Le Beau

Le beau…  Lors de la réalisation d’un costume sur mesure chez Samson que je vous présente ici, la conversation a tourné autour du beau, alors je ne peux m’empêcher d’en retranscrire un peu. Elément bien compliqué, décrié, codifié, abstrait, je ne vais point m’amuser à prendre le risque de donner une définition du beau, j’ai essayé quelques fois, et on ne m’y reprendra pas. Si le goût est fait de mille dégoûts comme disait Valery, le beau est peut-être là, dans l’animation de son goût, de sa culture, on reste à la merci, on explore, on affine. Personnellement, si le beau, ou le sentiment du beau m’a toujours intéressé, j’ai le besoin, aujourd’hui, d’en percevoir, d’en absorber plus que jamais, par la musique, par la peinture, par les mots, par l’architecture, par la danse, peu importe. Je cherche le beau parce qu’il doit, j’imagine, inculquer la nuance et le doute, contre-rythme de l’époque bruyante et convaincue dans laquelle on vit. Bref, on a parlé du beau pendant ces 30 prises de mesures, mais on a quand même réalisé un costume, ce costume, ce complet qui va m’accompagner souvent dans ma conquête du beau comme ici sur les quais de Seine.

Pour commencer, parlons d’abord de la pièce maîtresse du look. J’ai donc, dans les traces de Joe réalisé un costume sur-mesure chez Samson. Comme toujours pour le sur-mesure, je mélange mon envie et ma préparation à un certain laisser-aller, ou plutôt un certain laisser-guider, j’aime conserver cet esprit : une part plutôt fixée, réfléchie en avance et une autre part complètement inachevée, qui cède de la place à l’inspiration du moment, par la conversation, et la culture de la personne qui m’accueille. C’est grâce à cette part floue que l’instant ou l’expérience prend du sens, et une certaine densité.

Et justement, un avantage de la maison Samson, c’est d’avoir, au lieu d’un simple échantillon, un vrai morceau d’étoffe des tissus proposés. Après en avoir déroulé plusieurs (beaucoup), je jette mon dévolu sur une flanelle bleue rayures craie. C’est une flanelle super 110, 100% laine, de chez Vitale Barberis Canonico, dans laquelle je décide donc de réaliser une veste droite, revers en pointe (10 cm), poches 2 droites+tickets, 2 boutons nacre, double fente d’aisance. Pour la doublure, je choisi un contraste fantaisie d’un rouge à poids. Je suis à la recherche d’un costume avec un certain caractère, un visuel plutôt marqué et esthétique mais aussi portable dans différentes occasions (en sachant que j’ai l’habitude du 3 pièces assumé me laissant une certaine marge dans mes choix).

Le pantalon est volontairement taille haute, pensé pour le port de bottines, coupe droite, mi-moderne, mi-vintage, sans revers, il comporte deux pattes de serrage.

Viens le moment de remplir cette fameuse part inachevé, imprévue et non calculée de mes idées. En discutant, et en regardant différents modèles de la boutique, je fini par oser le gilet croisé arrondi, 3 boutons pour la première fois, avec un col châle. Le doute s’installe, Samson me rassure. Le pari risqué des rayures horizontales du col châle du gilet sous les rayures verticales de la veste fermée, est juste sublime, pari osé mais réussi, l’ensemble est foncièrement esthétique, et finalement la part imprévue de la création de ce costume devient l’élément affirmé et visuel du complet, comme quoi !

Pour accompagner ce costume, je me suis permis de me faire faire une chemise sur-mesure blanche de la même marque, une popeline 100% coton. L’idée était de créer une chemise simple avec deux éléments importants au-delà évidemment d’avoir des mesures parfaites. D’abord, un tissu au blanc très dense, bien opaque pour soulager ma certaine névrose de la chemise blanche transparente. Et le deuxième élément, c’est le choix d’un col arrondi sur lequel j’ai noué une cravate en laine, couleur grenade qui rappelle la doublure. Le col est donc assez présent pour rester dans l’esthétique sans âge, entre moderne et vintage du costume.

Lorsqu’on créé un complet sur mesure comme celui-ci, le doute s’installe pour le manteau, j’ai envie d’avoir chaud, mais conserver l’élégance, sans casser le dessin du costume et j’ai donc trouvé ce par-dessus de la marque Octobre, une marque appréciée chez Comme un camion. Dans un bleu marine plus foncé que mon complet, une coupe 3/4, cintré et bien allongé c’est le par-dessus parfait pour ce costume. Il est composé de 90% de laine 10% de cachemire de chez Loro Piana, doublure en viscose. Un manteau chaud, confortable et élégant.

Evidemment, comme certains ne cessent de le répéter, et à raison d’ailleurs, l’élégance commence par les souliers et une fois n’est pas coutume, j’ai eu envie de bottines, le costume réalisé est plutôt pensé pour. J’ai donc opté pour une paire de bottines à lacets, pour m’éloigner de mon traditionnel amour des Chelsea, elles proviennent de la marque Septième Largeur, le modèle Marceau II, en box calf noir de la tannerie du Puy, montage Goodyear, et semelle en cuir. J’aime le paradoxe d’une coupe fine sur une bottine plutôt virile, ambiance plutôt dandy, presque Gatsby.

Et puis tout de même, un dernier accessoire qui n’en est pas un, j’avais repéré lors d’un test effectué par Tommy, cette sacoche Bobbies, le modèle Cambon. J’ai préféré le coloris noir (caviar) ou modèle marron patiné testé. Le cuir grainé donne du caractère à cette mallette, et s’aligne à l’ambiance des bottines, un simple rappel de couleur, mais important, quand on mélange le bleu et le noir.

Pour le prix, comptez environ 1000€ pour un costume 3 pièces chez Samson, un certain coût mais finalement abordable, en tout cas, l’un des meilleurs rapport qualité/prix du marché pour un complet sur-mesure de cette qualité, montage semi-traditionnel. Il aura fallu une trentaine de prises de mesures, un mois d’attente, et deux essayages pour réaliser et finaliser ce costume, et très honnêtement, c’est de loin, pour le moment, le plus beau complet de mon vestiaire.

Manteau Octobre
Costume Samson
Chemise Samson
Sacoche Bobbies
Bottines Septième Largeur

Crédit photo : Florie Berger