L’histoire du bombers
Comme on l’évoquait dans l’article « 10 pièces d’origine militaire à connaître », notre dressing regorge de pièces historiques et de vêtements d’inspiration militaire. Très souvent, les vêtements militaires sont appréciés pour leur singularité, leur durabitilité, mais surtout pour leur fonctionnalité. Véritable pièce militaire, le blouson aviateur fait aujourd’hui partie intégrante de la culture pop et de la mode masculine. Des jeunes labels aux grands acteurs, chacun réinterprète le bombers et continue (pour notre plus grand plaisir) de faire vivre cette pièce iconique. Sans plus attendre, on vous propose de (re)découvrir l’origine et l’histoire du bombers :
Sommaire :
1. Le bombers A-2
2. Le bombers B-15
3. Le bombers MA-1
4. Le MA-1 dans la culture populaire
5. Le bombers aujourd’hui
1. Le bombers A-2
Tout commence avec le blouson aviateur mythique de l’US Air Force : le modèle A-2. Officiellement, il est adopté par l’armée américaine le 9 mai 1931 et succède au blouson A-1 (produit quant à lui en 1927). Comme la majorité des blousons aviateurs, ce dernier est réalisé en cuir et est doté d’une doublure. Bien que sa forme puisse varier selon les marques et les contrats, tous les blousons A-2 ont des caractéristiques communes : deux poches à rabat, un col de type chemise, des épaulettes en cuir, des bords-côte, une doublure réalisée à partir d’une matière légère (coton ou soie), une bande de cuir cousue à l’intérieur et une « plaque d’identité militaire » du soldat cousue à l’intérieur. Une seule couleur est proposée : le marron.
Avec l’arrivée des avions à réaction, il est désormais possible de voler à des altitudes plus élevées, et par conséquent dans un environnement plus rude (températures basses) qu’auparavant. Le problème est que, lorsque le blouson en cuir est mouillé (transpiration, pluie) l’eau gèle à une altitude plus élevée, rendant alors la matière rigide, froide et inconfortable. Autre problème : les avions à réaction étant dotés d’une conception plus rationalisée, le cockpit est plus étroit que les avions précédents. Il était donc primordial d’imaginer un nouveau blouson qui soit à la fois chaud, confortable et moins volumineux.
2. Le bombers B-15
Après 1945, l’armée américaine abandonne le cuir pour une matière légère, isolante, durable et facile d’entretien : le nylon. C’est à ce moment même que naît la référence B-15 : un blouson aviateur réalisé dans une matière synthétique innovante pour l’époque. Ce dernier convient davantage à la mi-saison et est beaucoup plus confortable que la version précédente. Sur ce blouson aviateur, on retrouve de nouvelles caractéristiques : une poche « stylo » sur le bras, des poches zippées positionnées en diagonale et un emplacement pour « clipper » un masque à oxygène. Pour être tout à fait juste, plusieurs types de B-15 existent, notamment une version comportant des empiècements triangulaires sur le torse afin que le pilote puisse laisser pendre son masque à oxygène lorsqu’il ne l’utilise pas. Plus tard, d’autres caractéristiques apparaissent sur le B-15, dont un empiècement de tissu vertical pour maintenir le tuyau d’oxygène en place pendant les vols de haute altitude. En définitive, le B-15 est le blouson aviateur le plus proche du MA-1 (mis à part que le premier est équipé d’un col en peau de mouton).
3. Le bombers MA-1
C’est en 1949 que le B-15 évolue pour devenir le modèle MA-1. C’est aujourd’hui la version la plus prisée des amateurs de bombers, mais aussi la plus commercialisée. Tout comme le modèle précédent, ce dernier évolue en parallèle des progrès de l’aviation. Le MA-1 est designé par l’US Air Force et historiquement produit par Dobbs Industries (qui plus tard deviendra Alpha industries) sous la spécification MIL-J-8279. Les cockpits bénéficiant d’une meilleure isolation, le col en mouton du col bomber est remplacé par un col en tricot (coton ou laine). Il permet d’avoir plus d’espace pour les harnais du parachute. À l’extérieur comme à l’intérieur, le MA-1 est réalisé à partir de nylon. Entre ces deux couches de nylon vient s’intercaler une couche de laine destinée à tenir chaud. Après quelques années de service, cette dernière est remplacée par une couche de polyester, bien plus légère et conservant davantage la chaleur. En cas d’accident d’avion, l’intérieur orange (si familier) permet au pilote d’être visible et d’être secouru rapidement. À cette époque, d’autres couleurs remplacent l’authentique navy. On le retrouve notamment en vert sauge durant les guerres de Corée et du Vietnam : une couleur proche de la végétation et des zones hostiles d’Asie.
4. Le MA-1 dans la culture populaire
A. Les premiers pas dans le monde civil
Le basculement vers le monde civil se produit durant la fin des années 50. On retrouve le MA-1 en Europe, prabablement par le biais de magasins d’État excédentaires et de certaines ventes sur le marché de l’occasion. Un évènement majeur favorisant la démocratisation de ce blouson a lieu en 1963, lorsqu’une branche de Dobbs Industries devient Alpha Industries. Ainsi, la marque commence à produire (grâce à un contrat militaire) des pièces pour l’Europe, mais également des bombers pour la vie civile. L’Apha MA-1 est la version commerciale du MA-1, celle que nous appelons bombers et qui reste la plus populaire aujourd’hui. Étant donné que ceux qui équipaient les militaires étaient soumis à des normes « gouvernementales », plusieurs caractéristiques ont été modifiées/rajoutées lors de sa mise sur le marché, puis ont persisté au fil des années. Elles n’altèrent pas son apparence qui est restée quasiment identique. Ainsi, la résistance à l’eau, l’abandon de la laine pour de l’acrylique au niveau du col et les changements de doublures ont été adoptés pour faire du MA-1 une veste de tous les jours. En parallèle, c’est à cette époque qu’un certain nombre de mouvements sous-culturels commencent à émerger.
B. Le bombers : pièce clef de la sous-culture
À cette même période, la référence MA-1 commence à être recherchée et à se démocratiser auprès des civils. L’un des mouvements les plus importants à la fin des années 60 (hormis celui des hippies) est certainement celui des mods dont des dissidents forment ce qu’on appelle les skinheads. Les skinheads britanniques sont les premiers à adopter le bombers comme véritable expression vestimentaire des conditions sociales changeantes de l’époque. Pour la petite histoire, on constate une scission au sein même des mods de Londres. D’un côté, on retrouve les mods les plus riches qui peuvent se permettre de porter des vêtements à la mode et s’acheter ce qu’ils souhaitent (y compris les amphétamines à la mode). De l’autre, les hard mods qui représentent quant à eux la classe ouvrière et le mélange culturel. Si à l’origine les skinheads sont représentés par des fans de reggae non racistes, c’est à partir des années 70 et notamment avec l’arrivée du punk que le mouvement va évoluer vers un mouvement plus radical et s’éloigner des origines multiculturelles des débuts. Ainsi, le crâne rasé, le jean, les bottes et le fameux MA-1 étaient de sortie !
C. Un nouveau départ
Le MA-1 fait ses premiers pas à Hollywood avec Steeve McQueen (Le Chasseur, 1980), avant de revenir quelques années plus tard avec Tom Cruise (Top Gun). Tout en conservant son empreinte Skinhead, ce dernier entre dans le dresscode de la jeunesse de l’époque. Peu à peu, le bombers va se démocratiser, quitter son image de « symbole de l’anarchie », afin d’apparaître davantage dans les magazines de mode, dans les tendances et notamment au travers de nouveaux horizons culturels tels que le hip-hop, le grunge ou les vagues de rock alternatif (dans les années 90). À cette même période, certaines maisons de haute couture vont commencer à s’intéresser aux vêtements militaires. Raf Simons est d’ailleurs l’un des premiers à présenter une collection complète dédiée à l’univers militaire (la collection emblématique automne/hiver 2001, intitulée “Riot, Riot, Riot.”). Alpha Industries commence ensuite une série de collaborations réussies avec une sélection d’étiquettes de rue, y compris de grands acteurs tels que BAPE, New Era ou encore Stussy.
5. Le bombers aujourd’hui
Aujourd’hui, le bombers a quitté ses origines militaires et les mouvements culturels pour devenir une pièce clef du dressing masculin. Le bombers est apprécié pour sa coupe, sa singularité, mais surtout pour son style authentique. Même s’il se fait plus discret ces dernières années, il n’est pas rare de le retrouver dans certains lookbooks. Du label japonais à la marque de créateur en passant par les grandes enseignes, ce dernier est plus ou moins revisité, mais son essence historique est toujours présente. Alors que cette pièce fut autrefois imaginée pour combattre les températures les plus extrêmes et voler à haute altitude, elle est désormais considérée comme un véritable basique. En laine, en coton, en nylon ou encore en cuir, le bombers s’avère être une très bonne option à la mi-saison ! ;)
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