Entre ce qu’était un vêtement à l’origine et la façon dont nous le portons de nos jours, il existe parfois une différence abyssale. Car la mode a remodelé des pièces iconiques au gré de l’inspiration des couturiers de renom, de l’usage des consommateurs et de l’inexorable écoulement des décennies. Le vêtement dont nous allons parler aujourd’hui fait partie des exceptions. En effet, depuis plus d’un siècle, le design de la vareuse est resté quasi inchangé. C’est tout ce qui fait l’attrait de ce vêtement estampillé marin et qui donne le goût du large. Mais d’où vient-il ? Quelles sont ses caractéristiques et comment a-t-il débarqué dans nos dressings ? C’est tout l’objet de cet article !

Photo issue du site de Le Glazik.

Sommaire :

1. La vareuse, un vêtement de travail
A. Un vêtement né dans les ports bretons
B. La vareuse, largement adoptée par les marins et pêcheurs
C. La vareuse pour homme : pensée pour le métier de pêcheur

2. La vareuse, un vêtement de mode
A. La haute bourgeoisie et les vêtements marins
B. Années 1960 : la vareuse devient objet de mode
C. Années 2010 : la vareuse, star des friperies

1. La vareuse, un vêtement de travail

A) Un vêtement né dans les ports bretons

Tout débute dans les ports bretons. À l’origine, cette blouse était fabriquée par les marins eux-mêmes. Ils procédaient avec ce qu’ils avaient sous la main : à savoir les chutes de voiles de leur bateau. Et pour en assurer l’étanchéité, certains marins enduisaient le vêtement d’huile de foie de morue. Même si le procédé est alors artisanal et pas très bien réalisé, cela permet de jeter les bases de ce que sera la vareuse : une pièce très résistante et fabriquée dans un épais drap de toile. La fonction de ce vêtement se trouve dans son appellation : vareuse vient du mot d’ancien français “varer” qui signifie s’abriter. Mais c’est également un signe d’appartenance puisque chaque port avait sa couleur de vareuse attitrée. De plus, au fil du temps, ce vêtement se patine : ce qui permet de reconnaître d’un coup d’œil l’ancienneté d’un marin !

B) La vareuse, largement adoptée par les marins et pêcheurs

Petit à petit, cette blouse est adoptée par de nombreux marins et des pêcheurs au-delà de la Bretagne. Ainsi, lors des missions en Terre-Neuve (au large du Canada) pour pêcher de la morue, des marins bretons ainsi que des Basques portent la vareuse. Ce vêtement s’institutionnalise en 1874, lorsque la Marine Nationale habille ses matelots et quartier-maîtres avec. Mais celle-ci est alors réalisée dans un drap de laine bleu marine.

Vareuse authentique Le Glazik. Photos issues de notre test.

C’est finalement en 1911 que la vareuse prend la forme qu’on lui connaît encore actuellement : taillée dans la toile avec une coupe plus ajustée, un large col en V, pas de doublure et peu de longueur. Puis, l’essor des ateliers de fabrication bretons (tels que Le Glazik) va permettre de créer des vareuses à plus grande échelle, de façon uniformisée et avec un véritable savoir–faire. La marque Le Glazik revient sur ce qui a fait le succès de cette pièce :

La vareuse est un vêtement fonctionnel, adaptée au travail en mer, pensée et fabriquée par des gens de mer. C’est pour cela que son tissu est si résistant et qu’elle est dotée de nombreuses caractéristiques qui répondent aux besoins des pêcheurs et des marins. Aujourd’hui encore, est encore portée par des pêcheurs ou plaisanciers à voiles. 

C) La vareuse pour homme : pensée pour le métier de pêcheur

La vareuse possède certaines caractéristiques spécifiquement liées au métier de pêcheur. Par exemple, le bouton de fermeture du col ainsi que les 2 poches se situent à l’intérieur du vêtement pour éviter de s’accrocher à des cordages ou des filets. À quoi servaient les poches ? On raconte qu’une servait à stocker un carnet, dans lequel on notait la pêche du jour, et l’autre à garder au sec son tabac. On trouve également un empiècement sur le dos afin de renforcer l’épaule, une partie très sollicitée par le port des sacs de jutes et des filets de pêche. La vareuse a également la particularité d’être réversible : une face pour la mer (poches à l’intérieure) et une autre pour la terre, histoire d’être présentable de retour au port. Ce sont alors les prémices de la vareuse en tant que vêtement du quotidien.

Vareuse en drap de laine Le Minor.

2. La vareuse, un vêtement de mode

A) La haute bourgeoisie et les vêtements marins

Lors de la seconde moitié du XIXè siècle, les tenues de marin se démocratisent dans la haute bourgeoisie. Et en particulier chez les enfants. Ainsi, dans les années 1890, sur de nombreuses photos de classe (et de famille) de la noblesse, on retrouve des jeunes garçons habillés en tenue de marin. C’est alors un habit du dimanche, adopté par des familles nobles dans toute l’Europe. En France, la création des marinières par Coco Chanel, dès 1917, marquera un tournant dans la popularité de ce style. Et la bourgeoisie française adoptera, au fil des années, de nombreux éléments du vestiaire marin. La vareuse ne fera pas exception même si elle restera dans l’ombre de la marinière ou du pull marin.

Une fratrie russe dans les années 1900. Crédit : Thelmaackermann – Wikimedia Commons

B) Années 1960 : la vareuse devient objet de mode

Comme souvent dans l’histoire de la mode, l’adoption par la haute bourgeoisie d’un certain style vestimentaire influence, au fil des années et au gré du travail des couturiers, ce que porte l’ensemble de la population. Mais c’est également le cinéma qui va populariser la vareuse, portée par exemple par le personnage de Maxence dans le film culte “Les demoiselles de Rochefort”.

Maxence, personnage du film “Les demoiselles de Rochefort”

À noter qu’il est vêtu d’une vareuse blanche, une pièce que l’on portait principalement en-dessous de sa vareuse de couleur. La démocratisation de la navigation, qui s’exerce désormais comme un loisir, va également permettre à un plus grand nombre d’individus de porter des vêtements marins.

C) Années 2010 : la vareuse, star des friperies

Puisque la vareuse n’est plus réservée aux vieux loups de mer, cette pièce trouve également sa place dans le vestiaire féminin. Elle est notamment retravaillée sous la forme de blouses, qui ne reprennent plus les caractéristiques de la vareuse mais seulement sa forme et son ouverture. On trouve  également cette pièce dans un design plus moderne (avec un zip par exemple) et dans une coupe plus ajustée, comme le montre la photo ci-dessous.

Réinterprétation de la vareuse par Maison Standards.

Mais, depuis plusieurs années, c’est bien la vareuse authentique qui a le vent en poupe. Avec son aspect vintage et son appartenance au vestiaire workwear elle est dans l’ère du temps. Cette pièce doit également sa popularité à sa grande résistance. En effet, il n’est pas rare de trouver, en friperie, des vareuses plus âgées que celles et ceux qui les chinent ! Pour conclure, la marque Le Glazik revient sur sa capacité à proposer un vêtement authentique et adapté à notre époque :

Nous vendons la vareuse authentique, fidèle à l’originale mais avec un volume plus actuel. La vareuse est par ailleurs un vêtement unisexe. Étant, comme tout vêtement de travail, intemporelle, elle reste toujours d’actualité. Depuis 30 ans nous la proposons en plus en coton bio, et dans + de 15 couleurs développées par Le Glazik. De nombreux urbains sont séduits par son histoire, le sens qu’elle véhicule.

Vareuse authentique Le Glazik disponible sur www.leglazik.fr

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