles sont les caractéristiques d’un jean selvedge ?
L’avantage majeur du denim selvedge reste le tissage plus serré et bien plus dense que les denims génériques. Si un jean selvedge brut a un toucher plus rigide lors des premiers ports, il finira par se détendre et offrira un confort incomparable ! Les vieux métiers à tisser permettent de créer également des variations, une texture, des imperfections d’un laize de tissu à un autre, et ce pour le bonheur des puristes. Pour le producteur, l’utilisation de ces rouleaux de tissus à bords renforcés permettent de limiter les pertes et chutes de tissus perdues lors du processus de fabrication. De plus, en comparaison à son cousin le non-selvedge, le selvedge offre une résistance supérieure aux chocs et frottements induits par des conditions de travail. L’avantage d’une toile de denim brut est qu’au fil des ports et des lavages, elle va se délaver, se patiner, perdre des pigments d’indigo, la rendant alors unique !
Vous l’aurez donc compris, même s’il existe des exceptions, les jeans faits à partir de tissus selvedge sont de bien meilleure qualité, car ils sont plus solides et veilleront bien mieux qu’un jean lambda. Bien entendu, ils sont aussi plus chers ! Aujourd’hui, les adeptes et les puristes trouvent un intérêt particulier dans leur capacité d’évolution ! En témoigne l’indigo qui s’estompe pour laisser des traces d’usures ou encore la matière qui s’assouplit. Pour eux, il s’agit même d’une pièce quasi organique, qui ne sera unique qu’à partir du moment où elle aura ses cicatrices, ses tâches et racontera en quelque sorte sa propre histoire !
4. Les fabricants de toiles selvedge à connaître
Concernant les jeans selvedge, on n’a pas forcément les moyens de détailler la réelle qualité de chaque denim, car il faudrait pour cela visiter tous les ateliers de tissage du monde. Par contre, on peut évoquer les filatures les plus prestigieuses, et en d’autres termes les plus fiables.
A. Les États-Unis, le berceau du denim selvedge
On commence avec l’historique usine de denim Cone Mills (à Greensboro, aux États-Unis), qui était le fournisseur historique de Levi’s, mais qui a malheureusement cessé son activité en 2017. White Oak fournissait encore des toiles pour Levi’s Vintage Clothing ou encore d’autres labels plus confidentiels comme Norse Projects. On préfère le mentionner, car il reste la possibilité de trouver encore ce type de denim en offre de seconde main et ce n’est pas (encore) trop rare pour le moment. De plus, il y aurait appararemment encore de nombreux rouleaux de denim de chez Cone Mills. En parallèle, il existe des marques de jeans américaines telles que Blue Owl, Gustin, Williamsburg ou encore Brave Star, qui produisent encore des jeans selvedge aux États-Unis. Ce pays reste une source fiable au niveau des jeans selvedge. On peut difficilement être déçu ! D’ailleurs, sans parler forcément de selvedge, on constate un certain engouement pour les jeans Levi’s vintage made in USA ces derniers temps !
B. Le Japon et le denim selvedge, une histoire d’amour depuis un demi-siècle
Comment parler de jeans selvedge sans mentionner le Japon ? Le pays du soleil levant est le fief du jean brut indigo confectionné dans de belles et irrégulières toiles selvedge. Il est difficile de s’y retrouver avec les différentes filatures japonaises, donc on va tenter d’éclairer le sujet. On commence avec Kurabo, une maison fondée il y a plus d’une centaine d’années et qui représente l’une des plus anciennes manufactures de denim du Japon. Le savoir-faire et l’héritage transmis de génération en génération est toujours de rigueur. Ainsi, on peut trouver des procédés comme la teinte à l’indigo naturel. On connaît Kurabo notamment grâce à la marque de jeans Big John.
Aujourd’hui, la filature est encore présente et travaille avec des marques telles que Baldwin, Epaulet ou encore des marques françaises comme Drapeau Noir. On peut également parler de Kaihara, une maison japonaise fondée en 1951 qui est particulièrement connue pour le Rope Dyeing. L’usine a acquis en 1990 des machines à tisser vintage pour produire leur denim selvedge ring spun. Ils ont travaillé avec Levi’s premium made in Japan ou encore APC. Parlons également de Japan Blue Group, fondé en 2005. Les marques distribuées par le groupe sont Japan Blue pour l’entrée de gamme et Momotaro pour le haut de gamme. Enfin, on pourrait aussi citer Kuroki (3sixteen, Taylor Stitch, etc.) ou encore Nihon Menpu (RRL, Edwin, etc.). Bien entendu, certains labels japonais comme orSlow ou Warehouse & Co fabriquent eux-même leurs propres toiles selvedge.
[Article rédigé en 2013 par Romano | MAJ par Gurvan en 2022]
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