L’histoire du boardshort
L’été approche, nous laissant entrevoir les longs après-midi à la plage. Les plus téméraires s’autoriseront peut-être quelques sessions de surf, quand les plus timorés (dont je fais partie) se contenteront de se prélasser sur leur serviette entre deux brasses. Pour les hommes, un vêtement a fait l’unanimité sur les côtes : le boardshort. Si, à ses origines, ce vêtement est dédié aux surfers hawaïens, il a depuis conquis une population beaucoup plus large, remplaçant peu à peu les slips de bains, pour notre plus grand plaisir. Mesdames et messieurs, voici l’histoire du boardshort !
Sommaire
1. Les origines du boardshort
2. Les évolutions du boardshort
3. Le boardshort aujourd’hui
1. Les origines du boardshort
A. “L’uniforme non-officiel d’Hawaï”
Nous sommes dans les années 50 à Hawaï, et le surf commence tout juste à se démocratiser. Les locaux portent alors des shorts faits main, dans des petits ateliers-boutiques de l’archipel. Des shorts, qui ressemblent alors davantage à un pantalon de marin traditionnel raccourci au-dessus du genou. Rien a voir avec les shorts légers que l’on voit aujourd’hui. C’est d’un « tailleur » de Haleiwa, nommé Minoru Nii, et de sa femme Florence, qu’est né « l’uniforme non-officiel d’Hawaï », ou du moins sa première version ! Lorsque les vagues ont raison de leur tenue, les surfeurs de Makaha se rendent dans la boutique M.Nii pour faire appel à son savoir-faire. Très vite, lui et sa femme commencent à fabriquer des shorts spécifiquement faits pour la pratique du surf. Ils sont alors en coton épais, possèdent une taille avec lacet, de gros boutons et d’imposantes coutures, un peu comme si aujourd’hui on portait des jeans pour faire du surf. De fil en aiguille, selon les retours des surfeurs, le couple hawaïen améliore son boardshort. Ils lui donneront même leur nom : le M.Nii Makaha Drowners.
B. Un symbole du surf
Alors que le surf gagne en popularité dès les années 1960, des surfeurs du monde entier viennent visiter l’île d’Hawaï et ses spots fabuleux. Pour eux, la boutique M.Nii devient un passage obligé, et ils repartent souvent avec plusieurs shorts, remplaçant leurs imposants modèles. La réputation des Makaha Drowners est déjà faite, et des vocations apparaissent. Des marques commencent alors à voir le jour, se spécialisant dans la création de boardshorts, et d’autres déjà existantes se tournent vers ce nouveau produit de « mode ». La marque Katin commence à fabriquer des shorts de la même forme sur les plages de Californie. C’est le début de l’entrée du surf dans la culture commune, avec tout ce qu’il représente.
2. Les évolutions du boardshort
A. Des vêtements plus fantaisistes
Parmi les marques s’emparant du phénomène, on retrouve Jantzen, Sundek, Surf Line Hawaii, Jams World ou Ocean Pacific. Elles tentent alors d’améliorer le produit pour qu’il soit moins contraignant. Les premiers boardshorts en nylon voient le jour. Simultanément, Phillip « Flippy » Hoffman, une légende du surf dont la famille tenait une entreprise de textile, décide d’importer des tissus authentiques des îles où il pratiquait son activité favorite. Il revend ensuite ces tissus « aloha » aux motifs floraux aux fabricants de vêtements de plage. En effet, jusqu’à cette date, le short à fleurs était uni contrairement à la croyance ! Arrivent donc les imprimés authentiques hawaïens, les shorts en nylon, puis la braguette en velcro. Les boardshorts commencent à prendre une forme contemporaine. Toutes ces innovations persistent jusqu’à la décennie suivante (et sont encore valables aujourd’hui), qui voit d’autres acteurs arriver sur le marché et se les approprier à leur guise. En 1969, Quiksilver est créée et apporte son lot de nouveautés, toujours pour optimiser le confort des surfers.
B. Des marques et des modèles emblématiques
Dès les années 1970, Quiksilver conçoit ses premiers modèles customisés, avec une large taille, deux boutons pour fermer, et toujours un scratch pour des maillots très courts. Des modèles idéaux pour la pratique du surf, et dont la réputation ne tarde pas à grandir. Deux des meilleurs surfeurs américains de l’époque, Jeff Hakman et Gerry Lopez, arpentent l’Australie en 1972 pour ses vagues. Ils y découvrent les shorts Quiksilver, alors largement implantés dans le pays, et les apprécient pour leur confort car ils sont réalisés en popeline. De retour dans leurs pays, ils décident de lancer leur propre marque et la nomment Lightning Bolt. Le succès est immédiat, et la riposte concurrente ne tarde pas à venir. C’est alors que Sundek crée son fameux « Rainbow Boardshort ». En Australie aussi, des marques locales commencent à créer leurs premiers modèles de shorts de bain. C’est Doug “Claw” Warbrick et Brian “Sing Ding” Singer qui, dans leur cabane de Torquay (à seulement quelques kilomètres de Bells Beach) créent Rip Curl. Fabriquant des planches de surf à la base, mais conscients que la tenue de surf a alors un grand impact sur l’évolution des techniques de ride, ils se lancent dans la fabrication de leurs premiers boardshorts à la main dans leur cabane de bord de mer. Puis suit Billabong, née de l’expérience de Gordon Merchant, un surfeur australien réputé pour sa capacité à rider les vagues les plus extrêmes. En 1973, il commence dans cette optique à fabriquer des pièces très résistantes, pour aider les riders de la « Goald Coast ». La sauce prend immédiatement !
C. Développement du surf et diversification vers d’autres sports
Au milieu des années 70, le surf se professionnalise et voit les marques apposer leur logo de manière plus voyante. C’est le début d’une nouvelle ère pour le surf et pour les fabricants de boardshorts. Le logo mythique de Quiksilver voit le jour ainsi qu’une nouvelle forme de boardshort inspirée du running, avec des fentes au bas afin de laisser une plus grande liberté de mouvement. Dans les années 80, les marques australiennes s’internationalisent, débarquant ainsi sur tous les spots de surf du monde, notamment en Californie et à Hawaï. Elles poussent la concurrence américaine à concevoir le surf comme un sport professionnel. Quiksilver redessine son logo (celui que l’on connaît aujourd’hui) et commence à sponsoriser des surfeurs professionnels. La griffe se meut également en marque de mode et sort parallèlement de nouveaux imprimés pour ses boardshorts selon la mouvance pop des années 80. Dans ces mêmes années, Billabong introduit le Lycra sur ses modèles, formant un tissu extensible très confortable, qu’un grand nombre de marques adoptent. De manière générale, les coupes s’élargissent pour un meilleur confort, et les premiers shorts de bain longs (au genou) apparaissent, un mouvement toujours initié par Billabong. Le boardshort s’étend, à partir des années 90, à d’autres sports de plage comme le beach volley, ou il est porté par les hommes. Mais le vêtement fait également son apparition hors de l’univers marin, notamment dans le skateboard. Un phénomène plutôt logique quand on sait que la planche à roulettes nait de la frustration de certains américains de ne pas pouvoir surfer en période hivernale ! Par ailleurs, le vêtement entretient certaines similitudes avec le baggyshort, alors très populaire dans l’univers du skateboard.
3. Le boardshort aujourd’hui
Désormais, le surf est un sport professionnel et ses champions sont des superstars, même si des mouvements dissidents continuent de prôner les valeurs originelles d’un mode de vie libertaire d’une grande simplicité, dans lequel le surf serait davantage perçu comme un plaisir que comme une compétition. De la même manière, le boardshort a connu bien des évolutions : les coutures ont disparu pour éviter les irritations et les matières utilisées sont hyper-techniques, ce qui leur permet de sécher en un temps record. Au niveau de la coupe, si les modèles longs restent nombreux, la tendance revient de plus en plus aux shorts courts à l’inspiration plus vintage. Les designs ont également tendance à gagner en sobriété, dans la lignée des shorts des années 50.
Les camionneurs sont à votre écoute. Notez juste que les commentaires sont modérés pour éviter le spam et que nous ne sommes pas toujours derrière nos écrans. ll peut donc arriver que la validation du commentaire et notre réponse prennent quelques heures avant d'être publiées (notamment la nuit quand on dort et le week-end).