Adidas Superstar : une histoire de basket et de hip-hop
Mise au point à la fin des années 60 et destinée à l’origine aux joueurs de basket-ball et de tennis, la Adidas Superstar a rencontré un succès fulgurant auprès des athlètes. Cependant la concurrence a été rude pour Adidas avec l’apparition de son grand rival Nike et de nouvelles évolutions technologiques. Sans pour autant devenir obsolète, la paire a connu un renouveau en intégrant le milieu du hip-hop. En passant des terrains de baskets à la rue, la Superstar est devenue une véritable pièce de mode au même titre que la Nike Blazer. Conçue en France, la marque aux trois bandes lui réservait au départ un avenir totalement différent de ce qu’elle est devenue. Comme souvent avec les modèles iconiques, un public auquel elle ne se destinait pas l’a détourné pour en faire une légende et depuis, la Adidas Superstar a intégré le panthéon des baskets mythiques. Aujourd’hui on revient ensemble sur les origines et l’histoire de cette paire intemporelle.
Sommaire :
1. La naissance de la Adidas Superstar
2. La Adidas Superstar sur les parquets de NBA
3. La seconde vie des Adidas Superstar aux pieds des rappeurs
4. La Adidas Superstar aujourd’hui
1. La naissance de la Adidas Superstar
Si Adidas a lancé sa Superstar en 1969, son histoire débute 10 ans plus tôt, lorsque la marque aux trois bandes fit l’acquisition d’une usine à Dettwiller, en Alsace afin de produire des chaussures de football pour le marché allemand. C’est le fils d’Adi Dassler (fondateur de la marque) Horst qui, du haut de ses 23 ans, fut envoyé pour gérer la nouvelle unité de production comme récompense pour ses bons résultats en tant que distributeur en vue des Jeux Olympiques de Melbourne en 1956. Très vite, hors de la surveillance de son père, le jeune Horst fit fructifier le marché local à tel point qu’Adidas France devint une entité à part entière, limite concurrente de la maison mère.
En 1968, Horst Dassler avait étendu la capacité productive à 8 usines sur le territoire français et ne suivit pas les consignes de son père, préférant ouvrir de nouveaux marchés tels que le tennis plutôt que d’approfondir le football et l’athlétisme sur lesquels Adidas était déjà leader. Au cours des années 60, il se mit alors à développer une chaussure de tennis avec un tennisman français nommé Roger Haillet (modèle que l’on connaîtra plus tard sous le nom de Stan Smith). La conjoncture permit une exportation de la Stan Smith aux Etats-Unis où des droits de douane étaient jusqu’alors appliqués sur les chaussures de sports d’origine étrangère. Le succès vint rapidement et Adidas France commença à réfléchir aux possibilités de conquérir davantage le marché américain en proposant notamment une paire de chaussures destinée à la pratique du basket-ball : la Superstar était née.
L’idée viendra de Chris Severn, distributeur Californien, qui en 1968 dépeignit le marché de la chaussure de basketball comme pauvre, manquant d’innovations, avec une demande insistante pour de meilleurs produits. La réponse d’Adidas ne se fit pas attendre et naquirent deux modèles : la Supergrip, un modèle bas et la Pro Model, qui fut lui montant. Les deux avaient un design similaire à celui de la Stan Smith et furent vendues comme « merveilleusement légères, extrêmement confortables, les chaussures de basket les plus évoluées jamais produites ». En comparaison avec les autres chaussures disponibles, elles amenaient une révolution avec leur semelle bien plus durable, un maintien supérieur, une tige en cuir et un talon renforcé.
2. La Adidas Superstar sur les parquets de NBA
Une fois la paire introduite sur le territoire américain, l’accueil fut hésitant car beaucoup craignaient que l’usage de cuir n’alourdisse la chaussure. Chris Severn fit le tour de toutes les équipes NBA mais ne put persuader que l’entraîneur des San Diego Rockets car beaucoup de ses joueurs avaient subi des blessures en glissant durant la saison en cours. Dès la saison 67-68, tous les joueurs de l’équipe portaient les modèles Adidas. Puis durant l’été aux Jeux Olympiques lors desquels une guerre Adidas/Puma faisait rage, ce fut au tour de l’équipe Américaine. Enfin, le nom « Superstar » fut enfin adopté lorsque les Boston Celtics remportèrent le titre NBA avec la chaussure au pied lors de la saison 68-69. La légende était en marche et la Superstar était « portée par les meilleurs joueurs du monde » à tel point qu’en 1973, 85% des joueurs NBA en étaient équipés, et toutes les paires étaient produites en France.
La Superstar devint la référence des chaussures de basket, si bien que tous les grands équipementiers sportifs se cassèrent les dents à la copier sans jamais l’égaler. Au milieu des années 70 elle n’était encore disponible qu’à New-York à la vente au public car Adidas rencontrait des problèmes avec ses distributeurs. Sur les terrains de basket de rue, on disait tout de même que c’était « la chaussure des vrais ! » Quoi qu’il en soit, son aventure sportive professionnelle cessa en 1979 avec la sortie de la Top Ten, avancée technologique oblige. Pendant, ce temps, la Superstar se trouvait un autre public : la rue et le Hip-Hop.
3. La seconde vie des Adidas Superstar aux pieds des rappeurs
Vers la fin des années 70 à New-York, le mouvement Hip-Hop naissait et son affinité avec le basket également. Les b-boys (adeptes du breakdance) portaient alors des Superstar avec d’imposants lacets. On pouvait les voir s’exhiber dans ces nouveaux show télévisés dédiés aux cultures urbaines tels que Graffiti Rock. Parmi les groupes qui passaient se trouvait le groupe de rap Run DMC, trois artistes afro-américains au look unique, portant des vestes en cuir, des pantalons noirs et une paire de « Shell toes » (nom donné communément aux Superstar) portée sans les lacets pour rappeler l’univers carcéral. Adidas détenait une section « Pop », compilant les photos de vedettes portant sa chaussure phare dans une newsletter envoyée aux revendeurs. Cependant la marque ne s’est pas tout de suite rendu compte de l’importance de la culture urbaine.
Le son de cloche retentit chez Adidas lorsque le groupe sortit en 1986 sa chanson intitulée « My Adidas », véritable lettre d’amour à la marque aux trois bandes. Alors que les rues commençaient à fleurir de paires de Nike et de Reebok, Adidas ressentit dans ses ventes une recrudescence de Superstar. Conscients de l’impact de leur chanson et voyant les centaines de fans qui brandissaient leur paire en l’air lors de leurs concerts, le groupe réclama 1 million de dollars à Adidas pour cette publicité gratuite. Mieux que ça, percevant l’opportunité d’un produit obsolète pour la performance qui pouvait survivre dans la rue, Adidas proposa de les sponsoriser et ils devinrent le premier groupe de Hip-Hop à renommée mondiale possédant ce statut. En 1988, la marque estima les ventes qu’ils avaient générées à plus de 100 millions de dollars.
4. La Adidas Superstar aujourd’hui
La chaussure a subsisté au fil des années, demeurant un modèle classique du hip-hop. Dans les années 90, elle ne fait quasiment plus aucune vague. Run DMC sur le déclin, le modèle est tombé dans un relatif anonymat si ce n’est porté par les nostalgiques. La Adidas Superstar connaîtra un regain de popularité à partir des années 2010, notamment avec le 45ème anniversaire de la paire. Pour fêter l’occasion, la marque avait fait appel aux artistes Pharrell Williams et Rita Ora, ainsi qu’aux athlètes Damian Lillard et David Beckham pour réaliser un spot publicitaire mettant en scène l’iconique paire de sneakers. Adidas en profitera pour réaliser une collaboration avec Pharell Williams, sous la forme d’une collection de 50 coloris différents pour la Superstar.
Depuis peu, face à une industrie changeante, les grandes entreprises de la mode deviennent de plus en plus conscientes de l’impact écologique de leur production. C’est également le cas d’Adidas, qui a décidé de prendre des actions concrètes qui se traduisent par des produits plus sains pour l’environnement. Dans cet esprit, Adidas a sorti une Superstar certifiée végan, garantie sans produits d’origine animale.
La tendance éco-responsable est suivie de près par la tendance de la collaboration : on assiste de plus en plus à des partenariats entre les maisons de luxe et les enseignes sportives ou streetwear. On a pu le voir avec les collabs entre Supreme et Louis Vuitton ou encore entre The North Face et Gucci. Adidas ne déroge pas à la règle en s’alliant avec la marque Prada pour proposer une version revisitée des produits phares de deux marques (la Superstar Prada se revend aujourd’hui entre 500 et 1000€ sur StockX). Pour ceux qui se poseraient des questions sur la taille à choisir, vous pouvez consulter notre guide des tailles Adidas.
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