Atelier Jalaper AJ-P400, la montre qui intègre une pièce de Lamborghini Miura

Dans mon ancienne vie de journaliste pour un autre magazine masculin, j’avais rencontré Louis Jalaber et Simon Szleper, les fondateurs d’Atelier Jalaper, dès le lancement de leur marque en 2020 avec un premier modèle détonnant baptisé “AJ-001”. Ce qui avait attiré mon attention à l’époque ? À part son style, c’est aussi son histoire qui faisait écho à mon âme de passionné d’auto : son cadran était fabriqué à partir d’un morceau de capot d’Aston Martin DB5, “LA” voiture de James Bond. Et je me souviens très précisément leur avoir dit, à la fin de mon interview : “la prochaine c’est la Miura ?” et, devant le sourire en coin des deux jeunes entrepreneurs, je comprenais que j’avais fait mouche. Il aura fallu attendre trois ans pour voir un nouveau modèle débarquer au catalogue d’Atelier Jalaper et, comme je l’avais prophétisé (oui, je me lance des fleurs, un problème ?), le cadran de cette “AJ-P400”, son petit nom, est découpé dans une pièce de la mythique Lamborghini Miura. Son nom est d’ailleurs une référence au sigle de cette auto qui est considérée comme la première supercar.

Une voiture mythique

Il est temps de s’arrêter 2 secondes et de parler un peu voiture. Ça fait du bien non ? Si la Miura a autant marqué l’histoire, c’est parce qu’elle sort en 1966, animée par le fameux V12 Bizzarrini, moteur joueur par excellence, et dessinée par Bertone. À cette époque, on a jamais vu ça, et Ferruccio Lamborghini réussit alors son pari : celui de faire enrager son rival Enzo Ferrari en sortant la vraie première supercar avant lui. La recette fonctionne, propulse la marque au taureau sur le devant de la scène et tout le gotha veut sa Miura. Elle devient vite une star de cinéma dans “L’or se barre” et, presque 60 ans après ses premiers tours de roue, son aura est toujours intacte. Le cinéma, le design, la révolution mécanique, les prix qui s’envolent aux enchères… Ça fait quand même beaucoup de points communs avec l’Aston Martin DB5. Pas un hasard, donc, si Atelier Jalaper a jeté son dévolu sur la belle italienne pour son deuxième modèle de montre.

Pour ceux qui s’apprêtent à crier au sacrilège, pas de panique : la matière première, Louis et Simon sont allés la chercher chez les pompiers. En fait, il s’agissait d’une Lamborghini Miura dévorée par les flammes sur laquelle Atelier Jalaper est venu prélever des morceaux de carrosserie en aluminium pour les retravailler et en faire des cadrans pour leur “AJ-P400”. Mais ce n’est pas le seul élément qui lie la nouvelle montre des deux compères et la sportive de Sant’Agata Bolognese. La forme du cadran est calquée sur celle des phares de la Miura, les index reprennent la police d’écriture de son compte-tours (d’ailleurs, le chemin de fer n’est pas complet, comme… sur un compte-tours !) et le fond transparent est fumé comme un rappel au destin funeste de l’automobile donneuse.

Atelier Jalaper “AJ-P400”, une Miura au poignet

Mais “LE” détail qui fait tout le charme de cette tocante, c’est son contour de cadran anodisé. En effet, la couleur de ce dernier est différent sur les 4 versions de cette “AJ-P400” d’Atelier Jalaper, proposée en édition limitée à 400 exemplaires par couleur. Des teintes qui n’ont pas été choisies au hasard, puisqu’elles sont identiques aux quatre livrées les plus emblématiques de la Miura : orange, “Arancio Miura”, la plus célèbre, noir “Nero Cangiante”, le plus sobre, bleu “Azzurro Mexico” et, mon préféré, le fameux vert Lambo, “Verde Scandal”. Déterminer le Pantone exact de cette dernière a demandé, selon nos sources (Louis Jalaber himself), énormément de travail, mais les fondateurs ont été aidés par un collectionneur qui possédait une Miura verte.

Cette “AJ-P400”, peu importe la couleur, est équipée d’un boîtier en acier 316L qui alterne finitions polies et satinées, d’un diamètre de 39,5 mm. Le tout couvert par un verre saphir à l’avant et un verre minéral à l’arrière et étanche à 50 mètres. Elle est montée sur un beau bracelet en cuir de veau, dont le design sixties rappelle la sellerie de la Miura. On aime beaucoup la boucle déployante, qui semble bien robuste mais sans trop forcer, un détail qui permet souvent de déterminer la qualité des finitions d’une tocante. On la voit bien aussi sur un bracelet marron perforé et ça tombe bien, parce que les pompes “flash” permettent de changer rapidement le bracelet.

Et la mécanique alors ? Atelier Jalaper, qui avait intégré du Miyota à son premier modèle a décidé de passer à l’heure suisse avec un Sellita SW270-1 M. Une réserve de marche de 45 heures – visible dans un indicateur en sous-cadran à 6 heures  – et une fonction date, mais surtout, surtout, un remontage manuel. C’est le plus élégant et ça permet de rapprocher encore un peu plus le propriétaire de la montre de la mécanique, faisant ainsi le pont avec l’aspect automobile de la collection. C’est beau. Beau comme le mouvement en lui-même, retravaillé par Atelier Jalaper avec une finition côtes de Genève. Bon, maintenant qu’on sait tout, parlons peu mais parlons bien. Quelle sera la prochaine auto à intégrer les cadrans de l’Atelier ? De mon côté, je mise sur la Jaguar Type E, l’AC Cobra ou l’Alpine A110. Alea jacta est !

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