Comment choisir la largeur de son ourlet de pantalon ?

Lorsqu’on souhaite acquérir un costume digne de ce nom, il y a un détail auquel on doit prêter une attention particulière : l’ourlet. Qu’il soit simple ou à revers (ou même angled comme disent les américains d’Amérique), il permet de terminer le pantalon de façon optimale. Cependant, il y a ourlet et ourlet. Effectivement, telle ou telle forme nous sciera davantage en fonction de notre morphologie. Afin d’y voir plus clair, nous avons listé les différents styles d’ourlets puis avons posé la question à deux experts afin de choisir ce détail si particulier de la meilleure des façons :

I. Les différents styles d’ourlets

A. Ourlets simples

Comme son nom l’indique très clairement, c’est l’ourlet le plus basique. Invisible, il consiste à couper le tissu quelques centimètres après le bas (là où il s’arrêtera) puis de retourner l’excédent vers l’intérieur. On fixe alors le tout via des points invisibles (pour un pantalon de costume). Enfin, le tissu est plié, formant ainsi le revers (généralement, cet endroit est renforcé à l’aide d’une petite bande de tissu). Le résultat donne une jambe tubulaire classique, qui peut être accentué par la façon dont est coupé le pantalon (une cassure, sans cassure, court). Cet ourlet fonctionne particulièrement bien sur un pantalon au fit étroit.

Pour quel(s) pantalon(s) ? : jean, chino et pantalon de costume

B. Ourlets à revers retourné

C’est sûrement une affaire de goût mais l’ourlet à revers retourné (réalisé à la machine) est sans aucun doute le plus élégant. Généralement de 3 centimètres d’épaisseur, il est toutefois compris entre 2,5 centimètres et 5 centimètres. Clairement, ce dernier possède deux avantages majeurs. Le premier est esthétique, puisqu’il permet de faire une très belle transition entre le pantalon et les chaussures. Le second est qu’il alourdit les jambes d’un pantalon, lui offrant ainsi un meilleur tombé. Enfin, il existe également l’ourlet à « faux » revers, qui consiste à venir coudre une pièce de tissu sur le bas d’un pantalon.

Pour quel(s) pantalon(s) ? : pantalon habillé et pantalon de costume

L’avis de Quentin, de l’équipe Scavini :

« Le deuxième type de bas le plus utilisé est le revers. Ce dernier revient en force depuis peu et est fortement apprécié par les hommes plutôt jeunes (moins de 35 ans) et par les amateurs du style classique. D’ailleurs, chez Scavini, on nous demande environ 60% d’ourlets et 40% de revers. Le revers s’obtient par pliage et forme une bande de tissu apparente. Cette bande est généralement comprise entre 3 et 5 cm. À la base, c’est plutôt un bas de pantalon qui fait sport car il vient de la campagne. Aujourd’hui, en ville, il trouve sa place sans encombre. Nous abordons maintenant des bas plus rares et audacieux. Le demi-revers qui est revers sur le devant et ourlet sur l’arrière de la jambe. Le bas fendu qui est un ourlet fendu au milieu (le bas s’ouvre donc davantage sur le soulier). Fente qui est d’environ 3 cm de long. Le plis fendu qui ressemble au bas fendu, mais qui au lieu d’être coupé au milieu, est pourvu d’un soufflet. »

C. Ourlets main

Le plus simple à réaliser, il consiste à replier le bas d’un pantalon vers l’extérieur au moins une fois. Cette technique permet de choisir la largeur de l’ourlet mais également la longueur de jambes et de pouvoir l’ajuster au mieux par rapport aux chaussures portées. En fonction du rendu voulu, on pourra le laisser naturel et légèrement « fouillis » pour un look brut ou bien on le repassera pour qu’il soit impeccable. Traditionnellement, on le réalisera entre 2,5 et 5 centimètres.

Pour quel(s) pantalon(s) ? : jean et chino

II. Quels ourlets en fonction de sa morphologie ?

Bien entendu, ne s’arrêter qu’aux formes d’ourlets aurait été trop simple ! En fonction de notre morphologie mais également du pantalon ainsi que des chaussures que l’on porte, il sera de bon ton de choisir tel ou tel ourlet. Pour y voir un peu plus clair, listons les différentes situations possibles à l’aide de Stéphan Ricard, fondateur de Samson.

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A. Quand on est grand et/ou corpulent

Lorsque notre carrure dépasse celle de la plupart des gens que l’on croise au cours d’une journée, mieux vaut choisir nos vêtements « à l’échelle ». En d’autre terme, privilégier des pièces adaptées à notre morphologie (logique, me direz-vous). Et bien cela vaut également pour un ourlet de pantalon ! Si sur une personne de taille moyenne, on privilégiera un ourlet de trois centimètres, celui-ci paraîtra cependant trop petit sur une morphologie forte/développée. Ainsi on privilégiera alors des ourlets relativement larges commençant par exemple à 4,5 centimètres. La coupe droite du pantalon étant obligatoire, on pourra d’ailleurs se laisser tenter par un angled cuff, détail apprécié dans le monde du bespoke. Ce dernier tombera alors parfaitement sur l’arrière et laissera l’avant de la chaussure découvert.

B. Quand on est grand et fin

Ici, les mêmes conseils peuvent plus ou moins s’appliquer. Une silhouette longiligne aura tendance à « rétrécir » un ourlet. Pour éviter cette illusion d’optique, il faudra alors parier sur des revers un peu plus large que la norme. Attention toutefois à ne pas en réaliser des trop imposants, au risque d’obtenir un résultat disgracieux. Le pantalon sera quant à lui droit voire légèrement fitté du genou aux chevilles, mais en aucun cas slim ou extra slim.

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C. Quand on est petit et fin

Le problème lorsqu’on est petit et fin, c’est que tout peut paraître très vite trop grand si on commet une erreur dans le choix des vêtements que l’on souhaite porter et de leur coupe. On oublie donc les coupes droites pour s’intéresser aux pièces dites ajustées. Pour ce qui est de la largeur de l’ourlet, notre choix se tournera vers ce qui matchera au mieux avec le pantalon que l’on a choisi. Pour faire simple, une personne petite et fine peut à peu près tout se permettre comme revers, tant que cela ne déséquilibre pas la tenue !

Stéphan :

« Comme je fais de la mesure, je peux réaliser n’importe quel modèle sur n’importe quelle morphologie.
Tout réside dans mon savoir-faire qui permet de gérer les altérations à 0.5cm près. Par contre, il y a des règles, pour le bas de pantalon. Premier principe, plus un pantalon est étroit, en bas, plus il devra être raccourci car il va remonter sur la chaussure, sinon gare au paquet de plis ! Pour un pantalon sans revers, d’une largeur bas de 18 à 19 centimètres, la bonne longueur “sans risque” se situe à l’arrière, deux doigts au dessous du talon de la chaussure. Pour un pantalon à revers (tendance qui revient) ne pas dépasser 18 centimètres en largeur bas et le porter impérativement juste posé au-dessus de la chaussure. Les plus dandy peuvent laisser apparaitre 2 centimètres de cheville. La hauteur du revers doit se situer entre 3 et 4 centimètres, avec une bonne moyenne à 3.5 centimètres. »

En conclusion

Vous l’aurez compris, l’ourlet n’est donc pas qu’une simple affaire de tissu replié. En fonction du pantalon choisi, un type d’ourlet sera plus pertinent qu’un autre et donnera davantage de cachet à une tenue. Si le jean apparaît comme la pièce pouvant accueillir le plus de formes d’ourlet possible, le pantalon de costume obéit à des règles plus strictes ce qui nous limite en choix. Assurément, un ourlet revers apportera du cachet à un complet mais il n’est pas impensable d’être tout aussi élégant avec un pli invisible, tout est une question de dosage. En ce qui concerne les morphologies (et si on part du principe que l’on choisit un ourlet revers), ce qu’il faut retenir est que le bas de notre pantalon est un détail auquel il faut prêter une certaine attention. Malgré tout, tout est réalisable ! Si on préfère un ourlet de 3 centimètres alors qu’on nous « conseille » un 4,5 centimètres, c’est à nous de choisir, sans forcément obéir stricto sensu.