Les jours heureux

Depuis un an et l’onde de choc provoquée par le covid, une bonne partie d’entre nous n’a plus besoin de s’habiller. Attention, par s’habiller j’entends, choisir une tenue. Ceux qui pensent que la crise les dispense de pantalon, vous êtes les voisins tout nus dont tout le quartier parle, sachez-le. S’habiller, c’est choisir ce que l’on veut faire transparaître de soi aux autres. Force est de constater que l’engouement matinal provoqué par le fait de s’habiller a périclité à mesure que les réunions zoom augmentaient. Pourquoi s’habiller s’il n’y a personne à qui se montrer dans ses plus beaux apparats ? Alors oui, on peut se vêtir pour soi. Prendre le temps de choisir sa tenue, la modifier, essayer des combinaisons inédites. Mais cela ne dure qu’un temps. Les habits sont aussi faits pour être vus par les autres et, quoi qu’on en dise, lorsque l’on aime s’habiller, on aime le partager.

Heureusement, à mesure que les saisons défilent, il me semble que nous apercevons le bout du tunnel. Et soyons clair, RIEN ne viendra gâcher notre retour à la liberté. Liberté que nous allons chérir plus que jamais et exprimer à n’en plus pouvoir. Première terrasse, premier cinéma, premier restaurant : autant d’occasions, d’enfin, faire briller la sape. À l’aune de ces jours heureux, j’ai concocté un look empreint de cette joie (presque) retrouvée.

Une tendance se détache de plus en plus nettement ces derniers mois : le vintage américain couplé avec des pièces de rebus militaire. Difficile d’en juger par ce que l’on voit dans la rue, mais en ouvrant les magazines, et en analysant les books des marques pour le printemps-été, nul doute que les US ont le vent en poupe. À commencer par Levi’s. Les vieilles toiles valent de l’or et les nouvelles ont toujours autant la côte. C’est pourquoi j’ai choisi de porter l’un de leurs modèles issu de la gamme premium. Placée juste au-dessus de l’entrée de gamme, elle rend hommage aux jeans antérieurs aux années 70. On retrouve le nom de la marque écrit avec un « E » majuscule et l’étiquette est en cuir. Pour la coupe, j’ai choisi un 512 que j’ai fait couper pour ne pas avoir à faire d’ourlet. Depuis longtemps je porte des pantalons assez slim, c’est la coupe qui m’allait le mieux jusqu’à présent. Après une année en bonne partie chez moi, j’ai ressenti le besoin d’être plus à l’aise dans mes pantalons. En l’occurrence, le 512 me donne un peu plus d’espace au niveau des cuisses. Sinon, le 501 aurait également été un très bon choix pour cette tenue !

Pour le haut, j’ai choisi de faire un peu de layering, c’est-à-dire superposer plusieurs couches de vêtements. De cette façon je peux jouer avec les textures et donner un peu de relief à mon look. Et au fil de la journée il est facile d’enlever ou d’ajouter des vêtements. Première couche : une chemise, pour la terrasse en plein soleil. Elle vient de chez ADRESSE et donne un petit côté Dolce Vita à la tenue. Avec son col officier elle n’est pas trop voyante lorsque j’ajoute par-dessus mon sweat Asket. Là encore, c’est l’Amérique qui parle. Il faut savoir que l’un des premiers sweat au monde – et le plus célèbre – est signé de la marque Champion. Celui que je porte est très proche du modèle emblématique et il a l’avantage d’être un peu moins sportswear. Pour la chemise, il est préconisé de la faire dépasser nonchalamment du sweat. Ça structure le look en créant un jeu de matières, reliant le haut et le bas de la tenue.

Rien ne gâchera ces premiers instants de liberté. Pas même une brise fraiche, à l’ombre d’un platane, sur une place remplie de badauts, venus admirer la réouverture des bars. Je m’équipe donc d’une surchemise Figaret à porter sur le sweat. Elle est évidemment verte, avec des poches poitrine, pour faire un rappel à l’univers militaire. Une authentique jungle jacket aurait également pu faire l’affaire, mais parfois il faut choisir la simplicité. Et cette surchemise fait parfaitement le job. Enfin, j’ajoute un foulard de chez Portia. Il est bordeaux et contraste avec le pull et la surchemise. Et ceux qui me disent que les foulards c’est pour les scouts, n’oubliez pas qu’à sa création c’était un mouvement militaire, et c’est exactement ce qui m’inspire ici. On a donc quatre couches, quatre textures et quatre pièces différentes : c’est un layering réussi. Si l’envie vous prend, ou que vous habitez Lille, une doudoune sans manche bien épaisse – bleue marine ou de la couleur du foulard – dégottée dans une friperie, peut s’ajouter à la tenue.

Pour ce qui est des chaussures, j’ai choisi une paire de derby Kleman. Cette fois-ci c’est la France qui est à l’honneur puisque leur fabrication est hexagonale. Mais rassurez-vous, la semelle commando certifiée antichoc sent bon le workwear US. La couleur aubergine permet de faire un beau contraste avec le pantalon écru et rappelle la teinte du foulard que je porte autour du cou.

En plus de mon bandana, je porte des lunettes de soleil Oliver Peoples. Les verres fumés donnent un petit air de luxe à la tenue. On veut du vintage et du militaire, mais je ne serai pas les pieds dans la boue cet été, croyez-moi. Au poignet je porte une Timex, une américaine donc. Très franchement, je suis assez bluffé par les choix de la marque en termes de design. Timex propose aujourd’hui de très belles montres originales, très bon marché et sort franchement son épingle du jeu dans sa tranche de prix. Je garde également ma bague de tous les jours, une chevalière en argent avec une pierre œil-de-tigre.

Me voilà fin prêt pour ce grand moment que nous attendons tous. Le 19 mai au matin, ma tenue m’attendra bien sagement sur ma chaise de bureau. Prête à être enfilée pour célébrer un retour à une vie un peu plus normale. Une vie où le jean reprendra son trône au jogging. Et ce dernier nous remerciera d’atterrir dans le bac à linge sale après cette année éprouvante, pour lui, comme pour nous.

Chemise ADRESSE
Sweat Asket
Surchemise Figaret
Jean Levi’s
Chaussures Kleman
Bandana Portia 1924
Montre Timex