Les différents motifs de camouflage militaire à connaître
Si comme moi, vous êtes dans une quête perpétuelle d’authenticité dans un monde qui en manque bien de trop, il est important de savoir ce que l’on porte sur le dos. C’est là que l’histoire d’un vêtement peut être déterminante. C’est l’un des éléments qui vient justifier une pièce dans une tenue, qui permet de mettre de l’intention dans son habit. Ce n’est pas la seule manière de le faire, mais c’est celle qui aujourd’hui trouve le plus de grâce à mes yeux. Dans la mode masculine, l’histoire joue un rôle très important. Dans l’art sartorial évidemment, le costume étant une conception non pas utilitariste du vêtement, mais un moyen d’appuyer un statut social. C’est également le cas avec le workwear dont on vous a dévoilé l’histoire ici même. Enfin, l’univers militaire est à mon sens l’un des plus gros pourvoyeurs de tendances chez les hommes. Du chino (qui est à l’origine un pantalon militaire homme) au caban, en passant par le t-shirt blanc, notre vestiaire est rempli de pièces issues ou inspirées de l’armée. Ces vêtements de dotations ont souvent l’avantage d’être pensés pour convenir à un maximum d’hommes. De plus, ils sont intemporels et, qu’on se l’avoue, l’uniforme ça nous titille tous un peu !
L’une des pièces phares du vestiaire militaire, c’est la veste. On peut la trouver verte comme sur les OG-107 américaines, mais pour donner un supplément d’âme à sa tenue, on est bien tentés de porter son choix sur un joli camouflage. Et c’est beaucoup plus facile à porter qu’on ne le croit ! Le camouflage ou « camo » est tellement en décalage avec ce que l’on a l’habitude de voir que c’est un parfait poids d’équilibre dans une tenue. Par poids d’équilibre, j’entends que si l’on souhaite casser une tenue trop guindée, avec des jolis mocassins et un pantalon en laine par exemple, la veste militaire est le parfait contrepoids pour nous refaire passer dans le « cool » plutôt que dans le « pépére ». Mais bon ça, c’est selon les aspirations de chacun !
L’histoire du camouflage
Je ne vais pas vous apprendre que le camouflage, c’est pour se camoufler. La question est de savoir pourquoi on a eu besoin de se grimer de vert, de beige, de rouge ou de bleu en temps de guerre ? La (l’une des ?) réponse(s) tient à la Seconde Guerre mondiale. Avant, on avait des beaux fantassins avec leurs casques à pointe, vêtus de tenues très voyantes (comme les anglais qui portaient des vestes rouges) permettant de distinguer aisément les alliés des ennemis. En août 1914, au début de la Première Guerre mondiale, l’uniforme français était fait d’une veste bleue et d’un pantalon ROUGE. Oui oui, rouge. Autant dire qu’on s’est fait tirer dessus comme des lapins. Lors de cette même guerre, les armes se perfectionnent, leur portée et leur cadence sont accrues. Les combats, qui se faisaient « au contact », se font désormais à distance. Le but n’est donc plus de se différencier mais plutôt de se dissimuler. C’est là que naît le motif camouflage français sous les pinceaux d’Eugène Ronsin, Eugène Corbin, Lucien-Victor Guirand de Scévola et Louis Guingot. Ce dernier s’inspire du caméléon, animal qui, selon la légende, était présent en liberté dans son atelier.
Pour l’anecdote, les armées étrangères ont repris le mot français qui n’existait pas dans leur langue. Camouflage viendrait soit de « camouflet« , qui désigne un nuage de fumée, soit du verbe italien « camuffare » au sens de se dissimuler. Aujourd’hui, le camouflage visuel n’est plus aussi profitable aux armées. Les moyens technologiques tels que la vision infrarouge, les radars ou la détection acoustique, sont les outils utilisés pour repérer l’ennemi. Cependant, le vêtement s’améliore aussi avec la technologie, notamment grâce à l’usage de tissus diminuant le rayonnement thermique de celui qui le porte.
Les motifs camouflages en France
Actuellement, l’armée française fait usage du camouflage CCE. Aussi appelé « Camouflage Centre-Europe« , il est introduit en 1991 pour remplacer le TAP 47 Léopard des parachutistes et le vert armé F2 du reste des militaires. Le CCE compte quatre coloris : beige, vert, marron et noir. Ses motifs rappellent l’écorce des arbres. Côté style, c’est un motif un peu lourd et sombre qui ne conviendra pas à toutes les tenues. Mais en complément d’un look workwear, ça se tente quand même ! À noter qu’il existe la variante « Daguet », initialement utilisée pour les zones désertiques. Ce motif est composé des couleurs sable, beige, vert et brun, et est utilisé depuis 2012 par l’armée française, essentiellement lors des opérations sur le continent africain.
De 1947 à 1980, les troupes françaises étaient équipées du camouflage lézard. Un motif qui donne l’apparence d’avoir été créé à coup de pinceau épais. Sur un fond vert pâle, on retrouve des traits bruns et verts olive de manière aléatoire. Une quarantaine de pays a utilisé ou utilise toujours ce motif de camouflage. Si vous en trouvez dans une boutique de seconde main, foncez !
Les motifs camouflage en Allemagne
On commence par le Splittertarnmuster. Oui, c’est dur à dire. Mais on peut aussi l’appeler « Splittertarn » ou « Splittermuster ». Facile quoi ! C’est un camouflage développé par l’Allemagne à la fin des années 1920. Dès 1931, il est porté par la Reichswehr, bras armé de la République de Weimar (remplacée en 1935 par la Wermarcht). Sur fond beige, on retrouve des zigzag de couleur bois foncé et des polygones verts. Par dessus, apparaissent des griffures noires de manière aléatoire. C’est la nature même de ces tâches qui donne le nom de Splittertarn (motif en éclat) à ce camouflage. Depuis 1990, la Suède possède un camouflage inspiré de celui-ci. Très compliqué à trouver étant donné qu’il n’a été utilisé que pendant quatre ans en Allemagne, il est visuellement l’un des plus beaux motifs de cette sélection. Cependant, je ne me vois vraiment pas porter une veste de la Wermarcht… !
Le camouflage Flecktarn nous vient de la Seconde Guerre mondiale. Idée d’Heinrich Himmler qui, en 1937, souhaite développer un camouflage qui rapproche la Waffen-SS de la forêt. Composé de petites taches et de formes rappelant les feuilles, il est sobrement nommé « motif arbre ». Testé sur le champ de bataille, il aurait réduit de 15% les engagements adverses. Le Flecktarn est donc un succès ! En 1944, les américains ont utilisé un camouflage très similaire, mais aujourd’hui, il est presque introuvable car il ne dote à l’époque que quelques unités sur le front pacifique. Côté style, c’est franchement pas laid, mais le poids de l’histoire est quand même à considérer avant de porter ce type de motif.
Dans les années 1960, la RDA développe un nouveau camouflage très atypique : le Strichtarn. Je suis vraiment désolé de vous imposer ces dénominations fort peu latines, mais on peut également appeler ce camo le « rain » pour sa ressemblance avec des gouttes de pluie. Il est utilisé jusqu’à la réunification de l’Allemagne en 1990, puis a été repris par la Tchécoslovaquie, la Pologne, l’Afrique du Sud et l’Ouzbékistan. Dans une tenue civile, c’est à notre sens l’un des plus beaux camo que l’on peut trouver. Il est original et s’intègre très facilement à une tenue. Et puis bon, côté histoire, on est un poil plus sereins quand même.
Les motifs camouflages au Royaume-Uni
Le DPM, pour Disruptive Pattern Material, a été utilisé par nos voisins anglais à partir de la fin des années 1960. Il est à mi-chemin entre le camo lézard et le CCE des français. Sur fond beige, il est composé de taches brunes rappelant l’écorce des arbres, de vert et de noir. C’est un camouflage très répandu car utilisé par beaucoup d’anciennes colonies anglaises. Dans une tenue, on a tendance à penser la même chose que pour le CCE : il est un peu lourd à notre goût. Depuis 2010 le DPM est en grande partie remplacé par le MTP (Multi-Terrain Pattern), camouflage utilisé pendant la guerre d’Afghanistan et la guerre en Irak. Le but de ce camouflage est d’être efficace sur un maximum de terrains différents. Il est basé sur le camo Multicam des américains, réputé très efficace. Sorte de DPM en plus fin, il est très facile à accorder à une tenue.
Les motifs camouflage aux États-Unis
On aborde un gros morceau. L’armée la plus puissante du monde, au budget totalement démesuré, possède une très grande variété de camouflages. À commencer par le « Tigerstripes », un camouflage inspiré du motif lézard de l’armée française dans les années 1960. Il est principalement utilisé pour aller dans la jungle. Son nom est tiré de la similitude de forme avec les bandes du tigre, et a notamment été utilisé lors de la guerre du Viêt Nam. Côté style, c’est un motif très repris dans la mode qui se porte assez facilement.
L’un des motifs les plus connus est le M81 Woodland. Il est porté par les soldats américains, les Marines, les aviateurs et les marins de 1981 à 2012. Suite à la guerre du Viêt Nam où les combats étaient de courte portée, les américains ont choisi ce camouflage pour les futurs théâtres d’opérations européennes qui se déroulent à longue portée.
Le Desert Battle Dress Uniform est l’un des plus fameux camouflages de l’armée américaine. Il est fameux par son surnom : le chocolate-chip camouflage ou cookie dough camouflage. Ces surnoms font référence à ses motifs rappelant la pâte à biscuit aux pépites de chocolat. Conçu à l’origine en 1962 dans l’idée d’une possible intervention dans le conflit israélo-palestinien, c’est à la guerre du Golf qu’il est finalement utilisé. Puis, il fut rapidement abandonné au profit d’un camouflage plus efficace.
Le DCU, ou « Desert Camouflage Uniform« , est apparu dans les années 1990. Il est également connu sous le nom de « coffee stain camouflage« , littérallement « couleur tâche de café ». Il a été introduit pour remplacer le fameux « Chocolate-chip camouflage » dont nous parlions juste au dessus. Essentiellement porté lors de la guerre du Golfe et en Afghanistan, la mode l’a énormément repris à son compte et il est très facile de trouver des vêtements avec ce motif aujourd’hui.
Le Multicam – aucun rapport avec une technique de tournage vidéo – est un camouflage multi-environnements extrêmement efficace. Certains membres de la DGSE le portent également. Ses motifs sont légèrement fondus pour tromper l’oeil humain. Comme le caméléon, il réfléchit la couleur principale de son environnement, donc plutôt vert en forêt et beige dans le désert. Il vient remplacer un autre camouflage à la suite de nombreuses plaintes des soldats. Si son design est intéressant, sa jeune histoire fait que l’on ne trouve pas vraiment de pièces très interessantes en boutiques vintage avec ce motif.
Dernier camouflage américain : le MARPAT. C’est une révolution ! Originellement, c’est le Canada qui crée ce motif pixelisé en 2002. Réalisé à l’aide d’un ordinateur, il est repris et retravaillé par les Etats-Unis pour les Marines. Le but est d’avoir des motifs de différentes tailles permettant un camouflage à multiples distances. Camouflé avec du MARPAT, un soldat mettrait 2,5 fois plus de temps à être détecté qu’un soldat avec un camouflage plus basique. Pour l’anecdote, la première version de ce camouflage aurait coûté entre 4 et 5 milliards de dollars à produire et s’est avérée trop peu contrastée, d’où le passage au Multicam.
Les motifs camouflage en Suisse
Les Suisses ont beau être neutres, ils ont bien une armée et un camouflage qui leur est propre. L’Alpenflage était en vigueur jusque dans les années 1990 avant d’être remplacé par le TAZ90 qui ressemble au camo français. L’originalité : il possède du rouge dans ses couleurs. Idéal pour se tapir dans les feuilles mortes des forêts suisses ;-).
Les motifs camouflage en Suède
L’armée suédoise s’est inspirée de Picasso pour réaliser son camouflage de combat. Ceci est faux ! Le M90 reprend cependant des motifs géométriques vert, bleu et beige, pigments que l’on retrouve dans les forêts suédoises. Il existe dans différentes variantes, dont une version désert qui est du plus bel effet !
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