Boots Ypson’s Wild : Test & Avis
Paris, septembre 2019, 21h45. « Veuillez déposer votre article ! » me dit cette invention de malheur, ce robot d’angoisse de supermarché, qui d’année en année a fini par remplacer les caissières, « mes » caissières. Je m’exécute et dépose mon sachet de pâtes sans panache que j’aurais dû acheter chez le traiteur italien, n’est-ce pas ? Mais à Paris, on se lève, excité par l’amour du beau, et on se couche déçu d’avoir manqué de temps. Dame modernité, je ne te blâme pas, comme je ne crie pas à la bêtise nouvelle mais j’avoue que parfois, tu me perds un peu dans ton « trop » . Néanmoins, je n’ai pas l’âme d’un réformateur, ni ne maitrise, ni ne bouscule, je me fais juste promesse, comme un Fernando Pessoa derrière sa fenêtre, de toujours rester à la merci d’un moment, d’une rencontre ou d’une émotion. C’est dans ce climat de manque d’une certaine authenticité, d’une certaine densité, que j’ai rencontré la famille Ypson’s et j’ai eu envie de rester diner. Que l’on soit en recherche ou non, lorsque l’on croise l’authentique, un témoignage ultime d’une culture, d’un artisanat, on ne peut rester insensible. La curiosité générale, un organe finalement plutôt fragile, est comme réanimée par ce sentiment qu’il y a quelque chose au dessus d’un simple concept, il y a de l’histoire, du sens et il y a de la vie. Aujourd’hui on parle famille, on parle boots, et on teste un modèle de la marque Ypson’s.
La marque
Après avoir salué Madame, puis Pedro le fils, c’est avec Monsieur en arrière boutique, dans un petit atelier qui sent bon le cuir et la cire que j’ai récupéré ma paire de bottes Wild. Ypson’s est une marque française de souliers pour homme, certes, mais c’est avant tout une entreprise familiale de cordonnerie. D’abord maréchal-ferrant, Mr Pinto se forme à la conception et réparation de chaussures pour ouvrir en 1986 « la cordonnerie de Monceau », une petite boutique de 10 m2 dans le 8ème arrondissement. 10 ans plus tard, la boutique déménage 192, boulevard Haussmann et divise ses activités en deux parties. La conception et la vente de chaussures, sous le nom Ypson’s tout en conservant l’activité première de la famille Pinto, la réparation de nos souliers. On en reparlera mais la famille Pinto aime les chaussures plus que de nature, pas avares en conseils, anecdotes et traits d’humour, c’est toute une expérience.
Fiche technique
- Modèle Wild
- Bottes laçage 4 oeillets + 4 crochets
- Cuir box calf marron grainé
- Doublure cuir pleine fleur
- Semelle d’usure en gomme
- Semelle intermédiaire en gomme
- Garnissage en liège
- Montage Goodyear
- Fabrication au Portugal
Packaging
Livré dans un sac en toile lie de vin, couleur de la marque, c’est avec un certain plaisir qu’on découvre une boîte kraft d’une sobriété à toute épreuve (je ne peux pas en dire autant). Pas de lettre d’or en relief, pas d’ornement, juste le nom de la marque. Simple, efficace. Si quelques-uns pourraient reprocher le côté basique de cette boîte, je n’en suis pas. D’abord cette boîte marron rappelle visuellement la cordonnerie à l’ancienne, dans le dur et deuxièmement elle nous indique à quel point la marque est concentrée sur autre chose : la qualité de ses souliers et le rapport avec son client. Alors moi, j’ai l’impression d’être chez mon caviste mon cordonnier, dans le vif, loin de tout flafla et ça me repose un peu. A l’intérieur, les bottes sont protégées par deux pochettes de voyage en tissu rouge, floquées du logo de la marque. De plus, Ypson’s offre une paire de tendeurs de voyage et un cirage de la marque Saphir (marque française haut de gamme, à grande réputation, et leader mondial sur le marché du produit d’entretien pour soulier). Cordonnier vous dis-je !
Design
Ok ! Je sors ces boots de la boîte, première impression : tout terrain ! Vous connaissez ce sentiment ? L’impression d’avoir trouvé une compagne qui peut supporter tous vos caprices dans le temps ? Sans même les avoir portées, elles me sonnent la largeur de mes désirs. J’ai envie de les porter à Paris, j’ai envie de les porter dans un chalet à la montagne, j’ai envie de courir dans une prairie avec, de descendre les vignes de ma Bourgogne natale, ou même faire le circuit du malt whisky dans le Speycide. Pas de doute, c’est de l’imposante botte. Si le laçage avec crochets façon commando boots ou combat boots est en partie responsable, le grain du cuir marron en impose tout autant. Aussi élégantes soient-elles, je les visualise assez mal dans un contexte formel, il y a d’autres modèles pour ça, et les qualités esthétiques de ces bottes font écho à un autre environnement plus sauvage, plus Wild, justement nommé !
Conception
Avant de passer à la loupe ce modèle, petite précision sur la conception, Ypson’s travaille avec le même atelier familial (une dizaine d’employés) depuis plus de 20 ans dans la région de Porto. Capitale européenne de la fabrication de chaussures. Précision effectuée, je m’intéresse en premier lieu à la matière c’est-à-dire au cuir utilisé, un box calf provenant d’Espagne, un beau cuir marron grainé, uni dans la teinte et plus souple qu’on pourrait l’imaginer, en tout cas sur le coup de pied. Au contraire sur les deux extrémités, le bout de la botte et le contrefort sont bien renforcés et très denses, parfait pour ce type de modèle, moins de risque que la botte s’affaisse avec le temps. Sans même parcourir d’autres détails, l’ensemble me semble robuste et résistant et je n’ai quasiment aucun doute sur la grande longévité de cette paire de bottes. Le montage cousu Goodyear ne fait que confirmer mon avis. Sur la tige, les découpes de cuir sont irréprochables et les coutures sans défaut, une grande précision et une qualité de conception exemplaire.
Concernant le laçage, j’en ai déjà parlé mais je précise, ces Ypson’s sont équipées de 4 oeillets renforcés (à l’intérieur) surmontés de 4 crochets en métal sur le haut de la tige, les lacets sont cirés pour une plus longue durabilité.
A l’intérieur de la botte, Ypson’s a choisi une doublure en cuir pleine fleur, pour le confort et le maintien de la chaleur. Les coutures sont aussi bien réalisées qu’à l’extérieur de la botte. Au niveau du talon, on retrouve la signature de la marque, ainsi que le logo, et on devine la présence d’ un coussinet d’environ 2 mm.
La semelle extérieure, importante sur ce type de modèle qu’on porte aussi en hiver, est en gomme : c’est le type de semelle d’usure le plus confortable, imperméable et offrant la meilleure adhérence. Personnellement, même si une semelle d’usure en cuir reste ma préférence esthétique générale, pour ce modèle Wild, la gomme semble être la meilleure option.
Dernier point important, une particularité de ce modèle est l’insertion d’un intercalaire en gomme entre la semelle extérieure (en gomme) et le garnissage en liège, permettant d’augmenter encore la durée de vie des bottes en renforçant la structure de toute la chaussure, du talon jusqu’au bout.
Essayage
Grâce à la possibilité d’un laçage/délaçage complet de la botte, en plus de sa languette arrière, je chausse ce modèle en 43 (ma pointure habituelle) sans aucun problème et sans chausse-pied (péché ! je sais !). Mes pieds sont bien maintenus mais sans être trop serrés. Ça peut paraître idiot, mais la manière dont on lace vos bottes sur ce type de modèle a un rôle important ! On veille donc à avoir la même tension sur l’ensemble de la tige pour ne pas casser la ligne au niveau du coup de pied. Maintenant, après l’ensemble de ces qualités, me voilà confronté tout de même (ou enfin pour les plus cyniques) à un premier défaut. Même si ce modèle est loin d’être le plus lourd de tous les modèles de combat boots que j’ai essayé, ce Wild fait son poids. Rien de dramatique pour un modèle qui, il faut bien l’avouer, émane d’une certaine virilité.
Mais pour revenir aux points positifs, le cuir ne marque pas le pli quand il revient dans sa forme originale, comme cela peut être le cas sur beaucoup de modèles en cuir souple. En tout cas, ce modèle affirme fort son caractère, j’aime beaucoup, et deux options s’offrent à nous. On peut l’assagir en portant un pantalon recouvrant le haut de la botte et par la même occasion les crochets, ou au contraire en dévoiler la totalité, pour un aspect plus robuste, plus rustique, plus combat boots ! j’ai décidé de les porter dans un style des plus décontractés, jean brut et pull en laine, on affronte les premiers froids, on respire et on oublie les caisses automatiques !
Pull Octobre éditions | Jean Audemer (ex AVN)
Crédit photos : Florie Berger
Merci à la Maison Bréguet pour son accueil.
Avis
Ypson’s nous propose une paire de bottes Wild à 195€ dont le seul défaut est son poids, pas excessif au demeurant, juste un peu lourde, en tout cas n’altérant en rien mon avis très positif. De la conception aux finitions, Ypson’s réalise un modèle d’un excellent rapport qualité/prix qui ne manque pas de caractère. Les vacances à la campagne ne sont malheureusement pas pour tout de suite, mais ce modèle, obligatoirement, trouvera sa place dans ma valise. En attendant, elles se contenteront, tout comme moi, des boulevards parisiens. Dernière Information non négligeable, on peut, sur demande, personnaliser la chaussure, par exemple choisir une semelle d’usure en cuir ou utiliser une autre couleur de cuir pour la tige. Un supplément de 25€ (franchement pas excessif) est alors facturé et il faudra compter un délai d’attente de 3 semaines.
les plus
- Une grande qualité de conception
- Un beau cuir grainé
- Un montage Goodyear
- Une rencontre chaleureuse et une experience précieuse
les moins
- Un certain poids
Boots
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