Richelieu Ben’s Shoecrafters Allen : Test & Avis
Dans le vestiaire masculin, le monde de la chaussure occupe une place bien particulière. Régie par une poignée de marques présentes depuis des décennies (voire des siècles) et ce qu’importe la strate dans laquelle elles évoluent. Si bien qu’il peut paraitre difficile de se faire une place sur nouveau marché pour un outsider. Cependant, on voit chaque saison des « petits nouveaux » débarquer, pleins d’enthousiasme, et tenter l’aventure. C’est le cas de Ben’s Shoecrafters qui nous propose à son tour sa vision de la chaussure et que nous découvrons ensemble pour la première fois. Nous mettons aujourd’hui au banc d’essai son modèle « Allen », un Richelieu bi-matières d’apparence rustique, qui a piqué notre curiosité.
La marque
Si le nom Ben’s Shoecrafters est tout récent, l’origine de la marque remonte aux années 60. C’est au Maroc qu’elle réalise ses premiers modèles qui étaient alors des chaussures miliaires cousues main. Dans les années 90, lorsque le fils du fondateur reprend les rennes de l’entreprise, la fabrique décide de se lancer dans la production de chaussures haut-de-gamme. Il propose alors en 1998 sa propre marque : « Benson shoes ». 20 ans plus tard, l’entreprise familiale s’attaque au marché français avec une nouvelle griffe qui nous intéresse ici : « Ben’s Shoecrafters ». Elle s’appuie alors sur un savoir-faire relativement ancien, et met en avant des étapes de fabrication qui restent en grande partie réalisées de manière artisanale, une réelle volonté de sélectionner des matériaux de qualité, et un assemblage de ses chaussures par un cousu Goodyear.
Fiche technique
- Richelieus « Allen »
- Full brogue
- Cuir de veau viking de la tannerie française d’Annonay couleur cognac
- Cuir suède marine de la tannerie anglaise Charles F. Stead
- Cinq oeillets
- Semelle gomme
- Montage Goodyear
- Forme 597
- Fabriquée au Maroc
Test
La paire est livrée dans une jolie boîte verte, la couleur de Ben’s Shoecrafters. Sur son couvercle, le nom de la marque, ainsi que la date de création de l’atelier, sont marqués en lettres d’or. La boîte en main, une chose m’a interpellé : sa forme. Plus carrée que rectangulaire. Cette spécificité lui permet d’accueillir, en plus de la paire (évidemment), un sac de transport, un chausse-pieds, une paire de lacets de rechange mais, surtout, des embauchoirs en bois ! Une attention toute particulière et plus que bienvenue, que peu de chausseurs de cette gamme proposent.
Cette bonne surprise passée, intéressons-nous maintenant à la paire en elle-même. Je me suis en premier lieu penché sur le, enfin les, cuirs qui la composent. Celui utilisé pour le bout, une partie des ailes de quartier ainsi que le contrefort est un cuir de veau viking (mais sans la hache et la barbe). Provenant de la fameuse tannerie d’Annonay, il revêt une jolie couleur cognac légèrement vieillie par endroits et patinée à la main. Cela lui donne alors un aspect imparfait des plus appréciables. Pour ce qui est des garants, ainsi qu’une partie des quartiers, Ben’s Shoecrafters est allé pioché du côté de chez Charles F. Stead, une tannerie anglaise, ce cuir suédé marine.
Qualifiée de full brogue, la paire voit ses bouts affublés d’une décoration perforée. On retrouve également sur chaque extrémité des pièces de cuir cognac avec la traditionnelle alternance de « : » et de « O ». En parcourant ces détails, je me suis penché sur d’autres, comme les coutures par exemple. Celles-ci sont réussies et enchaînent courbes et lignes droites sans fausse note. Comme pour le reste, la trépointe est également joliment réalisée : chaque point est à sa place. Enfin, le laçage se fait à l’aide de cinq oeillets renforcés par des anneaux métalliques invisibles.
Passons à présent à l’intérieur de ces Allen. Comme pour le reste de la chaussure, celui-ci est travaillé. Ainsi, on retrouve au niveau du talon, une pièce de cuir cognac similaire à celui utilisé pour l’extérieur. Gravé du nom de la marque, il surplombe un petit coussinet de mousse censé améliorer le confort de port. En passant le doigt, je remarque d’ailleurs que cette partie adopte une forme convexe qui, j’imagine, accueille le talon pour plus d’aisance. La première de montage est réalisée dans un cuir perforé et couvre une fine plaque de mousse également présente pour enchaîner les heures de port sans désagrément. En clin d’oeil, Ben’s a sélectionné une doublure en cuir verte pour habiller l’intérieur de sa paire.
On termine cette inspection minutieuse en s’intéressant à la semelle d’usure. En gomme, elle provient de la marque italienne Wearlight. En résulte une semelle légère et à l’épreuve des mauvais traitements. De type commando, elle nous promet une adhérence à toutes épreuves mais également une durée de vie conséquente de par son montage en Goodyear. En l’observant, l’oeil est tout de suite attiré par le talon. En effet, ce dernier est obtenu à l’aide de gomme mais également de cuir, lui donnant un caractère certain. Si ce choix peut faire réagir, force est de constater que le résultat est plutôt original.
Essayage
Découvrir une nouvelle marque revêt souvent un caractère spécial. En effet, c’est toujours intéressant d’avoir entre les mains une pièce que l’on découvre pour la première fois, que ce soit pour la façon dont la marque a réalisé tel ou tel détail, comme pour l’aspect général du produit. Cette paire de Allen représente pour moi mon tout premier contact avec Ben’s Shoecrafters. Ne connaissant donc pas son sizing (et ne proposant malheureusement pas de guide des tailles pour l’instant), j’ai pris ma pointure habituelle, à savoir 44, en espérant que celle-ci serait la bonne.
À réception, j’ai soupesé la paire avant de la passer. Je suis étonné de son poids, que j’avais imaginé plus léger du fait de l’utilisation d’une semelle gomme. Non pas que ces Ben’s soient aussi lourdes que les blagues de mon oncle un peu trop éméché le soir de Noël, mais disons qu’il y a de fortes chances pour qu’on les sente une fois aux pieds. Mais il n’y a qu’une seule façon d’en avoir le coeur net : les enfiler ! Premier bon point, ces Allen se passent facilement malgré l’utilisation quasi obligatoire du chaussepied. Une fois lacée, la paire se montre vraiment confortable : l’avant de la chaussure étant relativement large, le pied est bien maintenu sans pour autant être compressé. Pour ce qui est du poids évoqué précédemment, une fois portée, la paire se fait finalement rapidement oublier (ça reste plus léger que des chaussures équipées de semelles en cuir). Seule ombre au tableau, la marge à l’avant du pied, un peu trop importante à mon goût.
Blouson JAQK | Chemise Swann & Oscar | Jean Scotch & Soda
Avis
Lorsque je découvre une nouvelle marque, je suis souvent partagé entre un sentiment d’enthousiasme et de suspicion (en me disant que si c’est nouveau, ce sera forcément imparfait). Au niveau du confort, j’ai trouvé que la largeur était idéale mais que la longueur des pieds était un peu trop importante (en tout cas par rapport à ma morphologie). Le style est au premier abord surprenant : les chaussures sont relativement imposantes, les talons assez inhabituels, tout comme ce mélange de cuirs. Mais c’est aussi ce qui a suscité mon intérêt et qui m’a donné envie de voir ce modèle de plus près. Et au final, plus je les regarde, plus de les apprécie ! Je trouve que cette association de cuir lisse cognac et de cuir suédé marine fonctionne très bien et la semelle gomme type commando donne encore plus de caractère à ce modèle ! Malgré la jeunesse de la marque, on sent qu’il y a de l’expérience derrière car chaque détail est bien réalisé, et de ce que l’on peut voir, les chaussures ont vraiment l’air de qualité. Le tarif de 240€ me semble donc justifié et cette paire de Ben’s Shoecrafters donne clairement envie de continuer à s’intéresser à cette nouvelle marque ! A suivre donc…
les plus
- L'association cuir lisse / cuir suédé
- Les teintes choisies
- Un montage propre et sans défaut
- La semelle gomme Wearlight
- Un poids plutôt léger
les moins
- Relativement imposante
- La pièce de cuir utilisée pour le talon
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