Icône de mode #5 : Steve McQueen
Il a beau s’en être allé depuis maintenant 35 ans, son impact sur la mode n’a pas diminué. Au contraire, on pourrait quasiment affirmer qu’il n’y a aucune personnalité qui ait autant marqué son époque et celle d’après dans de si nombreux domaines. Son statut d’icône, il se l’est forgé au cinéma avant tout, faisant passer Hollywood et ses étoiles dans un stade supérieur en terme d’impact sur la société. Sa notoriété, il se l’est faite dans une époque d’après-guerre durant laquelle les citoyens se cherchent des héros pour se rattacher à toutes leurs qualités de bravoure, de courage et de témérité. Steve McQueen faisait partie de ces modèles et il a su s’adapter aux différents changements de la société pour perdurer dans le temps. Voici l’icône de mode numéro 5 :
Steve McQueen (1930-1980)
1930 : Le 24 mars, William Terence McQueen, voltigeur aérien et Julia Crawford, une prostituée (alcoolique) donnent naissance à un enfant nommé Steve. Le père s’en va six mois après sa naissance.
1933 : Steve est envoyé à Slater, dans le Missouri, chez ses grands-parents Victor et Lillian car sa mère ne peut pas s’occuper de lui
1938 : Il retourne vivre avec sa mère et son nouveau compagnon à Indianapolis. Ne s’entendant pas vraiment avec lui, il fugue et vit dans la rue dès 9 ans.
1944 : Après de nombreux aller-retours entre les deux familles, il est placé dans une école de garçons, la “California Junior Boys Republic” qui le rendra plus mature.
1946 : A 16 ans, il rencontre deux marins et décide de s’engager dans l’armée après avoir exercé de nombreux petits boulots.
1952 : Il commence à prendre des cours de comédie après avoir “apprécié son temps passé dans la Marine” et joue dans sa première pièce de théâtre.
1954 : Avec ses premiers cachets, il s’achète sa première Harley-Davidson et commence parallèlement à jouer pour dans des séries TV.
1955 : Steve McQueen part à la conquête d’Hollywood et enchaîne les petits rôles.
1958 : Il décroche un rôle dans la série télévisée “Au nom de la loi” diffusée sur le réseau CBS, son premier rôle majeur.
1960 : Steve apparaît au casting des “7 Mercenaires” aux côtés de Yul Brynner, Robert Vaughn ou encore Charles Bronson dirigés par John Sturges. Ne pouvant pas assister au casting à cause de ses obligations pour la série TV, il prétexte un accident de voiture.
1963 : Sa première tête d’affiche se nomme “La Grande Evasion”, film dirigé par John Sturges dans lequel il joue un officier tentant de s’échapper d’un camp allemand. Il convainc le réalisateur de tourner une scène d’échappée à moto malgré l’absence d’assurance. Son premier succès au box-office qui le fera connaitre auprès du public.
1968 : Cette année, Steve McQueen tourne deux de ses films les plus célèbres ; “L’Affaire Thomas Crown” et “Bullitt” pour lequel il obtiendra sa première nomination aux Oscars.
1970 : Il participe aux “12 Heures de Sebring” au volant d’une Porsche 908 et tourne l’année suivante le film “Le Mans”, un drame avec en toile de fond la course automobile.
1972 : Sur le tournage du film “Guet-Apens”, il rencontre sa deuxième femme Ali MacGraw.
1974 : Paul Newman et Steve McQueen sont réunis à l’affiche de “La Tour infernale”. C’est la première fois qu’un film réunit deux acteurs de si haute volée. Il sont à l’époque les deux mieux payés d’Hollywood.
1980 : Malade d’un cancer du poumon, ses prestations cinématographiques se sont faites rares, il tourne tout de même dans un dernier film nommé “Le Chasseur” avant de mourir l’année de sa parution, à 50 ans.
Le style Steve McQueen
La grande évasion
Sorti en 1963, la “Grande Evasion” est le premier film qui voit Steve McQueen en personnage principal, le faisant alors changer de statut aux yeux du grand public. Il y joue un pilote de l’US Air Force tentant de s’échapper d’un camp où sont fait prisonniers des soldats d’armées ennemies à l’Allemagne durant la 2nde Guerre Mondiale. Son style dans ce film n’est pas très poussé, mais les bases sont posées avec une échappée en moto mémorable qu’il a lui même suggéré au réalisateur. C’est en t-shirt, chino beige et bottes de moto que McQueen est la plupart du temps habillé dans le film. Plus que ça, on retient le style de leader charismatique, de héros qui contribuera à lui donner son surnom.
Le Kid de Cincinnati
Amateur de cartes, Steve McQueen est à l’affiche du “Kid de Cincinatti” en 1965. On l’y retrouve avec une “double carte” : as du poker et séducteur. Outre les phrases mythiques qui circulent aujourd’hui encore sur toutes les tables de jeux (bien qu’elles aient été en partie remplacées par celles de “Les Joueurs”), Steve confirme son goût vestimentaire après quelques films. On l’y voit sortir une panoplie encore très actuelle (et il y est en partie responsable) : blouson en cuir avec pull col rond, blazer en tweed, chemise en chambray et cardigan à col
L’affaire Thomas Crown
1968 est l’année de McQueen car il y sort deux de ses films les plus mythiques dont “l’affaire Thomas Crown”. Il se meut alors en homme d’affaires riche et blasé par la vie préparant un grand braquage pour se distraire. Il est alors au sommet de son élégance portant de nombreux costumes trois-pièces comme ceux des deux premières images : le premier à fines rayures et le second à carreaux, généralement finis par des chaussures à boucles (dont il était adepte). Mais avant tout, c’est dans cette apparition qu’il montre à la face du monde son addiction pour les lunettes Persol avec ce modèle pliable depuis devenu mythique : la 714S. Enfin, on est pas mal au niveau des tenues casual avec encore ici quelques pièces iconiques comme le blouson Harrington et cette subtile silhouette finie d’un trench à boutonnage simple.
Bullitt
La même année sort “Bullitt”, film dans lequel Steve McQueen est accompagné de la sublime Jacqueline Bisset. Il est alors totalement dans son élément, jouant ce rôle de flic brusque et traquant la mafia a grand coups de flingues et de courses poursuites endiablées dans sa Ford Mustang GT. L’esthétique du film est fidèle à l’image qu’à le public de McQueen ; un mec à la cool un peu rustre et qui n’a pas froid aux yeux. Chose vestimentaire notable : il ne quitte pas ses chukka boots en daim marron d’une semelle, son col roulé marine, sa veste marron avec patch sous les coudes et sa Benrus (inutile de mentionner le modèle des lunettes de soleil)… intemporel !
Guet-Apens
Ce n’est certainement pas son film le plus important, mais surtout le tournage sur lequel il a rencontré sa deuxième femme Ali MacGraw. Nous sommes en 1972, et il y joue Doc McCoy, un gangster poursuivi par ses comparses après un braquage. Tous les ingrédients des films de McQueen sont réunis : des flingues, des poursuites en caisse et ce style costume-cravate-chemise blanche qu’il porte tout au long de l’histoire.
Le Chasseur
C’est le dernier film dans lequel McQueen a tourné avant sa mort prématurée en 1980. Malgré le changement d’époque, on reste sur les mêmes bases et il y joue un truand danger du volant. Son look est plus qu’actuel avec un bomber MA-1 porté sur une chemise, un jeans et des baskets.
Dans la vraie vie
Les différents costumes des rôles qu’à joué Steve McQueen ont une grande influence sur son style de tous les jours. Par ailleurs, sa jeunesse tumultueuse et son attrait pour les belles mécaniques ont fait que Steve a pris goût aux belles choses de la vie. Il est donc toujours rasé de près et porte une coupe courte qu’il ne coiffe sur le côté que pour les besoins de ses films. Il ne reste pas moins un amoureux de la nature et de belles mécaniques, n’hésitant pas ou s’engager dans des rallyes et safaris automobiles bien boueux ou des sorties en plein air.
S’il est capable de se fondre dans des personnages très élégants pour ses films, Steve McQueen ne s’habille pas vraiment de cette manière là tous les jours. Le reste du temps, son style est un mélange entre celui du cow-boy, du coureur dans le paddock et l’aventurier. On trouve ainsi de nombreuses pièces en denim (chemises, vestes, jeans), des pièces en grosses mailles, des blousons courts et aux pieds, généralement des boots (chukka, bottes de moto, desert boots). Nombreuses sont les pièces qu’il a rendu mythiques, on pense bien sur aux lunettes Persol 714, mais également à la Rolex Submariner, les chukka boots avec semelle en gomme ou encore sa vieille veste en jean qu’il ne quittait que rarement.
Vers la fin de sa vie, Steve McQueen ne se rasait plus et avait perdu beaucoup de poids, alors rongé par un cancer du poumon. Il continuait cependant d’avoir du style comme ici en chemise à carreaux, jeans et baskets en toile sur sa très belle Harley… Aujourd’hui certains appelleraient ça “hipster” !
Une icône dépassant le cinéma
Un des acteurs les mieux payés de son temps, Steve McQueen était aussi appelé “the King of Cool” (le roi du cool). Ses contributions à l’histoire du style masculin resteront éternelles car c’est lui qui a rendu le vêtement décontracté cool, qui a donné au style sportswear américain ses lettres de masculinité. Alors oui, les costumes trois-pièces lui allaient comme personne, mais c’était lorsqu’il chevauchait sa bécane et portait un jeans usé qu’il se sentait le plus dans son élément, et ça transparait. Clairement, c’était l’homme qui portait le vêtement et pas le contraire, ce que les anglo-saxons appellent “effortless style”, le style sans faire d’efforts, pas calculé.
A vrai dire, il n’apparaît rien d’impressionnant ou de particulièrement excentrique dans son style lorsqu’on le regarde aujourd’hui, car il ne porte en fait que des basiques. Premièrement, ils n’en étaient pas à l’époque et il a en partie contribué à rendre toutes ces pièces de vrais classiques du look casual masculin. Mais également son attitude générale qui l’a élevé au rang de mythe culturel. Car son attitude de tombeur un peu badboy tranchait avec celle des jolis minois bien rasés et bien coiffé de la génération précédente (voir notre icone de mode #1 : Cary Grant). La conséquence directe, c’est que dans cette période de grand changement culturel des années 60, il fut en quelque sorte la figure de proue de toute une génération d’hommes cassant les codes du classicisme et du savoir être masculin.
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