Boots Kleman Oxal V : Test & Avis

Nous sommes à la fin du mois d’avril et je n’ai rien prévu d’autre que d’enfoncer une porte ouverte : le workwear rend fou les stylistes ces derniers temps. Parce que ce n’est pas qu’un style, faire du workwear c’est presque un geste politique. C’est rendre hommage aux générations de travailleurs usés par les mécaniques des usines qui les ont employés toute leur vie. Arborer un bleu de travail c’est aussi rappeler la fierté qu’il y a à mettre les mains dans le cambouis. Et s’il y a quelques années il était encore dur de trouver des habits workwear « modernisés », aujourd’hui les marques dont c’était le cœur de métier sont en pleine lumière. Les vêtements utiles deviennent des pièces que l’on s’arrache à prix d’or (ou presque). On en vante la durabilité, le rappel à l’histoire, l’esprit vintage. Peu à peu les vestiaires se remplissent de vestes bleues, de jeans tachés d’huiles et de chaussures à la semelle épaisse comme celles que je teste aujourd’hui. Retirez votre béret, jetez ce cigario et admirez cette nouveauté de chez Kleman : la Oxal V.

Marque

Les chaussures Kleman ont une drôle de destinée. La marque est créée au lendemain de la seconde guerre mondiale par René Cléon à La Romagne à côté de Cholet. La manufacture Cléon est alors spécialisée dans la chaussure unisexe à cousu Kneipp. C’est seulement dans les années 90 que la marque prend un tournant décisif. Et pas celui que vous croyez. Manufacture Cléon se contracte en « Kleman » mais la marque ne produit toujours pas de chaussures à la pointe de la mode. En revanche elle remporte des appels d’offres de plus en plus importants. La SNCF, Air France puis les douanes françaises, les pompiers ou encore l’armée viennent s’équiper chez Kleman. On est sur le top de la chaussure de sécurité. Antiglisse, résistance à l’abrasion et tutti quanti. Mais on ne croise pas encore beaucoup de Kleman dans les rues. C’est son modèle phare, la « PRADOR » qui va faire sortir la Kleman des industries jusqu’à les retrouver sur les pavés de nos villes. Aujourd’hui la marque garde quelques modèles aux normes européennes de sécurité mais l’essentiel de sa collection est destinée au grand public.

Fiche technique

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Présentation

Les chaussures sont livrées dans une boite en carton des plus simples. Mais venant d’une entreprise qui a travaillé la chaussure de sécurité pendant vingt ans le contraire m’aurait étonné. Nos Oxal V sont emballées dans du papier de soie blanc ce qui est toujours agréable pour éviter de recevoir des chaussures avec des égratignures dues au voyage. Lorsque l’on découvre les bottines pour la première fois, sur l’une d’elles, une étiquette est accrochée rappelant le plus pur style workwear. Faut-il l’enlever ou est-ce le retour d’une mode qui a vu des hordes d’hommes se pavaner, yellow boots aux pieds, l’étiquette pendouillant à l’un des œillets ? Pour ma part je ferai sans mais c’est un rappel que j’apprécie.

Design

À première vue, ces chaussures me font évidemment penser aux boots Caterpillar portées sur les chantiers. Ne pas le dire serait renier l’inspiration évidente de cette paire. Commençons par l’élément le plus distinctif de ces chaussures : la semelle. Elle est épaisse et bien large, de quoi garantir un bon appui. Faite de caoutchouc, on y retrouve l’inscription « Shock absorber » sur le dessous. Je ne sais pas ce qu’il en est réellement mais j’aime bien l’idée d’avoir une semelle conçue pour une utilisation intense.

La tige est en cuir retourné qui semble être de qualité. Étant donné qu’elles remontent jusqu’au niveau des malléoles, on peut qualifier ces chaussures de bottines. Enfin, on retrouve une petite languette à l’arrière de la chaussure avec le nom de la marque. En clair, c’est une boot de chantier modernisée. Et c’est tout ce que l’on attend d’une marque qui se qualifie elle-même de workwear.

Conception

C’est le gros point fort de ces chaussures à mon sens. Les ateliers Kleman se situent toujours à La Romagne, à côté de Cholet, dans le Maine-et-Loire. C’est un point fort, parce que depuis que je m’intéresse à la mode, je ne cesse de voir la production portugaise prendre le dessus sur toutes les autres. Non pas qu’elle soit mauvaise, bien au contraire, mais le fait d’avoir des ateliers diversifiés garantit aussi une plus grande originalité dans la fabrication. Et puis, le made in France est, pour moi, gage de qualité.

À première vue, je ne me trompe pas pour ces boots. Je ne vois pas grand-chose à redire sur les finitions de ces Oxal V. La présence d’œillets métalliques, de coutures régulières et d’une doublure en cuir de qualité m’inspirent franchement confiance. On pourrait débattre sur le fait que les lacets ne sont pas cirés, mais selon moi cela aurait donné un goût légèrement artificiel au style workwear amené avec finesse sur ce modèle. J’émets cependant un doute vis-à-vis de la semelle. Certes, très confortable, je pense que celle-ci est simplement collée. Ce qui est un peu dommage quand on sait que ces chaussures sont censées subirent les affres d’un quotidien intense.

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Essayage

Une fois déballées, il est temps de les essayer. La première chose que je remarque c’est l’utilité de la languette arrière. Elle n’est pas là par hasard et j’espère qu’elle est bien solide car elle m’aide grandement à enfiler ces chaussures. J’ai commandé du 43, soit ma taille habituelle et je me sens très bien dans ces chaussures. À noter que j’ai tout de même de bonnes chaussettes aux pieds. La semelle est souple dès le premier port, ce qui est très agréable. Attention, ce ne sont pas des sneakers, mais le confort est là, notamment grâce à la doublure en cuir. Côté style, j’avais peur que les chaussures paraissent un peu “trapues” par rapport au reste de la tenue. Il n’en est rien !

L’avis de notre styliste

Pour casser l’esprit workwear de cette boot, j’ai pris le parti de faire porter une veste en pied de poule façon “tweed” à Hugo, un t-shirt gris et un jean écru assez court, afin de ne pas couvrir la tige montante de la chaussure

Veste Bask In The Sun | T-shirt Maison Cornichon | Pantalon Bellerose

Chaussettes Erwans | Chaussures Kleman