Icône de mode #19 : Marlon Brando
La mode homme est souvent parsemée de ces personnages historiques provenant d’un univers différent et dont on entend le nom revenir régulièrement. L’icône de mode de laquelle nous nous apprêtons à examiner le style à la loupe a traversé les époques sans prendre une ride. Du moins dans l’imaginaire collectif qui a continué à l’aduler pour sa beauté et son talent de jeunesse alors même qu’il était sur le déclin. Plus jeune, mon père le mentionnait souvent comme référence d’un acteur incontournable ayant dépassé les frontières du cinéma. On a dit de lui qu’il fut une rockstar avant même la naissance du rock ! Si vous portez des t-shirts blancs aujourd’hui, vous lui devez en quelque-sorte. Voici notre icône de mode #19 : Marlon Brando.
Marlon Brando (1924-2004)
3 avril 1924 : à Omaha dans le Nebraska naît le fils cadet d’une famille américaine immigrée par excellence (origines allemandes, hollandaises, irlandaises et anglaises). Après Jocelyn et Frances, Marlon Sr et Dorothy Julia accueillent le petit Marlon. Le père est à la tête d’une entreprise fabricant des pesticides, la mère est actrice et a des problèmes d’alcoolisme.
1939 : après des séparations et réconciliations successives ayant poussé la mère et ses trois enfants à un exil californien de deux ans, la famille se retrouve dans l’Illinois à Libertyville, une petite ville au Nord de Chicago. Alors âge de 15 ans, Marlon Jr y travaille comme ouvreur au cinéma de la ville jusqu’à 1941.
1940 : Turbulent, le jeune Marlon se fait renvoyer de son collège pour avoir roulé en moto dans les couloirs.
1943 : Une nouvelle fois, alors qu’il fréquente la Shattuck Military Academy, une école militaire à laquelle allait son père, il se fait une nouvelle fois renvoyer pour insubordination et décide d’arrêter les études et part pour New York ou ses soeurs étudient à la American Theatre Wing Professional School, une école pour apprendre le théâtre. Élève assidu et talentueux, Marlon fait quelque chose qu’il apprécie et reçois des compliments pour la première fois de sa vie.
1944 : la carrière de Marlon Brando débute par le théâtre et il enchaîne les petits rôles à Broadway : Tendresse (1944), Truckline Café (1945) qui lui vaudra un bon de popularité, A Flag is Born (1946), Candide (1946), Antigone (1946). Mais la pièce qui le lancera dans le grand bain sera Un tramway nommé Désir produite par Jack Wilson en 1945.
1950-1954 : Premier rôle à l’écran pour Marlon Brando das le film C’étaient des hommes dans lequel il incarne un vétéran devenu paraplégique. Une fois baptisé pour le grand écran, les cinq suivants : Un tramway nommé désir (1951), Viva Zapata! (1952), Jules Cesar (1953), L’équipée Sauvage (1953), Sur les quais (1954), le font littéralement changer de statut auprès de la profession tout d’abord puisqu’il est nommé à quatre reprises aux Oscars avec une victoire dans la catégorie meilleur acteur en 1954. Mais également auprès du grand public qui s’arrache les répliques de blousons en cuir et de jeans qu’il porte sur sa moto dans l’Equipée Sauvage.
1957 : Marlon se marie avec l’actrice indienne Anna Kashfi. Tous deux donnent naissance à leur fils Christian Brando l’année d’après, le 11 mai 1958, puis divorcent en 1959.
1960 : Marlon se marie avec l’actrice Mexicaine/Américaine Movita Castaneda de sept ans son ainée. Ils auront deux enfants : Miko Castaneda Brando (1961) et Rebecca Brando (1966) et un divorce en 1962.
1962 : Marlon se marie avec l’actrice polynésienne Tarita Teriipaia de 20 ans sa cadette qu’il rencontre sur le tournage du film Les Révoltés du Bounty. Avec elle, il a deux nouveaux enfants Simon Teihotu Brando (1963) et Tarita Cheyenne Brando (1970). Ils divorceront en 1972.
1970 : La suite de la carrière de l’acteur sera faite de beaucoup de bas, n’acceptant des rôles que pour gagner de l’argent ou rendre service, puis s’essayant à la réalisation sans succès. Pour la critique, son seul film notable jusqu’aux années 1970 est Le Bal des maudits (1958) dans lequel il interprète un officier allemand.
1972 : malgré une liste d’acteurs potentiels longue comme le bras, Francis Cord Coppola choisit Marlon Brando pour incarner le rôle principal de son nouveau film nommé Le Parrain aux côtés d’un casting prometteur. Selon l’histoire, de nombreux doutes auraient été formulés à son encontre pour le rôle (cachet trop cher, non moins vendeur qu’auparavant), mais le réalisateur aurait insisté. A raison puisque le succès est au rendez-vous tant au niveau commercial que critique et bat de nombreux records à l’époque. Tout le casting est nommé aux Oscars et pour sa performance aujourd’hui légendaire, Marlon brando est lauréat dans la catégorie « meilleur acteur ». Contre toute attente, il refuse le prix pour protester contre l’image négative des Indiens d’Amérique dans les films hollywoodiens.
1972 : La même année, il apparaît une nouvelle fois dans le film à scandale Le Dernier Tango à Paris de l’italien Bernardo Bertolucci et se voit une nouvelle fois nominé aux Oscars. Il traversera le reste de la décennie en retombant dans ses travers et ne travaillant que pour le cachet (il accepte par exemple de faire la voix du paire de Superman en 1978, payé 3,7 millions de dollars pour deux semaines de travail
1979 : Malgré son manque de professionnalisme devenu récurrent (il ne travaille plus ses rôles, n’apprend pas les textes, prend du poids considérablement), Coppola fait appel à lui pour incarner un gradé américain dans film sur la Guerre du Viêt Nam Apocalypse Now. Pour d’autres raisons (infarctus de l’acteur principal Martin Sheen, Ouragan sur le lieu du tournage), le tournage est particulièrement éprouvant mais le film se voit acclamé par la critique recevant de nombreuses distinctions.
1980 à 1989 : ses apparitions se font plus rares au cinéma et il n’en compte aucune notable dans cette décennie.En 1989, il joue le rôle d’un avocat dans Une saison blanche et sèche, un film sur les discriminations en Afrique du Sud. Son salaire sera reversé à des associations luttant contre l’apartheid.
1990 : L’amant tahitien de sa fille Cheyenne est assassiné par son demi-frère Christian à Los Angeles. Il est condamné à 10 ans de réclusion. Marlon passera la plupart des années 1990 de procès en procès contre la famille de son beau-fils a propos des circonstances floues de cet assassinat.
1997 : Très attaché à défendre la cause des Indiens, il tourne en 1997 dans The Brave, un film de Johnny Depp qui devient alors son ami proche.
2001 : il apparaît pour la dernière fois au cinéma dans le film The Score avec Robert De Niro et Edward Norton.
1er juillet 2004 : Marlon Brando décède à Los Angeles, en Californie, d’une fibrose pulmonaire.
Le style Marlon Brando
100% pur beau gosse
Ne nous le cachons pas, si Marlon Brando a réussi à percer, c’est d’avantage pour sa gueule que pour la technique de jeu qu’il a appris sur les bancs de l’école. Car oui, il est beau, très beau et représente une sorte de perfection masculine. Du haut de ses 1,75m, il a dans sa jeunesse tout pour plaire et son regard plein d’assurance fait des ravages. Il comprend vite la recette du succès sur scène mais également auprès des femmes. Et on s’en doute, ce n’est pas celle du fils de bonne famille.
En effet, si avant la Guerre le mec normal représentait une sorte de fiabilité et un parti certain pour la gent féminine, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, celui qui a pris sa place devait faire preuve de plus de virilité. Les hommes américains se sont donc rendus compte que l’on était quand même pas mal en sous-vêtements et commencèrent à porter en ville leur tricot de corps pour copier celui que les femmes adulent déjà : Marlon Brando. En effet, c’est la marque de fabrique de ses débuts, le port du t-shirt uni serré, voire du débardeur, débraillé, sale même avec un air provocateur et les cheveux pas coiffés. Dégageant force, vigueur et même brutalité, c’est lui qui donne ses premières lettres de noblesse au t-shirt.
Malgré les personnages qu’il incarne, Marlon Brando a tout du fils de bonne famille hors écran. Evidemment sa beauté naturelle y est pour beaucoup dans cette impression, mais son style de gendre parfait n’a pas pris une ride comme sur les photos ci-dessous avec un pantalon à pinces et un pull porté à même le corps et une paire de derbies.
Le badboy par excellence
Pourquoi joue-t’il si bien le bad boy à l’écran ? Car dans sa tête et du fait de son enfance, Marlon Brando est un insoumis. L’Equipée Sauvage, film duquel il est la vedette en 1954 aura un retentissement à l’échelle planétaire, notamment pour le style qu’il arbore. A l’époque, si ce n’est plus le professeur ou le comptable qui plait mais bien le mauvais garçon en t-shirt sur sa bécane, ce film y est pour beaucoup. Plus même, il contribue à populariser la tenue du jeans/t-shirt et le blouson en cuir noir de type perfecto lui doit sa mauvaise image. Si aujourd’hui tant d’hommes portent des jeans, c’est peut être grâce à Marlon ;)
La même année, Brando est à l’affiche du film Sur les Quais de Elia Kazan. Son impact est bien moindre, mais il témoigne une nouvelle fois du la propension du jeune acteur à incarner des personnages troubles et turbulents. Ici, il joue un ancien boxeur et porte le bomber à merveille, toujours avec un jeans, quasiment plus dissociable de la jeunesse de l’époque.
Un dragueur invétéré
Une aussi jolie bouille ne pouvait que tomber dans la drague de haut vol. Toujours plutôt chic hors des tournages et lors de ses apparitions publiques dans ses jeunes années, Marlon Brando collectionne les conquêtes avec des noms rutilants cochés sur sa liste. Alors que les autres icônes populaires de sa génération telles qu’Elvis ou James Dean n’étaient jamais très élégants et incarnaient un style « jeune », il n’est pas rare de voir Marlon Brando porter le costume à l’écran comme dans la vie. Par exemple, pour le film comédie musicale Blanches Colombes et Vilains Messieurs dans lequel il partage l’affiche avec Frank Sinatra, il incarne le séducteur parfait de l’époque dans son costume clair, chemise noir et feutre vissé sur la tête.
Hors caméra, il adopte un style généralement plus casual à partir du milieu des années 50 : costume avec ou sans cravate et oublie sa chevelure rebelle pour une raie sur le côté. Vrai Don Juan dans la vie, il se mariera trois fois, sera père de 16 enfants reconnus et sera l’amant de nombreuses vedettes de l’époque : Sofia Loren, Marilyn Monroe, Grace Kelly, Jacqueline Kennedy, Marlene Dietrich, etc.
Précurseur de mode malgré lui
Au fil de son existence, Marlon Brando n’aura eu de cesse d’être un grand animateur de la mode masculine. Très jeune, alors que ses premiers succès à l’écran interviennent, il est faiseur de tendances et imprime à toute sa classe d’age un style plus décontracté que celui porté auparavant. Aux côtés des acteurs phares de sa génération, il participe à l’avènement du jeans/baskets/t-shirt nous paraissant si basique aujourd’hui mais qui a l’époque est un vrai rejet des codes formels de la société.
Le cap de la trentaine le voit s’assagir niveau vestimentaire mais il garde un style très actuel pour l’époque. Arme fatale du séducteur, il porte le col roulé de temps à autre, mais en général, il préfère le costume. S’il est bien loin du look mauvais garçon de ses jeunes années, Marlon Brando s’est adapté à sa nouvelle condition de star et de séducteur. Il aime le porter gris, légèrement prince de Galles et avec une cravate assez slim pour ces années là.
Pour la suite de sa vie, il gagne en maturité vestimentaire et assume sa condition de star planétaire. A partir des années 1970, ses tenues sont bien moins conventionnelles et témoignent un goût certain pour la mode du futur. Dans le film Un Dernier Tango à Paris (1972), il porte par exemple un manteau long digne de ceux tendances ces dernières années. Il en est de même pour cette photo de 1982 accompagné d’un indien d’Amérique ou Marlon a opté pour une veste à l’esprit très workwear comme celles que l’on voit aujourd’hui rééditées. L’acteur a certes pris du poids, mais sa stature et sa classe naturelle sont bien là.
Marlon Brando : la jeunesse éternelle
Malgré une vie tumultueuse terminée par des problèmes de poids conséquents, deux images resteront de Marlon Brando. La première, c’est avant tout celle du parrain et du personnage mythique de Don Corleone qui sera gravée pour l’éternité dans l’histoire du cinéma, considérée comme le rôle majeur de sa carrière. La seconde, c’est l’image d’une jeunesse éternelle, d’un garçon considéré pour beaucoup comme le plus beau de l’histoire, en avance sur son temps et faiseur de tendances du fait de sa célébrité. Son style restera avant tout celui de l’Equipée Sauvage, rôle qui a confirmé son statut aux yeux du grand public : bottes, jeans brut, t-shirt blanc et perfecto.
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