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La mode des années 50

Introduction

A la suite de notre article sur la mode des années 1930 qui avait lancé notre série sur la mode d’hier, on continue avec les années 1950. Ces années sont à placer dans un contexte d’après-guerre, dans un monde qui a la gueule de bois après tant de péripéties. C’est donc le début d’une période de reconstruction, les Trentes Glorieuses, qui vont voir la société subir de profonds changements structurels et durant laquelle de nombreuses icônes modernes vont apparaitre au travers de films, de musiques, de faits politiques, donnant naissance à des mouvements stylistiques que l’on retrouve encore aujourd’hui. Toujours dans la limite de nos compétences, listons en guise d’introduction, quelques dates clés des années 1950.

Quelques dates clés

  • Les gains de productivité augmentent de 5 % par an en moyenne de 1949 à 1963
  • 1950 : création du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti)
  • 1950 – 1954 : Maccarthysme (chasse aux sorcières)
  • 1952 : Elisabeth II devient la Reine du Rcoyaume-Uni
  • 1953 : lancement du magazine L’Express
  • 1956 : Instauration d’une troisième semaine de congés payés
  • 1958 : Fin de la IVe République le 4 octobre, la Ve République la remplace le lendemain. Charles de Gaulle devient Président de la République le 21 décembre
  • 1959 : Première apparition du personnage d’Astérix dans le journal “Pilote”

Personnages marquants

(1) Marlon Brando [1924-2004] : acteur et réalisateur américain, il est considéré comme le 4e plus grand acteur du cinéma par l’American Film Institute
(2) Frank Sinatra [1915-1998] : chanteur et acteur américain, il a vendu plus de 150 millions de disques à ce jour. En 1954, il reçoit son second Oscar pour le film Tant qu’il y aura des hommes
(3) Elvis Presley [1935-1977] : surnommé “The King”, son influence sur l’histoire de la musique est considérable. Il est l’artiste solo ayant vendu le plus de disque au monde avec près d’un milliard de disques écoulés.
(4) James Dean [1931-1955] : acteur américain, disparu à seulement 24 ans, son décès tragique a contribué à la naissance de son mythe. Fait unique, il a été nommé deux fois à l’Oscar du meilleur acteur à titre posthume
(5) Chuck Berry [1926-2017] : chanteur, guitariste, et compositeur américain. Le magazine Rolling Stone l’a classé 25e plus grand chanteur de tous le temps.
(6) John Wayne [1907-1979] : acteur, réalisateur et producteur américain, il a joué dans de nombreux films policiers, des films et comédies romantiques mais c’est surtout dans les films de western qu’il s’est distingué en en devenant un des symboles
(7) Tennessee Williams [1911-1983] : écrivain américain, en 1955, il obtient son second Prix Pultitzer pour La Chatte sur un toit brûlant
(8) Ernesto Guevara [1928-1967] : icone révolutionnaire, Le Che réalisa entre 1951 et 1952 son premier voyage a travers l’Amérique Latine où il découvrit la pauvreté de la population. Pour lui, ces inégalités ne pouvaient être abolies que par la révolution
(9) Brigitte Bardot  [1934-…] : actrice et chanteuse française, en 1956 Et Dieu… créa la femme fait d’elle un mythe et un sex-symbol. Elle se détourne du cinéma en 1973 pour se consacrer entièrement à la défense des animaux.
(10) Marilyn Monroe [1926-1962] : actrice et chanteuse américaine, elle devient grâce à son rôle dans le film Sept ans de réflexion, l’icône absolue du glamour hollywoodien, notamment dans la scène mythique où sa robe se soulève sur une grille de métro à New York.
(11) Grace Kelly [1929-1982] : devenue Princesse de Monaco en 1956, elle s’illustra au cinéma notamment pour Alfred Hitchcock en 1954 dans Fenêtre sur cour. Elle incarne selon une étude le modèle de beauté parfaite.
(12) Dalida [1933-1987] : chanteuse et actrice, elle a vendu plus de 125 millions de disques et est l’artiste féminine la plus récompensée en France. En 1956, elle sort Bambino qui deviendra son premier grand succès.

Sans oublier : Jayne Mansfield, Maria Callas, Ernest Hemingway, Fidel Castro, Charles de Gaulle, Jean Paul Sartre, Albert Camus, Louis Armstrong, Georges Brassens…

Cinéma

Durant la décennie, la crise Hollywoodienne s’installe, ceci du notamment à de plus en plus de programmes diffusés sur les télévisions américaines mais aussi au maccarthysme. Ainsi de 1950 à 1959, la production de film annuelle passe de 350 films à 200. Ce qui n’empêchera pas pour autant la création de plusieurs chef-d’oeuvre dont voici une sélection.

Films années 50 - 1

(1) Un tramway nommé Désir de Elia Kazan [1951] : adaptation sur grand écran de l’oeuvre de Tennessee Williams, 12 nomination aux Oscars, c’est ce film qui fit naître le sex-symbol, Marlon Brando
(2) Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly [1952] : considéré comme le meilleur film muscial du cinéma, Debbie Reynolds déclara que ce film “fut l’un des moments les plus éprouvants de son existence”
(3) Othello de Orson Welles  [1952] : adaptation de la tragédie de Shakespeare, le film a obtenu la Palme d’or à Cannes la même année
(4) 20000 lieux sous les mers de Richard Fleischer [1954] : il s’agit du premier “blockbuster” des studios Disney et un des premiers en prises de vues réelles
(5) Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille [1956] : le réalisateur avait réalisé une première version du film en 1923, mais décida de le refaire pour des raisons artistiques. Un pari réussi puisque le film fut 1er au box-office mondial cette année là.

Films années 50 - 2

(6) Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick [1957] : film antimilitariste, en raison de son sujet sensible et des nombreuses critiques émises dans le film, il ne fut diffusé en France qu’en 1975
(7) 12 hommes en colère de Sidney Lumet [1957] : multi-récompensé , le film est construit comme un huis-clos où la sensation d’étouffement est progressive et écrasante
(8) Sueurs Froides de Alfred Hitchcock [1958] : monument du suspense, Hitchcock réalisa plusieurs autres films marquants durant cette décennie dont L’inconnu du Nord-Express en 1952; L’homme qui en savait trop en 1956 et La mort aux trousses en 1959
(9) Les quatre cents coups de François Truffaut [1959] : Prix de la mise en scène à Cannes la même année, ce film marque les débuts de la Nouvelle Vague
(10) Ben-Hur de William Wyler [1959] : ce péplum épique remporta 11 Oscars et 4 Golden Globes, à noter que la mythique course de chars demanda 5 mois de préparation et près de 3 mois de tournage

Le style et la mode des années 50

Au cours de la 2nde Guerre Mondiale, la quasi-totalité des maisons de coutures parisiennes ont arrêté leur activité. Les années post-guerre vont voir la haute couture repartir en flèche. De nombreuses maisons naissent comme Balenciaga ou encore Carven. Mais c’est réellement Christian Dior qui marque l’époque, avec dès son premier défilé en 1947, l’invention du mouvement “New Look” redéfinissant la femme dans une conception plus moderne. C’est à travers ce qui pourrait paraître aujourd’hui comme un simple tailleur, le tailleur “Bar” dont la jupe laisse les jambes découvertes, la taille est cintrée, les épaules arrondies et la poitrine haute qu’il dessine ce que va être la femme du futur à l’aide de son premier tailleur, Pierre Cardin. Durant le reste de la décennie, il continuera son entreprise avec successivement la ligne H, la création de son premier parfum (c’est donc la première maison de couture à lancer son parfum) et l’arrivée de Yves Saint-Laurent à la création de sa maison qui aura un vif succès de 1955 à 1960 (ce dernier partira en 1960 pour créer sa propre maison). Beaucoup d’évolutions pour la femme donc, mais voyons ce qu’il en fut pour l’homme.

Une chose a vraiment prendre en compte est que la jeunesse a énormément compté dans la mode des années 1950. Si jusqu’à présent les tendances provenaient de maisons de couture et étaient réservées et suivies par les adultes, le gain en popularité du cinéma, de la télévision, de la musique et de leurs vedettes influa sur la jeunesse qui commença à essayer de copier le style de ses idoles. Alors que le pouvoir d’achat des jeunes s’accrut, l’industrie vestimentaire ne tarda pas à grandir, développement de la société de consommation oblige, et les gens en général commencèrent à prendre soin de leur manière d’apparaître aux yeux des autres.

Le mec Normal

Costume

Durant la guerre, les tailleurs devaient faire face à des restrictions draconiennes de tissu et réaliser leurs costumes de manière plus pragmatique, c’en était fini. Les vestes, toujours aux épaules rembourrées et inspirées de la “drape cut” furent alors retaillées dans des coupes plus amples, idem pour les pantalons que l’on portait avec un revers. Au-dessus, les hommes optaient généralement pour un manteau long comportant parfois des détails en velours et finissaient leur look par un chapeau melon ou un trilby. La drape cut perdura jusqu’à l’apparition des Teddy Boys, ce groupe culturel apparu en Angleterre dont le dresscode était un mélange du look de l’époque édouardienne (dont la veste “drape cut” était la pièce maîtresse, on le rappelle) et du look de gangster américain. Ils écoutaient du rock’n’roll, portaient des pantalons serrés, de belles chaussures bien polies, une cravate bolo et leur réputation ne tarda pas à se faire. Des gangs violents et racistes pour les plus extrêmes.

Les tailleurs de Savile Row, spécialistes en création de vestes “drape cut”, retirèrent alors toute l’inspiration édouardienne de leurs costumes car ils n’aimaient pas l’image à laquelle on commença à l’associer. Comme le début d’une nouvelle ère, les vestes prirent des formes plus contemporaines (notamment par du simple boutonnage) et commencèrent à ressembler à celle que nous portons aujourd’hui (plus courtes, épaules bien dessinées, cintrage, tissu plus léger) grâce à l’émergence des tailleurs italiens vers la fin des années 1950. Ce style tailleur “italien”, qui se diffuse dans les années 50 se caractérise par une coupe plus souple, des épaules moins structurées, une taille plus fluide; se démarquant du style anglais, aux épaules étroites, à la taille très marqués et à la coupe “structurée”.

Chaussures et accessoires

Chaussures

Dès l’après-guerre, les hommes désormais habitués aux ceintures des uniformes militaire, abandonnent peu à peu les bretelles, pour les tenues de loisirs, puis pour les costumes. Pour les chaussures, le mocassin “Weejun” de chez Bass, marque américaine qui avait déjà fait son apparition au cours de la décennie précédente et connu un certain succès atteint alors des sommets. Il se retrouve alors aux pieds de tous les hommes élégants de l’époque.

 

Chapeaux

Dans les années 50′, les hommes portent encore très largement le chapeau à la ville. Mais si la forme Homburg avait remplacé le Fedora des années 30 et 40, le trilby fait une grande percée. Il est toujours dérivé du fedora classique, mais ses bords sont moins larges. Ce n’est qu’à la fin de cette décade que les hommes le délaisseront pour rester les cheveux au vent.

Cravates

La cravate se fait plus fantaisiste, avec l’apparition des modèles à motifs figuratifs (qui ne sont pas toujours du meilleur goût). Elle prend une coupe plus fine qu’auparavant. La fin des années 1950 voit également l’arrivée de la cravate 7 plis en provenance d’Italie.

Détente

Pour ses moments de détente, le mec normal eut l’occasion de profiter de plus de temps libre, d’ailleurs, les années 50 voient l’apparition de la notion de tenue “casual”. L’homme abandonnait alors sa chemise pour un modèle plus “détente”, coupe cow-boy (en chambray, à carreaux), ou encore la chemise hawaïenne qu’il avait vu sur Elvis (oui, il adorait Elvis). Les pantalons restaient plus ou moins les mêmes que ceux qu’ils portaient pour aller au boulot, coupés plus large, mais toujours en laine. Les jeans par contre, étaient réservés aux activités “sportives” (comme le jardinage par exemple).

Plus de gilet, les hommes mettaient un petit cardigan en laine pour se tenir chaud. Le polo devint également plus populaire auprès des sportifs (notamment les golfeurs), on le portait avec une veste sport en tweed ou dans une teinte foncée.

Le style lycéen

Sur les campus de la côte Est des Etats-Unis, le style des universitaires, caractérisé par des couleurs sobres (marines, marrons, gris) pour des looks façon “fils à papa” (le fils du “mec normal” en somme), est appelé “Ivy league”, Ivy en anglais signifie “lierre”, on en retrouve sur les façades des universités de l’époque. Ce code vestimentaire est destiné aux étudiants des plus prestigieuses facs des Etats-Unis. A travers celui-ci, en mixant le style du début du 20ème siècle et d’autres pièces plus modernes, l’élite de la jeunesse du pays témoigne de son aisance intellectuelle, et malgré ce, de toute la décontraction qu’ils peuvent exprimer à travers leur manière de s’habiller tout en montrant leur attachement à une institution forte. Sales gosses de riches va !

Par des signes : écussons, blasons, lettres – les blousons, cardigans portant la varsity letter étaient destinés aux meilleurs sportifs universitaires – par des pièces et des matières clés. La veste est coupée à “l’américaine” : le “sack suit” qui déboule à fond en Europe avec sa taille peu marquée, ses épaules et un revers plus large, trois boutons, et souvent en flanelle. Autre option, le blazer : bien qu’il soit apparu de nombreuses années avant, il reste une pièce phare des étudiants de la Ivy league qui le portaient toujours avec un écusson.

D’autres caractéristiques vestimentaires : la flanelle, le seersucker, le polo, le cardigan et déjà la chemise en Oxford à col boutonné, qui pour ce pan de la jeunesse sont autant de marques de distinction. Une des plus illustres pièces reste le chino qui a connu son premier succès durant cette période. Bien qu’il existait déjà depuis 1840 (voir notre sujet sur Comment choisir un chino ?), il ne fut importé aux Etats-Unis que dans les années 30. Le chino fut alors prisé par les étudiants des universités américaines (il l’était déjà en Angleterre) qui l’associaient souvent à une veste sport et à leurs mocassins. D’autres types de chaussures faisaient également figure d’alternative : les bucks blanches, les saddle shoes étaient portées par certains hommes bien que la plupart du temps on les voyait aux pieds de femmes, puis les brogues (richelieu à bout fleuri) qui étaient déjà présentes auparavant restaient toujours dans l’ère du temps auprès de ce groupe social. En quelque sorte, le style de la Ivy League représente une avant-garde du style preppy (qui sera lui bien plus coloré). Toutefois, les tenues gagnent en couleur, contrastant avec la période d’austérité due à la guerre (Les jeunes hommes osent désormais porter du rose).

On note pour finir que de nombreuses ont acquis le début de leur notoriété à cette époque et sont aujourd’hui associée au style preppy de par leur histoire : Alden, Bass, Brooks Brothers, Gant… Pour approfondir le sujet, je vous invite à consulter l’excellent article de Milanese Special Selection

Le bad boy

La fureur de vivre (1953), L’équipée sauvage (1955), certainement les deux films les plus mythiques des années 50 qui ont totalement redéfinie la manière de s’habiller des hommes à travers l’image de leur tête d’affiche respective : James Dean et Marlon Brando. Peu de jeunes aspiraient à devenir des “bad boys” à cette époque. Cela changea amplement, fort du succès de ces deux films. Veste de motard en cuir (Perfecto Schott), t-shirt blanc, jeans (Levi’s) étaient réservés à ceux qui avaient des esprits rebelles, dont les Teddy boys qui adoptèrent aussitôt le pantalon du cow-boy traditionnel (ils en manquent pas une ceux-là). Aux pieds de tous les mouvements dérivés du “blouson noir” (Greasers, bikers, rockers qui formaient eux aussi des gangs parfois violents) : bottes de moto, ranger boots, creepers et même Converse. D’ailleurs, c’est à cette époque que l’on a commencé à porter des tennis hors des terrains de sport, dans des tenues casual.

Les beatnik

On appelle les beatnik ces personnes issues du mouvement littéraire initié par Jack Kerouac et ses amis vers la fin des années 40. Ecrivains, poetes, artistes en tous genres qui prônaient un mode vie libertaire et anti-conformiste. Leur look était composé de lunettes de soleil noires, béret, col roulé noir pour des tenues unies et sombres. Leurs pantalons étaient ajustés, leurs pulls épais et leurs chemises sorties du pantalon. Considérés comme des communistes, roulant leurs cigarettes eux mêmes et buvant du café, souvent afro-américains, on les rapprochera par la suite au jazz.

Les coiffures

Dans les années 50, si les hommes sérieux et respectables continuent de porter les cheveux courts avec la raie sur le côté, bien tenue en place avec du Pento, un vent de liberté commence à souffler sur la tête des jeunes gens. Ceux-ci commencent à les laisser pousser, se contentant de les ramener négligemment en arrière d’un coup de main, dans un geste de rébellion et de refus des règles établies. Peu à peu, la mèche prend du volume et on voit apparaître la fameuse banane, qui consiste à rouler cette mèche pour lui donner du volume sur l’avant, une coiffure popularisée par Elvis Presley qui en a fait une véritable signature.

La playlist

Comme durant toutes les époques, les années 50 ont été marquées par la musique, qui a elle même influencé la mode, certes moins que par le futur, mais on sent que c’est le début de quelque chose. A cette époque, Johnny Cash chante l’amérique, Brassens la France, chaque single d’Elvis finit au top des charts et Henry Salvador se marre déjà. Pour le reste, on vous laisse le découvrir en musique (et en bougeant les jambes svp !)

Merci à Damien, Joe et Traz

La mode des années 60

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