Blazer Cowt Lucien : Test & Avis

Lorsque l’on porte le costume (et plus particulièrement le costume formel), on renvoie bien souvent, volontairement ou non d’ailleurs, une certaine image. Non pas que celle-ci soit négative, bien au contraire, mais elle peut créer une certaine barrière, donner à son porteur un air plus strict, plus « sévère » qu’il n’est en réalité. Et c’est d’ailleurs bien souvent pour cette raison que certains hommes préfèrent adopter le blazer pour son côté plus décontracté. Aussi bien portable au travail qu’en terrasse, il a l’avantage de pouvoir nous suivre partout, du matin jusqu’au soir. Une légère touche de nonchalance en somme, que l’on assume pour le coup beaucoup plus facilement. Et pour Cowt, toute jeune marque parisienne, c’est l’essence même du blazer ! On a d’ailleurs pu tester un de ses modèles, le Lucien :

La marque

En faisant quelques rapides recherches sur Internet, on retrouve assez facilement les premières traces laissées par Cowt sur la Toile. Et c’est début 2019 que cette dernière commence à faire parler d’elle. Assez mystérieuse à ses débuts, elle expose au final rapidement son idée : proposer un blazer (mais aussi un costume) entièrement entoilé au meilleur prix. La marque a alors trois objectifs principaux : « utiliser des matières d’exception issues d’une filature renommée, valoriser une confection traditionnelle et conserver des prix abordables ». Le décor est planté. Pour ses tissus, Cowt est allée les sourcer chez Reda et fait monter l’ensemble de ses pièces chez Alina, un atelier chinois fort d’un savoir-faire artisanal. Ces points permettent ainsi à la marque de proposer un blazer entièrement entoilé sous la barre des 300€.

Fiche technique

• Modèle : Lucien
• Couleur : bleu marine
• Coupe : ajustée
• Saison : 4 seasons
• Matière : Laine
• Doublure : non doublé
• Epaule : napolitaine
• Revers : 8 centimètres
• Boutons : corozo naturel
• Poches : à rabats
• Fentes : double
• Poignets : non fonctionnels
• Montage : entoilage complet
• Fabrication : Chine

Comment choisir et porter un blazer pour homme ?

Présentation

Tout ceux qui portent le costume quotidiennement (ou, du moins, régulièrement) vous le diront, la housse est bien plus qu’un simple accessoire de transport. Bien évidemment, Cowt ne déroge pas à la règle et envoie son blazer dans une housse noire (vous savez, celle proposée par à peu près toutes les jeunes marques de costume et les nouveaux tailleurs) floquée de son logo sur le dos. Pour le protéger au maximum, le blazer est glissé dans un blister et suspendu à un joli cintre revêtu d’une sorte d’imitation de velours violet. Une petite étiquette est enroulée autour du premier bouton. C’est simple mais plutôt efficace.

Style

À première vue, Cowt a opté pour la sécurité en réalisant un blazer simple mais non dénué de petites pointes d’originalité. Et, bien entendu, cela passe en premier lieu par le choix du tissu. Provenant donc de chez Reda, c’est un Super110’s au toucher duveteux se rapprochant d’une flanelle. Uni marine de prime abord, il est plus subtil qu’il n’y paraît puisqu’il présente un joli motif à chevrons. Pour le reste, on est sur quelque-chose d’assez traditionnel à savoir revers à cran classique, poches à rabats, poche poitrine et double fentes. Enfin, je note que la veste semble avoir une coupe plutôt ajustée, je vérifierai ce point une fois sur le dos.

Conception

Rentrons maintenant dans le vif du sujet. Et commençons par l’une des choses auxquelles il faut faire le plus attention lorsque l’on décide d’acquérir un blazer : sa conception, et plus précisément, son entoilage. Rappel rapide : une veste est composée de trois épaisseurs. Les deux premières, visibles, correspondent au lainage (le tissu extérieur) ainsi qu’à la doublure. Entre les deux, au niveau des devants de la veste, on vient glisser une toile, appelée toile tailleur. C’est sur cette toile, qui part de l’épaule pour se terminer sur le bas des pans, que reposent les épaulettes, les plastrons de poitrine, les revers, les poches, etc. Cela correspond donc à une sorte de plastron donnant un tomber et une structure à la veste.

Son montage peut se faire de trois façons possibles : thermocollé, semi-entoilé et entoilage complet. Pour aujourd’hui, je passe rapidement les deux premières façons de faire (mais si cela vous intéresse, je vous invite à (re)découvrir notre Suit Monday spécial critères de qualité d’un costume) pour ne m’attarder que sur la troisième. Ici, on juxtapose sur cette fameuse toile des plastrons. Rien n’est collé puisqu’elle n’est cousue qu’au niveau des épaules, des emmanchures et est brochée sur les revers. Elle est alors dite flottante et donne à la veste une très belle fluidité. Méthode de conception la plus durable, peu d’usines savent l’exécuter, ce qui expliquent en temps normal un prix assez élevé (sauf chez Cowt du coup !).

Naturellement, je me suis penché sur une autre partie essentielle d’une veste : ses épaules. De manière globale, deux écoles s’affrontent sur ce point : le style anglais et le style italien. Pour le premier, on sera en présence de carrures structurées, rembourrées par ce que l’on appelle un padding (plus ou moins important en fonction de ce que l’on recherche). Pour le second, l’épaule sera plus naturelle (ou tombante). Il y aura donc très peu (voire pas du tout) de padding pour ce montage. Et c’est cette seconde option qu’a choisi Cowt pour son blazer. Je dois dire que c’est logique, presque normal même, quand on voit la fluidité de la pièce !

Des épaules, je suis naturellement tombé sur les revers. Ces derniers sont classiques, leurs crans étant réalisés de manière traditionnelle. On retrouve sur celui de gauche une petite boutonnière. Appelée milanaise, elle était utilisée, à l’époque où le costume était un uniforme militaire, pour accrocher les médailles. Aujourd’hui, elle est un code traditionnel du costume mais permet toujours d’y attacher une petite broche ou une jolie fleur pour les plus dandys d’entre nous. À noter que ce détail est presque exclusivement réservé aux costumes sur-mesure. De plus, il ne peut être fait qu’à la main, aucune machine n’étant (encore) assez précise pour le faire. J’ai failli oublier, mais ces revers font 8 centimètres, une largeur assez classique aujourd’hui. En effet, et à l’inverse des années 2000 et du règne d’Heidi Slimane, on a tendance désormais à les porter plus larges qu’auparavant !

Je continue à procéder par étape et m’arrête un temps sur la poche poitrine. Vu rapidement, elle semble on ne peut plus classique : en simple passepoil et de biais. Tellement classique que j’ai presque failli ne pas remarquer sa spécificité. Son ouverture est effectivement en biais, mais elle n’est pas droite ! Avec sa ligne courbe, cette particularité est appelée « barchetta » et nous vient tout droit de Naples. À l’inverse, les deux autres poches sont on ne peut plus classiques : droites, à rabats et cousues en demie-lune.

Pour le boutonnage, Cowt a misé sur un classique deux boutons. Ton-sur-ton, ils sont réalisés en corozo naturel. Aussi appelé « l’ivoire végétal », il est l’albumen du fruit du palmier à ivoire d’Amérique tropicale. Les boutons de la boutonnières suivent bien évidemment cette logique et se fondent parfaitement aux poignets. Chevauchant, j’aurais bien aimé qu’ils soient fonctionnels, mais cette petite spécificité aurait sans doute alourdi la facture finale.

À l’arrière, deux fentes viennent nous apporter ce qu’il faut d’aisance tout en évitant de nous faire perdre toute dignité lors d’un mouvement non approprié. Vous ne voyez pas du tout de quoi je parle ? Ok. Imaginez un homme portant une veste avec une fente centrale, qui glisse ses mains dans ses poches de pantalon en embarquant les pans de sa veste. Cette fameuse fente centrale s’amusera alors à s’ouvrir intégralement, laissant, au mieux, apparaitre une chemise froissée. Voilà, vous l’avez maintenant ?

Après m’être longuement attardé sur l’extérieur, je passe maintenant à l’intérieur. Et, ah, il n’y a pas grand chose ! En effet, la veste n’est pas doublée (enfin, on retrouve une petite viscose au niveau des omoplates). Là encore, le choix de Cowt semble pertinent puisque cela s’inscrit également dans l’idée de proposer une veste ultra légère, ultra confortable, ultra souple. Cela dit, c’est aussi une construction qui nécessite des finitions impeccables puisque tout est visible. La marque en a bien conscience car tout est impeccablement réalisé. Enfin, les revers accueillent classiquement une poche portefeuille, une poche téléphone et une poche tabac.

Essayage

Bon, je pense avoir bien passé la veste au crible, il est maintenant temps de la passer ! La marque étant toute récente, je me suis bien évidemment penché sur son guide des tailles afin de choisir mon blazer au mieux. Plutôt bien fait, il conseille de prendre trois mesures : poitrine, taille, hanche. Trois mesures pertinentes puisque ce sont celles utilisées chez les tailleurs (en demie-mesure) pour choisir les gabarits que les clients passent. Mes mesures prisent, je suis parti sur un Lucien en 52, ma taille habituelle.

Et dans l’ensemble, c’est la bonne taille ! Mon oeil d’ancien tailleur me fait remarquer que la carrure est un poil juste (mais il y a fort à parier que celle du 54 aurait été trop grande) mais, pour le reste, on est bon les jeunes ! Je suis assez surpris de la longueur des manches : généralement, le prêt-à-porter m’oblige à les retoucher. Ici, la veste s’arrête à la naissance de mon pouce. Autre bon point : la tête de manches. Haute, elle permet des mouvements amples sans être gêné. Là encore, étonnant pour du prêt-à-porter ! Une fois la veste boutonnée, je sens la coupe ajustée de celle-ci sans pour autant me sentir engoncé. Le blazer se fait très vite oublier et est très (très) léger.