Costume Blandin & Delloye : Test & Avis

Depuis quelques années maintenant, un phénomène étonnant est en train d’envahir la capitale : la recrudescence d’offres de « sur-mesure ». Très communes jusque dans les années 60, ces maisons ont petit à petit disparu au profit de galeries commerciales et autres boutiques de prêt-à-porter. Mais de jeunes entrepreneurs, lassés des produits de piètre qualité parfois proposés dans les boutiques traditionnelles, ont décidé de remettre au goût du jour et de dépoussiérer le mythe du tailleur. Aujourd’hui, on s’intéresse à deux d’entres eux, Charles et Cédric, qui ont à coeur de proposer des costumes de qualité et de prouver que le complet peut être tendance et se porter en dehors d’un cadre professionnel.

La Marque

A l’origine de cette maison, il y a deux compères : Charles et Cédric. Les deux amis, en lançant Blandin & Delloye, ont souhaité dépoussiérer le monde de la mesure en lui apportant une touche de modernité sans trahir les traditions. Ouvrant leur première boutique fin 2013, Charles et Cédric ont à coeur de nouer un lien particulier avec chacun de leurs clients en s’appuyant sur un accueil soigné et unique. Situé rue Palestro, dans le deuxième arrondissement, ils accueillent leurs clients un par un afin que chaque rendez-vous soit entièrement personnalisé. Dans un cadre cosy rappelant certains salons anglais, tout est fait pour que le client se sente à l’aise, afin qu’il puisse tranquillement réaliser le costume de ses rêves.

L’Offre

Dormeuil, Vitale Barberis Canonico, Holland & Sherry, Loro Piana, etc. Chez Blandin & Delloye, presqu’aucune grande maison de tisseur n’a été oubliée. Ce large choix de tissus permet donc une grande personnalisation, garantissant ainsi un costume quasi unique. De la toile la plus robuste au tissage le plus fin, tout est fait afin de réaliser un costume que l’on souhaite. Trois gammes sont proposées : Mariage, Business et Casual (réservée principalement à la réalisation de blazer). En plus des costumes, Blandin & Delloye offre la possibilité de réaliser des chemises sur mesure. Là encore, la personnalisation est grande : la forme du col mais également des poignets, le type de boutonnière et, bien entendu la matière et le coloris sont personnalisables. Là encore trois gammes sont proposées : Essentiel, Premium, Élite. La maison peut également proposer la confection d’un manteau sur mesure. Enfin, Charles et Cédric ont tout récemment lancé leur « Suit Truck » : parcourant l’Ile-de-France mais également la province, il suffit de prendre rendez-vous afin de bénéficier des services de la marque, qu’importe l’endroit où on se trouve!

Mon Projet

C’est lors d’une des dernières chaudes journées de septembre que je me suis rendu rue Palestro, à la rencontre de Charles. Après quelques échanges, nous nous sommes attelé à la tâche. Charles m’a alors présenté comment la séance allait se dérouler en détaillant l’ensemble des différents points que nous allions aborder. Je lui ai ensuite précisé ce que je recherchais : un costume trois pièces dans les tons gris, fabriqué à partir d’une matière peu représentée et exclusivement réservée à l’hiver. Après avoir feuilleté rapidement l’ensemble des liasses de tissus qu’il me présentait, j’ai jeté mon dévolu sur une superbe flanelle de chez Vitale Barberis Canonico en Super 120’S. Plutôt légère (270gr/m), cette dernière a un toucher et une souplesse des plus appréciables. Une fois la base posée, nous avons pu travailler davantage sur la personnalisation.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à boire avec modération

Personnalisation

Autant le dire tout de suite, je ne voulais absolument pas un costume que j’avais l’habitude de voir et / ou de porter. Étant donné que je suis parti sur un costume trois-pièces, j’ai choisi une veste deux boutons à double fentes. Pour les revers, j’ai préféré une taille standard, à savoir 7,5 centimètres. Pour garder un confort en toute circonstance, j’ai ajouté deux fentes d’aisance. Comme à mon habitude, j’ai privilégié un montage semi-entoilé, permettant un tombé plus naturel et plus agréable qu’un thermo-collé. De plus, c’est indéniablement le meilleur rapport qualité / prix.

J’ai pu choisir le type de poches (et leur nombre) que je souhaitais. J’ai donc pourvu ma veste de deux poches en biais avec rabat de 4,5 centimètres. J’ai également rajouté une poche poitrine tant je n’arrive absolument pas à imaginer une veste sans cette dernière. Je suis ensuite rentré davantage dans le détail. Pour rester dans les tons du costume, j’ai choisi des boutons noir. J’ai simplement habillé le quatrième bouton des boutonnières (fonctionnelles évidemment) par un tissu pied-de-poule. Au niveau du col, j’ai ajouté un tissu en pied-de-poule rappelant celui du gilet.

J’ai continué la personnalisation de la veste en me penchant sur son intérieur. Je m’y suis donné à coeur joie et ai fourni cette veste de quatre poches. J’ai bien entendu fait réaliser deux poches portefeuille passepoilées en demie-lune et fermées par un bouton. Afin de pousser la personnalisation au maximum, j’ai choisi d’habiller le passepoil de ces poches du même tissu pied-de-poule recouvrant le quatrième bouton des boutonnières. Sur le pan gauche, j’ai ajouté une coin pocket et une ticket pocket, également passepoilées et habillées de ce fameux tissu pied-de-poule. Enfin, afin de trancher avec la relative sobriété extérieure du costume, j’ai choisi cette belle doublure bleu ciel ayant quelques touches de gris et lui ai ajouté une surpiqûre grise.

La personnalisation de la veste terminée, je suis passé à celle du gilet. J’ai d’abord choisi le tissu et ai flashé sur ce magnifique pied-de-poule se rapprochant au toucher d’une flanelle. Pour le dos, J’ai opté pour un tissu noir, sobre et efficace. Pour casser l’uniformité du dos, j’ai habillé la patte de serrage de ce fameux tissu pied-de-poule (encore lui!). En ce qui concerne le boutonnage, impossible pour moi d’opter pour autre chose qu’un veston classique. A l’origine, ce dernier devait se faire par quatre boutons mais Charles a jugé que, de par ma taille (1m91), il serait préférable de le réaliser en 5 boutons. Je lui ai ajouté deux petites poches passepoilées à l’avant, un beau col châle et ai fait recouvrir l’intérieur de la même doublure que la veste.

Pour le pantalon, je suis allé à l’essentiel. Après avoir définit la longueur et la largeur, j’ai privilégié un revers américain de 4 centimètres. Les poches avant, italiennes, sont recouvertes d’un joli tissu noir à rayures ton sur ton. Les poches arrières sont passepoilées et fermées par bouton. Au niveau de la ceinture, on retrouve un ardillon permettant de bloquer la boucle de ceinture à la bonne place. Ceinture qui d’ailleurs est fermée par trois boutons : un intérieur, et deux extérieurs dont un invisible.

• Flanelle grise anthracite Super 120’S
• Costume trois pièces
• Montage semi-entoilé
• Col revers classique
• Revers de 7,5 centimètres
• Veste double fente
• Gilet croisé col châle
• Poches en biais avec rabats de 4,5 centimètres
• Surpiqûre
• Doublure viscose bleu ciel avec reflets gris
• Poches portefeuilles passepoilées et fermées par bouton
• Poches pantalon italiennes
• Revers pantalon de 4 centimètres

Comment (bien) choisir un costume ?

Prise de mesure

Venons en maintenant à l’intérêt premier de ce type de service. Comme pour les précédentes maisons que j’ai eu l’occasion de tester, la prise de mesure se fait sur une veste et un pantalon patrons. Mais ce qui différencie Blandin & Delloye de ses concurrents est sans conteste la prise en compte de ce qu’elle appelle « les altérations ». Comme chacun sait, personne n’est parfaitement constitué : une épaule plus basse que l’autre, les bras en avant ou en arrière, le physique de Gollum ou tout simplement les épaules voutées font que, parfois, les produits de prêt-à-porter ne s’adapta pas idéalement à une morphologie singulière. Charles et Cédric ont donc à coeur de gommer ses défauts et partent du principe que c’est le costume qui s’adapte au corps et non l’inverse. C’est ainsi que Charles a su construire ma veste en fonction de mes bras en arrière, de mon épaule plus haute que l’autre et de mes épaules voutées (je décris définitivement Gollum, c’est triste). Charles a également descendu la boutonnière d’à peine un centimètre afin que l’équilibre torse / jambes soit optimal. Enfin, la veste n’est que peu appuyée au niveau des hanches, son fit global étant déjà assez cintré.

Premier Essayage

Après plus de trois semaines d’attente et quelques (dizaines) degrés en moins, j’ai retrouvé Charles non pas rue Palestro mais rue Tocqueville, dans le 17ème arrondissement. Après avoir battu le pavé parisien (et m’être trompé deux trois fois de ligne de métro), je suis enfin arrivé au nouveau showroom que Charles et Cédric venaient d’inaugurer il y a de cela quelques jours. J’ai juste eu le temps de boire un bon café revigorant (et de lâcher quelques railleries sur le fait qu’il fait plus mauvais sur Paris qu’en Bretagne) puis j’ai enfin pu passer mon complet. Et le résultat final est vraiment au-delà de mes espérances : le gilet est magnifique, la flanelle superbe, chaude et souple et, bien évidemment, les finitions impeccables. Il m’a seulement fallu raccourcir le pantalon et descendre de quelques millimètres les boutons de la veste pour que tout soit parfait.

Budget

Pour ce costume trois pièces, il m’en a coûté 660€. Ce tarif comprend 210€ de tissus et 450€ pour le montage du costume. Ce prix est évidemment variable, dans la mesure où, par exemple, on choisit tel ou tel montage ou bien si on part sur un costume deux pièces. Blandin & Delloye propose deux types de costumes : Business et Mariage. J’ai bien entendu choisi la gamme Business car me marier ne fait absolument pas partie de mes projets actuels. La marque propose trois gammes : Classique, Tendance et Héritage, chacune ayant des caractéristiques bien spécifiques et influant sur le prix. Une nouvelle fois, difficile de trouver un costume en prêt-à-porter associant une qualité équivalente à un prix « faible ».

Crédits photo : Florie Berger Photographie

Le Guide du marié