Salon International de la Haute Horlogerie 2017 : notre compte-rendu
Chaque année depuis 1991, la crème de l’horlogerie mondiale se réunit à Genève pour le Salon International de la Haute Horlogerie, une occasion pour les plus grands noms du secteurs de présenter à la face d’un public de professionnels les dernières prouesses mécaniques qu’ils ont cachées dans leurs nouveaux garde-temps. Amateur de belles montres, si j’étais habitué aux salons de prêt-à-porter, jamais ne m’avait été donnée l’occasion d’assister à un tel événement. Enthousiaste tel un enfant que l’on emmènerait dans un parc d’attractions, j’ai donc eu le loisir de me rendre à Genève les 16 et 17 Janvier afin d’arpenter les couloirs de cet espace de 45 000 m² d’exposition jonché des plus grands noms de l’horlogerie d’aujourd’hui. Nous vous proposons ainsi de revenir en images sur les nouveautés qui y furent présentées à cette occasion. Préparez-vous à en prendre plein les yeux !
Le salon
Historiquement, le plus grand salon horloger mondial en terme de prestige était le concurrent bâlois de celui que l’on nomme aujourd’hui communément le SIHH. Mais au début des années 1990, 5 marques dissidentes décident de créer un nouvel événement exclusivement dédié à la haute horlogerie quand le Baselworld vise un public plus vaste. De fil en aiguille, d’année en année, il ne cessera de croître pour devenir désormais la référence en matière d’artisanat et de luxe horloger. Pour l’édition 2017, le SIHH n’a jamais accueilli autant de maisons exposantes avec pas moins de 30 noms dont un espace « Carré des horlogers » destiné aux nouveaux artisans créateurs. Si l’an dernier avait vu le record d’affluence tomber avec plus de 15,000 visiteurs, il se pourrait bien que ce soit encore le cas pour cette 27ème édition.
Avant de passer aux choses sérieuses, il me semble important de dépeindre l’ambiance du lieu dans lequel se tiennent les débats, car je n’ai jamais vu rien de tel. En effet, tout a été pensé pour dégager une impression de luxe et d’élégance à l’image des grands noms exposant cette année. Néanmoins, cet espace raffiné habillé de moquette et d’immense murs blancs se fait au final discret derrière les pavillons monumentaux des maisons horlogères, impression donnée par les hauts plafonds. Les grandes et larges salles abritant l’espace de chaque marques voient leurs murs décorés par de vitrines dans lesquelles sont exposées les dernières nouveautés croustillantes qu’elles y présentent.
Le ton est sérieux et on trouve une majorité d’hommes. Beaucoup d’acheteurs et beaucoup de presse venant des quatre coins du globe : asiatiques, russes, américains, français et suisses sont les plus représentés. Absolument tout le monde est en costume-cravate avec sa paire de chaussure fraîchement cirée. De temps à autres, on sent l’agitation monter d’un côté à l’autre du salon, les marques ayant réservé certaines surprises pour la présentation de leurs modèles, notamment en conviant leurs égéries (Hugh Jackman, Pierce Brosnan, Ryan Reynolds pour ne citer qu’eux). Vêtu de mon plus bel apparat, je me suis faufilé entre les acheteurs des boutiques de prestige pour aller à la rencontre des derniers modèles des fleurons de l’horlogerie mondiale.
A. Lange & Söhne
Habituée des cadrans parfaitement ronds et épurés, la plus prestigieuse des manufactures allemandes n’a pas déçu pour cette 27ème édition du SIHH. Dans son stand orné en son centre d’une montre géante, elle présentait dans ses vitrines ses magnifiques nouveautés. En tête de gondole, sa première montre « calendrier annuel », une « 1 Moon Phase » dont le cadran de la fonction « phase de lune » change de couleur selon le jour ou la nuit mais surtout son « Tourbograph Perpetual « Pour le mérite » ». Cette série débutée en 1994 est un baromètre de technologie pour la marque. Cette année, en plus de son mouvement « fusée-chaîne » avec tourbillon, sa fonction chronographe, rattrapante, elle accueille un calendrier perpétuel affichant le jour, le mois et les phases de lune. Une 5ème complication pour le mouvement le plus évolué à ce jour chez A. Lange & Söhne.
Audemars Piguet
Chez Audemars Piguet, le salon de cette année marquait surtout l’occasion de célébrer un événement spécial pour la marque suisse : le 45ème anniversaire de sa « Royal Oak ». En vitrine, ce ne sont pas moins de 6 nouveaux chronographes reprenant le célèbre boîtier octogonal de 41 mm qui ont fait leur apparition avec leur fond guilloché et leur mouvement calibre 2385. Egalement présente au rang des nouveautés, la « Royal Oak Offshore Tourbillon » revisitée dans un version avec bracelet en titane ultra léger.
Baume & Mercier
En 2015, Baume & Mercier avait marqué l’anniversaire des 50 ans de la première victoire du championnat des constructeurs de la Shelby Cobra par un chronographe. Pour le SIHH 2017, une réplique exacte de cette voiture mythique était présente dans le hall de leur pavillon afin de présenter le nouveau fruit de cette collaboration : le chronographe « Clifton Club Shelby Cobra ». Dans un boîtier de 44 mm, équipée d’un mouvement manufacture La Joux-Perret 8147-2, elle présente un cadran bi-colore rappelant celui du bolide. Par ailleurs, la collection Clifton était mise à l’honneur et nous avons eu un coup de coeur pour leur « GMT Power Reserve », première du genre avec son fond bleu et son cadran très équilibré.
Cartier
Le nom Cartier reflète souvent dans l’imaginaire collectif une image de luxe, d’élégance et de sagesse. C’est dans cet esprit feutré qu’elle accueillait ses visiteurs sur le SIHH. Alors que l’an dernier, la marque signait le début de sa gamme de montres sport chic masculine, elle est revenue avec un certains nombre de nouveautés la concernant. Avec ce cadran rectangulaire arrondi si distinctif arborant toujours ces grands chiffres romains, la ligne Drive s’est enrichie de deux modèles majeurs. Le premier est sans nul doute le Drive Moonphase voyant la montre enrichie de la complication phase de lune via le mouvement manufacture 1904-LU MC. Le second est une Drive extra-plate et ultra-séduisante d’une épaisseur de 7 mm parfaite pour l’homme urbain chic.
Girard Perregaux
Dans son pavillon habillé d’or et de glaces avec une partie retraçant son histoire, la maison Girard Perregaux a alterné l’ancien et le nouveau pour 2017. Quand la gamme Laureato rend hommage aux années 70 avec une jolie montre au boîtier octogonal de 42 mm avec cadran guilloché, la marque se tourne notamment vers le futur avec sa « Neo-Bridge » qui se démarque par son design. Le concept est celui d’un garde-temps au mouvement apparent conçu comme faisant partie intégrante de l’aspect extérieur. Ainsi, elle continue l’évolution amorcée par le modèle « Neo-Tourbillon » en ajoutant des détails supplémentaires à son cadran aux touches violettes. Elle est indescriptible mais n’en reste pas moins un garde-temps de grande qualité, mu par le mouvement maison GP08400-0001, 29 rubis.
Greubel Forsey
Lorsqu’on les voit pour la première fois, impossible de ne pas jeter un oeil étonné sur les montres proposées par la maison Greubel Forsey (pour ne pas dire « rester bouche bée »). Ses modèles à complications sont tout simplement éblouissants comme en témoigne la montre « GMT » ornée d’un globe permettant l’affichage d’un second fuseau horaire. En outre, la marque présentait également ses nouvelles montres tourbillon dans une mesure plus sobre.
IWC
Démesure chez IWC pour un pavillon pensé comme un temple romain. Marbre, colonnes et une grande sphère centrale comportant des niches dans lesquelles sont exposés ses nouveaux bijoux horlogers. Si la marque présentait une nouvelle déclinaison d’un modèle de chacun de ses gammes, l’accent était surtout mis sur la collection Da Vinci, rendant hommage au personnage éponyme. La star, c’était donc la « Da Vinci Perpetual Calendar Chronograph », une revisite d’un modèle lancé par IWC au cours des années 80 dans une version bien plus élaborée. Proposée en version or jaune ou acier, c’est le premier chronographe mécanique avec quantième perpétuel et phase de lune dans des sous-cadrans jamais proposé par la marque. Equilibré, masculin, élégant, le résultat est plus que séduisant.
Jaeger Lecoultre
Là où ses confrères s’acharnent à proposer les montres les plus complexes possibles, Jaeger Lecoultre prend le contre courant avec sa collection « Master Control » présentée dans les vitrines de son stand. Au menu, on trouve trois montres au look vintage pour célébrer les 25 ans de la gamme « Master Control » lancée en 1992, parmi lesquelles un chronographe, une « date » et une permettant l’affichage d’un second fuseau horaire.
Montblanc
Au SIHH, Montblanc avait habillé son pavillon aux couleurs de sa gamme « Timewalker » qu’elle repositionne dans un créneau « racing ». Il était alors forcé de lever les yeux au plafond pour admirer le gigantesque cadran de montre suspendu. En effet, sa marque a souhaité accompagner la sortie de sa ribambelle de nouveaux modèles avec la manière. Le plus surprenant d’entre-eux est sans doute le chronographe « Rally Timer ». Dans son boîtier massif de 50 mm (épaisseur, 15 mm !), Montblanc a souhaité rendre hommage à Minerva, entreprise historique qui produisait ses mouvements autrefois en lui conférant le calibre MB M16.29 que l’entreprise avait conçu pour les montres de poches comme les montres poignet. Ce modèle se place ainsi entre les deux avec son bracelet amovible et sa couronne placée à midi permettant d’actionner les fonctions de chronographe.
Aussi, la marque présentait une seconde gamme dans un esprit plus vintage avec des modèles ornés de son logo d’antan dont ce superbe chronographe tachymètre réalisé dans un boîtier en bronze en exclusivité et en édition limitée pour le SIHH.
Panerai
Pour le SIHH, Panerai avait réservé plusieurs annonces exclusives et de nouvelles revisites de ses modèles phares. C’est notamment la « PAM 671 Luminor » qui est passé en mode « Submersible » dans deux versions résistant à toute épreuve. Avec son boîtier de 47 mm réalisé dans un alliage de zirconium, cuivre, aluminium, titanium et nickel estampillé « BMG-TECH », la montre résistera ainsi à la corrosion, aux chocs et à une exposition aux champs magnétiques. En parallèle, la marque officialisait son partenariat avec la Coupe de l’America avec certains de ses modèles classiques habillés aux couleurs de la célèbre course comme ici la « Luminor Marina ».
Parmigiani
Si la maison horlogère Parmigiani Fleurier n’a guère plus qu’une vingtaine d’années d’existence, ses produits n’en demeurent pas moins qualitatifs. La marque présentait au SIHH une partie de sa collection avec notamment un modèle tourbillon 60 secondes ainsi que cette superbe « Tonda » au mouvement automatique maison PF701 permettant l’affichage d’une petite seconde sur ce joli cadran au guillochage original.
Piaget
L’année 2017 marque une célébration importante pour la maison Piaget : les 60 ans de sa ligne Altiplano, celle qui a vu naître les plus fins mouvements au monde. La réelle prouesse pour cet horloger, c’est d’être parvenu à créer un mouvement à remontage automatique aussi fin (2,1 mm). Il est aujourd’hui sans égal est se voit célébré par une montre élégante et fine au fond bleu, couleur phare de Piaget. Cependant, notre coup de coeur est allé à ce modèle de la même gamme décliné en or rose et or blanc avec affichage petites secondes.
Richard Mille
Au fur et à mesure du temps, Richard Mille est parvenu à imposer sa patte sur un montre de l’horlogerie ou le classique demeurait omniprésent. Si la marque scellait à l’occasion du salon son partenariat avec l’écurie de F1 Mac Laren (vous aurez remarqué la voiture grandeur nature) par la sortie d’une montre en édition limitée, elle en profitait également pour montrer quelque unes de ses montres phares des années précédentes. J’avais apprécié lors de sa sortie en 2015 le modèle « RM 69 Erotic Tourbillon » tout en titane avec réserve de marche de 69 heures et un affichage de message coquins aléatoire ;)
Roger Dubuis
Pour le SIHH 2017, la maison Roger Dubuis avait réservé l’annonce de son partenariat avec la réputée marque de pneus Pirelli. Dans son espace décoré comme un vestige de séisme, la marque présentait alors le modèle qui en était issu accompagné des autres nouveautés de sa collection. J’ai pour ma part apprécié le modèle dévoilé l’an dernier, la montre « Excalibur Quatuor FFF Racing Team » avec son mouvement tourbillon RD101 apparent composé de plus de 600 pièces ! Une montre complexe et pleine de subtilités.
Ulysse Nardin
Ulysse Nardin faisait son apparition sur le salon SIHH pour la première fois de son histoire en 2017 avec un pavillon orné d’un catamaran grandeur nature. Au rayon des nouveautés horlogères, la marque a présenté l’impressionnante « Innovision 2 » redéfinissant le futur de la création de montre avec son tourbillon révolutionnaire et l’usage de matériaux inédits. Mais celle qui a trouvé grâce à nos yeux fut la « Regatta », une montre entièrement pensée pour les skippers en mer. Ce chronographe bi-directionnel dans un boîtier de 44mm au cadran très travaillé a été pensé pour les besoins des courses nautiques. Il embarque un mouvement permettant une fonction compte à rebours faisant tourner les aiguilles en sens inverse et départ instantané, le transformant en chronographe classique d’une simple pression.
Vacheron Constantin
La maison horlogère Vacheron Constantin réputée pour ses montres d’exception était venue au salon pour y présenter son lot de nouveautés très attendues. Parmi ces dernières se trouvait celle qui a fait sensation et restera comme LA montre phare de la semaine. Son nom : « Les Cabinotiers Celestia Astronomical Grand Complication 3600 ». Avec ce modèle la marque suisse confirme son statut d’excellence en matière de grandes complications comportant des fonctions astronomiques. 514 pièces dans 8,7 mm, 23 fonctions et trois semaines de réserve de marche. Les chiffres sont impressionnants et on ne résiste pas à vous en citer quelques unes : différence temps solaire et temps civil, calendrier perpétuel avec phase de lunes, maréoscope avec affichage de l’alignement Terre-Lune-Soleil, un calendrier capable de prendre en compte les irrégularités sans intervention, etc. En bref, de l’art horloger produit à 8 exemplaires seulement.
Voici donc une visite fort enrichissante dans un milieu qui parait souvent très inaccessible : l’horlogerie de luxe. A vrai dire, il s’agit dans le fond d’appréhender un marché et ses coutumes plus que de renseigner sur des produits de consommation. D’ailleurs, j’ai pris cette visite au même titre que celle d’un musée. Ainsi, si je ne repars jamais avec un tableau à la fin et ne garde qu’un maigre espoir d’un posséder à un moment de ma vie, j’estime qu’il en est de même pour la haute horlogerie. Quoi qu’il en soit, sachez que le salon est ouvert au grand public le vendredi 20 janvier 2017.
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