Les Panama sur mesure de Pauline Brosset
Pour cet été je vous propose une série de reportages consacrés au savoir-faire français. Avant de quitter la Touraine, je me suis rendu chez Pauline Brosset qui est une des dernières chapelières à réaliser des chapeaux sur-mesure. Parmi les différents modèles qu’elle réalise, je me suis intéressé à un modèle de saison : le panama. Un chapeau qu’elle personnalise selon les souhaits du client et qu’elle forme de manière à épouser parfaitement la tête de son futur propriétaire.
Le panama est, comme son nom de l’indique pas, d’origine équatorienne. Il a été popularisé au début du siècle dernier (1900) par les ouvriers équatoriens qui le portaient lors de la construction du canal de Panama. Theodore Roosevelt, vingt-sixième président des États-Unis, en portera un en 1906 lors d’une visite de chantier. De nombreux hommes politiques et stars du cinéma contribueront par la suite à rendre le chapeau de paille célèbre. Une paille qui est plus précisément issue de la fibre de jeunes pousses de palmiers équatoriens. Le panama est traditionnellement de couleur ivoire ou blanc avec un ruban marron ou noir.
La réalisation d’un panama nécessite une patience légendaire : les panamas les plus fins représentent jusqu’à 6 mois de travail. Leur finesse est telle qu’on peut les rouler et les plier sans risquer de les abimer. Pauline Brosset se fournit en Équateur, auprès d’une coopérative de femmes (qui, parenthèse sociale, sont rémunérées au-dessus du salaire minimum local). Je vous propose de découvrir en images les principales étapes qui permettent à partir de cette forme brute appelé « cloche » de réaliser un panama sur-mesure.
La première étape consiste à mouler la cloche sur une forme en bois correspondant à la morphologie et au tour de tête du client. Pour cela la paille est humidifiée à l’aide d’un fer à vapeur afin d’être travaillée par la suite.
Une fois ce premier modelage effectué, Pauline installe une ficelle à l’aide d’un avaloir qui va permettre de maintenir la forme. La ficelle sert également à déterminer la hauteur de la calotte et le futur emplacement du gros grain d’entrée de tête. Celle-ci doit être bien parallèle au sol. Le panama sèche ensuite plusieurs heures à l’air ambiant (bien souvent toute une nuit).
Pendant le temps de séchage, elle prépare le gros grain d’entrée de tête et la garniture extérieure en fonction des souhaits du client. Il peut s’agit d’un ruban de coton ou de soie mais également de cuir. Toutes les couleurs et motifs sont imaginables. De même pour les ornements. Pauline cite notamment le cas d’un client qui souhaitait que des coquillages servent de décoration à son panama.
La préparation du gros grain est un travail qu’elle effectue à la machine. Vous pouvez voir ci-dessous la double couture de fil blanc qu’elle a réalisé sur un ruban de coton rouge. Celui va permettre de structurer et habiller le ruban.
Ce même ruban rouge habillé de fil blanc sert à confectionner ce qu’on appelle le « nœud chapelier ». Un travail qui est lui réalisé en grande partie à la main.
Lorsque le chapeau est sec, elle peut commencer à poser l’entrée de tête. Pauline repère pour cela le milieu dos du chapeau afin de fixer le ruban avec des épingles. L’entrée de tête est ensuite cousue à la machine.
Chaque opération doit être effectuée avec beaucoup d’attention. Notamment parce que le travail s’effectue sur une cloche qui représente le plus souvent plusieurs semaines de travail et un coût certain.
A l’aide d’un formillon, Pauline marque le milieu du côté gauche pour pouvoir y centrer le nœud chapelier. A noter qu’il se place à droite pour les femmes et à gauche pour les hommes. Le gros grain extérieur et le nœud sont ensuite cousus à la main au point invisible.
Dernière étape : le panama est à nouveau humidifié pour prendre sa forme définitive. Pauline forme le haut du chapeau à la main et utilise une pièce de bois appelé « collier » pour modeler les bords. Lorsque la paille aura séché, le chapeau gardera en mémoire la forme qui lui a été donnée.
Le travail est à présent terminé, le chapeau est prêt à être porté ! Notez que le chapeau illustrant cet article correspond à un « grade 14 ». Ce qui représente 1 mois et demi de travail. Il faut compter 250€ pour ce type de panama. Pauline Brosset propose également des pailles plus fines comme illustré plus bas avec un « grade 20 » qui représente lui 3 mois de travail. Comptez alors 700€.
Si vous aimez les chapeaux (panama, feutres, casquettes anglaises…) je vous incite vivement à découvrir le travail de Pauline Brosset. Sachez qu’elle reçoit sur Paris dans son showroom (exclusivement). Il suffit de prendre rendez-vous. Elle est joignable par téléphone ou par mail (vous pouvez me contacter pour obtenir ses coordonnées). Plus d’informations http://www.pauline-brosset.com. Merci à « Traz » pour cette recommandation.
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