En répétition

Quand on est adolescent, il me semble que l’intérêt d’une petite ville de province dans laquelle il se passe peu est que tout ce peu est finalement centralisé au même endroit. Mes souvenirs sont plus intenses qu’exacts, mais je pense avoir 14 ou 15 ans la première fois que je pousse la fameuse double porte d’une salle de répétition. Cette double porte avec sas permet d’insonoriser le studio certes, mais pour moi à l’époque, c’est un double coup de foudre, une double réflexion, le sens pratique n’exclut pas la poésie, je m’explique : d’un côté du sas, une porte où je découvre la solitude, la recherche d’inspiration, l’intériorité par la musique et de l’autre côté du sas une autre porte qui mène à la sociabilité d’un lieu de vie, d’un lieu de nuit, de rencontres, d’agitations, de séductions, de fêtes et forcement aussi de mode, de looks plus au moins assumés, plus ou moins codifiés. Tout est là, mon amour de la solitude et mon amour d’un esprit mondain dans un même bâtiment, juste séparés par une double porte habillée d’une moquette au parfum cendrier. J’ai 15 ans, je découvre tout ça dans une densité électrique, un feu des possibles, l’être et le paraître liés par un sas et deux portes. Alors en arrivant à Paris, j’ai cherché un lieu ressemblant à la chaleur de ma Bourgogne, et j’ai trouvé le studio Campus, que je vous propose de visiter à travers la conception d’un look.

Au départ de ce look, il y a l’envie de créer un blazer sur-mesure chez Tailor Trucks, une marque testée et appréciée chez Comme un camion. Dans les traces de Joe dit “le démonte-pneu” et de Rody dit “le roux de secours”, je foule l’entrée de la boutique rue de Wagram, avec l’esprit du pire des clients, celui de l’indécis, j’aime le sur-mesure aussi pour cette raison, je veux me laisser un peu guider pour voir ce que ce Tailor Trucks a sous le capot avant de faire un choix.

On discute références visuelles, un peu de cinéma, un peu de mode, un peu de photos, et je finis par tomber sous le charme d’un tissu en laine mérinos et cachemire de la maison Loro Piana dont on sait le prestige. Carreaux Prince de Galles pour l’esprit vintage, flanelle laine pour le confort hivernal, mais aussi un aspect brillant pour la modernité, que je trouve, personnellement, très à l’italienne, à l’opposé d’un tissu rugueux, laine bouillie et grosse maille, au contraire on a là quelque chose de très lisse, très soyeux, flanelle ! En sur-mesure on cherche l’équilibre ou la concession de tout ce qu’on aime et là je suis conquis. Pour l’arrière, je choisis une double fente, plus confortable, qui renforce aussi le sentiment de cintrage de la veste. Pour la doublure, j’opte pour un gris plus clair, assez sobre, qui change des doublures très colorées qu’on retrouve souvent sur les costumes à carreaux, et enfin pour les boutons, je me laisse tenter sous les conseils de Tailor Trucks par du nacre, j’ai un peu peur mais je suis excité par les choix que j’ai fait. Il faut attendre.

A réception un mois plus tard, le résultat est superbe, le blazer tombe parfaitement sur les épaules, le cintrage est excellent, le tissu est satiné, très doux au toucher, l’ensemble très élégant. Pour ce qui est de mon léger doute sur les boutons, un juste milieu entre voyant mais sans être tape à l’oeil, superbe!

Maintenant que porter sous cette veste ? Je pense qu’on en reparlera mais je suis accro au col roulé, j’angoisse les premiers soleils et je n’aime guère l’été, j’aime l’hiver et mon col roulé. Je me souviens d’une conversation avec un ami, lui expliquant ô combien aussi, j’aimais les femmes en col roulé, Stop ! Le problème étant, il n’est pas si facile de trouver un très beau basique noir. Avec l’aide des camionneurs, j’ai fini par essayer ce modèle de la marque Maison Standards en laine 100% mérinos, cousu en point Jersey, d’un confort absolu. Très fin, certes, mais c’est exactement ce que je cherchais pour ne pas casser les lignes cintrées du blazer. En tout cas, je vous le dis, il me semble avoir trouvé le Prince de mon addiction.

Pour le pantalon, j’ai choisi la marque Sandro, que je connais mal mais qui, il faut le dire, créé toujours de belles pièces, basiques et chics. S’habiller intégralement en noir est toujours d’une complexité sans nom, et ce pantalon coupe droite, légèrement taille haute a l’avantage d’un noir dense (assez proche du pull). Je trouve la coupe élégante, un pantalon équilibré, à la fois formel mais qui ne manque pas de style. Pour marquer la taille, j’ai choisi une ceinture Pied de Biche en velours.

Pour les bottines, j’ai tout de suite pensé à Phillipe Zorzetto, j’adore le modèle Mario avec talons cubains. Au-delà de la beauté et de la grande qualité de fabrication, il y a autre chose, il y a ce je-ne-sais-quoi, ce mystère de la bottine qui influence un sentiment des plus plaisants, on gagne en élégance, on s’allonge par la finesse du pied, l’esprit magique du danseur flamenco, je ne saurais pas dire autrement, ces bottines ont le “Duende”.

Enfin, pour terminer mon look, des bagues ! Si j’entends l’un de vous parler d’accessoires lorsqu’on parle bagues, je sors la carabine… Pour ceux qui auraient vu mes autres articles, vous avez pu voir les trois bagues que je porte tous les jours, ne m’abandonnant ni pour dormir, ni pour la douche. Mais pour ce look, j’ai décidé de compléter ma petite collection personnelle par deux nouveaux bijoux en argent massif de la marque SoulFetish. D’abord le modèle Monostatos avec pierre oeil de tigre, un modèle imposant, de caractère et un autre modèle porté à l’auriculaire, nommé Gloria, une belle frise gothique, très fine. SoulFetish est une marque pensée dans la tradition du bijou, dans ce qu’il peut avoir de fétiche, de symbolique, de spirituel et même d’ésotérique, chaque bijou est fabriqué à la main, et provient d’abord d’une sculpture sur cire. Dans un esprit de lien avec l’artiste, le bijou est garanti à vie.

Veste Tailor Trucks
Pull Maison Standards
Ceinture Pied de biche
Pantalon Sandro
Bottines Phillipe Zorzetto
Bagues SoulFetish
Merci au Studio Campus pour son accueil en toute discrétion.
Crédit photo : Florie Berger