Le style grunge : histoire, tips et pièces incontournables
« Non mais c’est pas qu’une phase maman », les chaussures larges comme des briques tapent avec fureur la moquette de l’escalier qu’elles remontent, la porte claque, il est écrit « do not disturb » dessus, un panneau stop est collé à la Patafix. Le début d’une chanson traverse déjà le placo des murs. Quelques secondes passent et un cri de colère surprend les récipiendaires du premier cahot. On est en 1992, la musique s’écoute avec un Walkman, les pogs s’échangent dans la cour de récré et les plus chanceux ont accès à Crash Bandicoot sur Nintendo 64. Le Caprisun coule à flot, MTV est au summum du cool. Pas vraiment le contexte pour créer une sous-culture rebelle, et pourtant. Les adolescents portent des t-shirts troués et des chemises en flanelle démesurées, font front contre l’autorité parentale et voue un culte à Kurt Cobain. Oui, c’est bien du Grunge dont nous allons parler aujourd’hui.
Sommaire :
1. Histoire du grunge
2. Les pièces phares du grunge
1. Histoire du grunge
Avant d’être un style musical et vestimentaire, le Grunge est d’abord une philosophie qui trouve ses origines dans les années 1980 aux nord-ouest des États-Unis. Il représente un bout de la génération X et s’apprête à déferler sur les millennials. La culture de masse est déjà bien implantée et les canaux de diffusion sont de plus en plus nombreux. Les chaînes de magasins se multiplient, l’uniformisation est en route. Dans les maisons pavillonnaires, typiques des classes moyennes, le confort a fait son entrée depuis quelques années maintenant. Les télévisions s’agrandissent aussi vite que la liste des chaînes que l’on reçoit. La génération X, qui arrive à maturité, tente de trouver une place dans cette société où le consumérisme s’accélère et les écarts de richesse se creusent. Économiquement, les Trente Glorieuses sont désormais bien loin et les jeunes ont du mal à s’insérer sur le marché du travail (déjà !).
Pour parler de cette période, Simon Reynolds, un critique musical britannique, décrit en 1992 dans les colonnes du New-York Times : « un sentiment d’épuisement dans la culture au sens large. Les enfants sont déprimés face à l’avenir. » Face au mur qui se dresse devant eux, les jeunes choisissent de refuser en bloc la société qu’on leur propose. Le consumérisme, les responsabilités d’une vie adulte, l’autorité, le travail, l’individualisme : on envoie tout valser. De cette frustration, naît un courant, proche du Punk Rock, qui s’exprime lui aussi dans la musique : c’est le Grunge.
Le terme remonte aux années 1960 avec le mot « grungy » qui signifie « sale ». Il est d’abord employé comme adjectif pour définir la musique de quelques groupes australiens. En 1981, il est employé par un musicien de Seattle pour parler de son groupe, le mot entre alors dans le vocable commun.
S’il ne faut garder qu’une incarnation du Grunge, c’est évidemment Kurt Cobain. Le leader de Nirvana débarque sur la scène internationale avec ses cheveux longs et pas toujours propres à la fin des années 1980. Les cernes apparentes, pleines de désinvolture. Toujours habillé large, presque informe et souvent troué. La voix est d’or, éraillée, elle sait hurler la frustration de cette génération.
Originaire de l’État de Washington, le chanteur de Nirvana est un rebelle. Sa musique, un rock progressif aux sonorités punk, atteint le grand public en 1991 grâce à l’album « Nevermind ». Son rejet des médias, ses problèmes avec la drogue et sa mort tragique, à 27 ans, finiront d’écrire sa légende. Son style, comme sa musique, traversent les âges et continuent d’influencer les jeunes générations de par le monde. Encore aujourd’hui, on ne peut s’empêcher de penser à Kurt Cobain à la vue d’une chemise à carreaux, d’une paire de Converse et d’un jean troué.
2. Les pièces phares du grunge
Le Grunge est radical. Après tout, c’est un style pour exprimer sa frustration, sa colère contre l’ordre établi. Proche du corps ou au contraire très large, il se porte comme un étendard, comme la proposition d’un autre monde. Cette conviction dont il s’accompagne n’est pas une option à mon sens, lorsque l’on adopte un look, c’est un tout que l’on doit embrasser. Sans aller dans l’excès, mais, sincèrement, un t-shirt des Guns N’Roses et un chapeau ne feront pas de vous un rockeur. Votre attitude oui.
Le pantalon
Toute bonne tenue commence par un pantalon. C’est ce qui donne le ton, les matières, des autres pièces de votre look. Le classique du style Grunge, c’est un jean clair un peu loose, troué au genou. Et je vous défends d’acheter un pantalon troué par une machine. Achetez plutôt un beau jean et usez-le jusqu’à la moelle. Il faut, à travers cette pièce de coton, pouvoir observer l’âme, façonnée par les sessions de skate ou par le frottement de la guitare sur la cuisse. Le jean noir fonctionne également très bien. Comme dit plus haut, le style Grunge, dérivé du rock, se porte également slim, et c’est peut-être la seule fois où je ne vous en voudrais pas !
Où le trouver ?
Le mieux, c’est que vous l’ayez déjà, parce qu’un bon jean met du temps avant de craquer. Sinon, en friperie, un 501 « made in USA » déjà un peu usé fera l’affaire.
Les t-shirts
On continue avec notre recherche de ce style décontracté et rebelle. Un t-shirt uni, délavé, à rayures ou encore mieux : celui d’un groupe de rock. Pas de couleurs vives et encore une fois, ne faites pas semblant. Ne portez pas un t-shirt siglé du nom d’un groupe que vous ne connaissez pas. Mettez celui que vous avez chopé à un festival inoubliable avec vos potes, ou un t-shirt de votre groupe préféré. S’il sent encore un peu la bière, c’est bonus. Vous ne pouvez convaincre les autres qu’en étant vous-même convaincus. C’est comme ça que des horreurs vous donnent un supplément de charme.
Où les trouver ?
Partout et nulle part. Le mieux c’est qu’il vienne d’un concert formidable et sinon, trouvez un t-shirt pas trop épais, dont le col se déforme à souhait.
Les pulls
Oversize évidemment ! Avec des trous pourquoi pas, épais assurément. Pour l’anecdote, le cardigan de Kurt Cobain porté pendant le « MTV Unplugged » de 1993 a été vendu 334 000 $ ce qui en fait le pull le plus cher jamais vendu aux enchères. La légende dit même qu’il n’a jamais été lavé. Cela étant dit, je pense que rock et lessive peuvent co-exister. L’important, c’est de ressentir le poids des aventures traversé par ce pull posé nonchalamment sur vos épaules.
Où le trouver ?
En friperie, à Emmaüs, et dans les placards de vos parents. Si une mite est passée par là, remerciez-la.
Les chemises
Kurt Cobain a grandi dans l’État de Washington, à la frontière canadienne. C’est un État très boisé, les hivers y sont rugueux, hommes et femmes s’équipent en conséquence. Dès lors, rien de très étonnant de trouver des chemises à carreaux surdimensionnées sur la maigre silhouette de Kurt.
Où les trouver ?
Toutes les marques proposent des chemises à carreaux en flanelle, mais j’avoue avoir un petit faible pour les Brooks Brothers à l’ancienne, “made in USA” Comme une réappropriation de l’autorité à laquelle le Grunge s’oppose.
Les chaussures
Pas de mystère, les Converse et les Vans sont les pompes les plus iconiques du style Grunge. Noires évidemment. Comme le reste de la tenue et contrairement à Kurt Cobain : sobres. Il est envisageable de porter des bottines également, tant que l’on ne tombe pas dans un look « motard ».
Où les trouver ?
Pour les Converses, on ne va pas vous faire un dessin. Cependant, on recommande soit d’acheter les versions « Chuck Taylor 70 » plus confortables et plus solides. Soit de dénicher une paire fabriquée aux États-Unis dans une boutique de seconde main. Pour les bottines, Blundstone est une bonne alternative aux baskets.
Le manteau
Il semble judicieux de miser sur un manteau ample, long, sombre et en laine. Comme ça, ce n’est pas vendeur. La vérité, c’est que ce manteau peut donner une sacrée dégaine s’il est bien coupé. À prendre avec des manches raglan et pourquoi pas une ceinture pour envelopper sa tenue comme un joli paquet-cadeau. Le manteau doit être sobre comme le reste mais, à mon sens, c’est la seule pièce qui se doit d’être en bon état. D’abord pour créer un contraste avec le reste de la tenue, mais également pour rassurer vos proches quant à votre hygiène personnelle. Non maman, ce n’est pas sale, c’est Grunge !
Où le trouver ?
Encore et toujours en fripe !
Les accessoires
Le style Grunge s’inspire également du streetwear des années 90. On retrouve donc quelques bijoux à porter sur vos plus belles loques. Une bague en argent des plus simples, et une chaîne volontairement trop grande devraient faire l’affaire. Autre élément que l’on retrouve dans les cultures rap, skate et Grunge : la chaînette de portefeuille !
Où les trouver ?
Chez Gudule à Paris, en voyage, dans un vieux tiroir.
Il y a aussi plein d’autres façons d’aborder le style Grunge, de le mixer avec vos propres envies et vêtements. N’oubliez cependant pas qu’il n’y a qu’une seule manière d’incarner un style : qu’il vous ressemble. Si vous préférez porter des mocassins et des pulls en cachemire (comme moi), grand bien vous fasse, mais je doute que le Grunge n’ait réellement besoin de s’imposer à vous au-dela des écouteurs !
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